Kat Borlongan : une stratège et innovatrice sociale à la tête de la French Tech

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La nomination de la jeune femme devrait apporter un regard neuf au sein d’un écosystème de plus en plus discuté, la French Tech.

Une femme devrait succéder à David Monteau à la direction de la mission French Tech. Kat Borlongan est fortement pressentie pour prendre la tête de l’écosystème des start-up françaises. Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargée du Numérique, devrait confirmer la nomination de l’entrepreneure durant la seconde quinzaine du mois de mai. La désignation probable de la spécialiste du conseil en stratégie est une petite surprise alors que beaucoup s’attendaient à un profil tech issu d’une promotion en interne.

Diplômée de l‘Institut d’études politiques de Bordeaux et de l’université Mc Gill de Montréal, Kat Borlongan a un profil plutôt atypique pour l’écosystème des start-up. Au début de sa carrière, elle occupe tour à tour les fonctions de directrice pays chez Reporters sans frontières puis de consultante en communication pour l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). La jeune femme ne rejoint le monde des nouvelles technologies qu’en 2012 en organisant le Startup Weekend de Paris.

Une spécialiste de l’open data

En 2013, Kat Borlongan intègre la mission Etalab. Elle y conseille le gouvernement français sur le partage de ses données publiques. En 2013, elle prend la direction du bureau parisien de l’Open Data Institute, une fondation visant à promouvoir les données ouvertes. En parallèle, et à partir de 2014, elle travaille pour Google en tant qu’experte en stratégie produit, devenant un des premiers profils non techniques embauchés pour cette fonction par la firme de Menlo Park.

En 2013, Kat Borlongan cofonde avec Chloé Bonnet « Five by Five », une agence spécialisée dans l’innovation. Elles accompagnent les start-up dans leur croissance et les entreprises et les organisations dans leur transformation numérique. Elle dirige ces dernières vers des partenariats avec des start-up et encourage au recours à l’open data et aux interfaces de programmation applicative (API). L’agence privilégie une approche pratique en partant des usages des utilisateurs avant de parler de technologies avec ses clients.

Entre technologies et innovation sociale

Kat Borlongan est à la croisée des technologies et de l’innovation sociale. Originaire des Philippines, la jeune femme a lancé « Developers vs.Typhoon Haiyan » pour venir aide à l’archipel touché par un cyclone en 2013. Par ailleurs, elle est porteuse de projets contre les inégalités sociales. La société Five by Five s’est associée avec la Mairie de Paris pour lancer le « Resilient Paris Innovation Fellowship », afin par exemple d’imaginer des solutions face aux dangers climatiques ou à l’exclusion.

L’accroissement de la visibilité des femmes dans le monde des start-up est un autre sujet d’engagement pour Kat Borlongan. Celui-ci s’est notamment manifesté au travers d’une lettre envoyée à Eva, une jeune fille de 10 ans. Celle-ci souhaitait rendre les rues de Paris, trop tristes à son goût, plus joyeuse grâce à un robot. L’entrepreneuse avait alors répondu à la fillette ; « J’espère que ton travail en robotique encouragera plus de filles à travers le monde ».

Une nomination accueillie avec réserves

Toutefois, la nomination de Kat Borlongan est loin de faire l’unanimité, malgré le parcours remarquable et les qualités humaines de la jeune femme. Les plus sceptiques ont émis des réserves quant à un profil manquant d’un côté business et éloigné du monde de l’innovation pourtant au cœur de l’ADN de la French Tech. Néanmoins, Kat Borlongan connaît bien cet écosystème car elle y opère notamment au travers des programmes French Tech Ticket et Techstars.

Kat Borlongan devrait prendre la direction d’une French Tech de plus en plus décriée et émoussée par l’échec de Giroptic. L’environnement français des start-up, qui peine à faire émerger des licornes, est confronté à des problèmes de soutenabilités mais aussi à des enjeux sociétaux, notamment face à son manque de diversité. La nomination de cette femme d’origine philippine, experte en stratégie et dotée d’une vision éthique marquerait le début d’un renouveau nécessaire.