La Louve : le nouveau caractère du supermarché

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La Louve est un nouveau concept de supermarché autogéré qui a ouvert ses portes à Paris. Pour quelques heures de travail bénévole par mois, il est désormais possible de se procurer des produits frais et sains à des prix moins élevés que sur le marché.

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La Louve est un nouveau concept de supermarché autogéré qui a ouvert ses portes dans le 18ème arrondissement de Paris. À quelques pas de la Halle Saint Pierre et pour quelques heures de travail bénévole par mois, il est désormais possible de se procurer des produits frais et sains à des prix moins élevés que sur le marché.

Difficile de trouver des fromages de bonne qualité, frais et fabriqués par les meilleurs ouvriers de France à des prix bas. Souvent nichés dans le 16ème arrondissement de Paris ou les épiceries chics, les produits luxueux ne sont pas accessibles à tous les portefeuilles.

Pourtant, Tom Boothe et Brian Horihan, deux Américains qui aiment la « bonne bouffe » sont en train de changer la donne. Depuis 2010, ils imaginent La Louve, un supermarché à but non lucratif, sans actionnaire ni course au profit, qui permettrait de manger de bon produits à prix réduits.

Du bio, du rare et du bon à – 40%

En 2011, Tom Boothe et Brian Horihan ont ainsi crée deux organismes : un groupement d’achats rassemblant les membres de La Louve, et une association « Les amis de la Louve ». Fin 2013, les membres ont pu investir dans un local rue de la Goutte d’Or, dans le 18ème arrondissement de Paris. On y trouve du bio et des produits issus d’une agriculture responsable à des prix imbattables et on découvre des petits producteurs jusqu’ici insoupçonnés.

la louvePour l’instant, le local de La Louve est petit et son principe repose sur celui de la Park Slope Food Coop de Brooklyn à New York, dont elle est partenaire : les membres achètent 100 dollars (euros pour La Louve) de parts, qui leur permet d’acheter des produits de bonne qualité moins cher que dans le commerce. En échange, ces derniers doivent travailler bénévolement trois heures par mois sur l’un des postes prévus : comptabilité, ménage, caisse, réception des marchandises etc. Cette manière de faire permet de réduire les charges salariales à trois ou quatre postes à plein temps, ce qui permet de vendre à des prix défiant toute concurrence (de 20% à 40% moins élevés que dans le commerce).

Et cela fonctionne. Créée il y a quarante ans, la Park Slope Food Coop compte aujourd’hui 16 000 membres. À Paris, La Louve compte déjà 850 souscripteurs et 120 000 euros de capital, dont 80% de fonds propres. Près de 700 personnes ont adhéré sans campagne de promotion et plusieurs villes de province, comme Marseille, Toulouse, Montpellier, Rennes, Bordeaux ou encore Nancy, se sont déjà déclarées intéressées par le concept.

Succès garanti ?

Pour que La Louve puisse voir le jour, il a fallu capitaliser et une campagne de financement a été lancée sur la plateforme collaborative en ligne Kisskissbankbank. Résultat : plus de 42000 euros récoltés pour 32000 euros demandés. Pour une entreprise à but non lucratif, le plus difficile reste maintenant de savoir quoi faire des bénéfices.

D’après les études réalisées aux États-Unis reposant sur le calcul du profit au pied carré (square foot), les profits des supermarchés bios haut de gamme tels que Whole Foods ou Traders’ Joe, varient de 700 à 1500 dollars par pied carré quand la Park Slope Coop atteint 3000 dollars de profit par pied carré ! Le succès est donc en bon chemin pour Tom Boothe et Brian Horihan, pour qui il suffira de baisser le prix des denrées disponibles si La Louve atteint ce chiffre.

Grâce à l’engouement qu’elle suscite, La Louve devrait déménager dans le quartier en juin 2015 pour habiter un espace de 1450 m2 sur deux niveaux près de la station de métro Marcadet Poissonnier. Un tiers de la superficie servira à la vente, un autre au stockage des produits et le reste à l’accueil des membres de la coopérative et à l’organisation d’animations.