Airbus à la conquête de l’Ouest

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Le géant européen de l’aéronautique Airbus a décidé d’innover encore une fois et lance un pôle de développement technologique aux États-Unis, dans le même quartier que Google, Facebook, Twitter et les grands de l’industrie High-Tech de la Silicon Valley.

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Airbus aussi veut profiter de la révolution numérique. Un an après un voyage en Californie, durant lequel l’équipe de direction du groupe a rendu visite aux grandes entreprises high-tech américaines, le géant européen de l’aéronautique a décidé de s’y implanter.

Pour ce faire, le groupe a lancé un fonds de capital-risque de 150 millions d’euros en mai dernier, d’ores et déjà placé sous la direction de Tim Dombrowski, 54 ans, spécialisé dans les stratégies technologiques et leur adaptation à un environnement de méga-entreprise.

Ce fonds permet, entre autre, de financer « l’Airbus Group Silicon Valley Business Innovation Center », destiné à renforcer les capacités et le savoir-faire d’Airbus en termes de nouvelles technologies. Ce pôle d’innovations technologiques est dirigé par Paul Eremenko, 35 ans, un ancien dirigeant de Google et chercheur en aéronautique.

Objectif pour Airbus : construire des avions à moindre coût

En juin, Airbus a également présenté son usine du futur au public dans laquelle des robots, des humains et des cobots (robots collaboratifs) uniront leurs forces pour construire des avions à moindre coût. Dans cette usine futuriste qui devrait être fonctionnelle en 2025 sur les chaînes de production, les employés travailleront avec des systèmes automatisés et digitaux.

L’avionneur voit également l’intégration de fibre optique dans les avions et toute une logistique au sol automatisée afin de permettre une meilleure gestion du temps mais également des outils plus intelligents afin de simplifier l’assemblage qui se fera alors au laser et utilisation de la réalité augmentée. C’est une grande première en la matière.

Les drones : objet de discorde ?

Selon la direction d’Airbus, il est temps de travailler en étroite collaborations avec les entreprises de haute technologies qui, progrès oblige, se sont déjà lancées sur le terrain du développement des drones, empiétant sur le secteur d’activités de l’aéronautique. Le constructeur européen souhaite rattraper son retard en la matière et compte sur son centre californien pour l’aider, notamment, à mieux équiper les hélicoptères d’Eurocopter.

Le 17 juin dernier lors du Salon 2015 du Bourget, Airbus a annoncé le début de la phase de conception de l’hélicoptère X6 à destination des industries du gaz et du pétrole. Ce dernier devrait être lancé sur le marché d’ici 2022. Il pourra accueillir jusqu’à 19 passagers et, encore une première, effectuer son vol avec des commandes électriques pilotées depuis une console. Il s’agit ici du premier hélicoptère aux allures de drone.

Un drone électrique Boeing pouvant voler non-stop

Boeing, le concurrent américain direct d’Airbus, vient en effet de placer la barre haute en termes de développement de technologie de drone. L’avionneur américain vient de faire breveter un drone électrique pouvant voler à tout jamais. Un système de recharge automatisée au sol permettrait à la machine de se connecter à sa source d’énergie au sol par un câble. Un concept jugé des plus utiles dans les expériences sur le long-terme. Le manque d’autonomie des drones était l’un des plus gros obstacles à leur utilisation au quotidien. Airbus va donc devoir redoubler de créativité dans le domaine.

Basé à Toulouse depuis quarante ans, Airbus a imposé son image d’innovation au monde entier avec son A 300 dont le premier vol dans le ciel toulousain a eu lieu en 1972. Ce gros porteur à deux moteurs a su innover grâce à la coopération franco-allemande, privilégiant les compétences et non les nationalités. L’A 300 était déjà révolutionnaire à l’époque car il s’agissait de construire le premier porteur moyen-courrier avec double couloir, huit sièges de front et un plancher relevé pour que la soute puisse accueillir deux conteneurs standards.

Se lancer à la conquête des marchés chinois et indien

Inventivité, souplesse et rigueur sont donc les forces d’Airbus. Ainsi, le groupe représente aujourd’hui l’exemple du succès de l’industrie européenne. En 2014, son chiffre d’affaires s’élevait à 60,7 milliards d’euros. Le groupe emploie également 54 000 personnes en France, ce qui représente un peu plus d’un tiers de l’entreprise. En plus de son implantation aux États-Unis, Airbus a aussi l’ambition de se lancer à la conquête des marchés chinois et indien. Aujourd’hui, un Airbus décolle ou atterrit dans le monde toutes les 3,5 secondes.

De son côté, Boeing, le concurrent outre-Atlantique d’Airbus, a déclaré vouloir rapprocher ses produits de ceux d’Apple. La concurrence des cieux a donc encore de beaux jours devant elle.