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La neutralité de la Chine dans le conflit ukrainien

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Alors que la situation en Ukraine se détériore, la Chine continue de rester neutre et demande une solution politique à la crise ukrainienne, via la médiation internationale.

Alors que la situation en Ukraine se détériore, la Chine continue de rester neutre et demande une solution politique à la crise ukrainienne, via la médiation internationale. La recherche d’un avantage ambigu ? Une non-prise de position stratégique ?

M. Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a déclaré que la Chine resterait neutre dans ce conflit. A la suite de ce message, la Chine s’est abstenue de voter lors du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le référendum en Crimée. Mais la nécessité d’une solution politique a été une fois de plus soulignée par le président Xi Jingpin lors d’un récent déplacement en Europe. La situation ukrainienne a été largement couverte par les médias officiels chinois, qui ont néanmoins traité le sujet avec beaucoup de précautions, évitant de saluer ou de porter un jugement sur l’annexion de la Crimée par la Russie.

Un signe de soutien ?

200404590Cette prise de position s’est avérée gagnante pour la Chine. En restant neutre, Pékin est parvenue à ne détériorer ses relations ni avec les Etats-Unis ni avec la Russie. Ces pays représentent tous deux d’importants partenaires pour la Chine. Et en ne soutenant directement aucune des deux parties, chacune a pu interpréter cette neutralité à son propre avantage. La Russie a vu dans l’abstention chinoise un signe de soutien, tandis que les Etats-Unis l’ont interprété comme un moyen d’isoler la Russie de la scène mondiale.

Dans le même temps, la Chine développe sa collaboration avec la Russie dans le secteur de l’énergie. L’un des résultats espérés de la visite du président Poutine dans l’Empire du Milieu au mois de mai est un accord concernant les ressources en gaz naturels russes pour la Chine. A l’aube d’une crise ukrainienne, les deux parties devraient assouplir leurs négociations. Les tensions croissantes en Ukraine poussent la Russie à chercher des alliés extérieurs à l’Europe. Cet accord majeur permettrait à la Chine d’accéder à des ressources naturelles relativement bon marché, mais aussi d’exploiter la croissance de son PIB et de se mettre dans la position avantageuse d’un fournisseur d’énergie en Asie.

Chine : une Russie d’Extrême-Orient

Il est intéressant de remarquer que la crise ukrainienne a indirectement entraîné une croissance de l’influence chinoise dans la région Asie-Pacifique. La stratégie américaine pour réduire l’influence de la Chine en Asie ainsi que « le pivot américain en Extrême-Orient » fait face à de nombreux défis depuis que le président Obama a échoué à trouver un accord avec la Malaisie et le Japon en ce qui concerne le Partenariat Trans-Pacifique. Par ailleurs, depuis que la communauté internationale n’est pas parvenue à arrêter l’annexion de la Crimée, les engagements de sécurité des Etats-Unis auprès des Philippines et du Japon sont remis en question.

Tandis que les médias internationaux se concentraient sur la Russie et le conflit ukrainien, la Chine continue d’étendre ses intérêts en Asie du Sud-Est. Le Vietnam et les Philippines dénoncent l’augmentation du nombre de vaisseaux militaires chinois dans les territoires disputés de la Mer de Chine méridionale. Une situation tendue d’autant plus que la Chine y a débuté des activités de forage non autorisées par les pays voisins. Enfin, la position chinoise dans le conflit des îles Senkaku reste inchangée, malgré l’accord américano-japonais sur le sujet.

Les médias occidentaux comparent la Chine avec une « Russie d’Extrême-Orient » et annoncent une rapide expansion de la Chine dans la région, la situation en Crimée ayant illustré le fait que les conflits internationaux peuvent désormais être résolus de manière quasi unilatérale. Mais malgré une angoisse croissante dans les pays voisins, il reste peu probable que la Chine monte sur ses grands chevaux.

La stratégie de Pékin consiste à rester neutre dans les conflits internationaux et à obtenir des profits à long terme plutôt que des acquisitions immédiates. Cela à une fois encore c’est encore illustré par la position chinoise vis-à-vis de la situation en Ukraine !