Les plates-formes collaboratives utilisées par moins d’un cinquième des Européens

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Décryptages des résultats de la dernière enquête de l’Eurobaromètre portant sur l’utilisation des plates-formes collaboratives en Europe.

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Réalisée en mars 2016, la dernière enquête de l’Eurobaromètre concernant l’utilisation des plates-formes collaboratives révèle que près de la moitié des Européens des 28 États membres ont déjà entendu parler de ces plates-formes mais encore peu les utilisent régulièrement. Réalisée à la demande de la Commission européenne, l’étude Flash Eurobaromètre 438 fait le point sur l’utilisation de ces plates-formes numériques qui permettent d’échanger en ligne des biens et des services en ligne alors que ce type de transactions a fortement augmenté ces dernières années[1].

L’utilisation des plateformes collaboratives reste minoritaire

Dans le cadre du développement de l’économie collaborative et des potentiels bénéfices qui peuvent en résulter pour le marché unique européen, la Commission européenne a entamé en septembre 2015 un vaste processus de consultation des acteurs des plates-formes collaboratives. Elle a mandaté l’institut TNS Political & Social pour interroger les citoyens européens concernant leur utilisation et perception de ces outils. L’enquête a été réalisée les 15 et 16 mars 2016 auprès de 14.050 citoyens de l’Union européenne, selon un panel représentatif de la population des 28 États membres.

L’étude révèle que si plus de la moitié des répondants ont déjà entendu parler des plates-formes collaboratives (52 %), seulement 17 % d’entre eux s’en sont déjà servis. Et parmi ces utilisateurs, la majorité ne s’en sert qu’occasionnellement (9 %) et seulement une minorité en a un usage régulier (4 %) ou a déjà payé pour obtenir un bien ou un service (4 %). Les plus grands utilisateurs des plates-formes collaboratives sont les résidents français (36 %), irlandais (35 %) et les Lettons et Croates qui arrivent à égalité en troisième position (24%). En fin de liste se trouvent les Chypriotes, les Maltais et les Tchèques.

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L’utilisation des plates-formes collaboratives est plus présente parmi les citoyens les plus jeunes et les plus diplômés de l’Union européenne. Presque deux tiers des 15-39 ans qui ont terminé leurs études entre 16 ans et plus de 20 ans utilisent ces outils (63 %), même si la part des utilisateurs réguliers reste limitée (6 %).

Parmi les utilisateurs des plates-formes collaboratives, environ un tiers a déjà proposé des services sur ces interfaces (32 %). Les prestataires de service réguliers sont minoritaires (5 %), la plupart proposent des services de manière occasionnelle et ponctuelle (27 %).

Il existe donc une réelle disparité au sein de l’Union européenne entre les États où plus d’un tiers de la population se sert des outils numériques et ceux où seule une partie infime de la population en a l’usage. Et les utilisateurs ainsi que les prestataires de service réguliers représentent seulement une minorité des citoyens européens à l’heure actuelle.

Avantages et limites des plates-formes collaboratives

Outre l’utilisation des plates-formes collaboratives, l’étude de l’Eurobaromètre s’intéresse également aux perceptions des citoyens européens quant aux avantages et inconvénients de ces interfaces.

Une proportion importante des citoyens européens ayant fait l’usage de ces outils considère que l’accès aux biens et services est facilité par les plates-formes collaboratives et qu’il est mieux organisé par rapport aux échanges commerciaux des biens et services classiques (41 %). C’est l’avantage premier de ces outils numériques pour 19 Etats membres (de 62 % pour les utilisateurs irlandais à 32 % des répondants portugais).

Le deuxième atout de ces plates-formes réside dans le coût des biens et services proposés : il est en général inférieur à celui des circuits commerciaux classiques (33 %). Les Tchèques (53 %), les Luxembourgeois (48 %) et les Français (40 %) sont particulièrement sensibles à cet aspect. De plus, les plates-formes collaboratives permettent d’échanger des biens et des services sans débourser d’argent (25 %) ce qui est particulièrement important pour les Chypriotes (44 %) et les Néerlandais (39 %). Enfin, elles proposent des services nouveaux ou différents par rapport au commerce traditionnel (24 %) ce qui séduit surtout les espagnols (33 %).

Un manque de transparence pénalisant

Concernant les aspects négatifs des plates-formes collaboratives, les réticences sont essentiellement suscitées par le manque de transparence et le manque de confiance des utilisateurs. Une grande partie des utilisateurs s’inquiète du fait de ne pas savoir qui est responsable en cas de problème (41 %). Cette problématique arrive en tête pour 18 pays, notamment en Autriche (53 %), en Finlande (53 %) et en Espagne (48 %).

Plus de la moitié des utilisateurs n’ont également pas confiance dans les transactions en ligne que ce soit dans les transactions internet de manière générale (28 %) ou parce qu’ils se méfient du vendeur ou du prestataire de service (27 %). Le manque de confiance dans les transactions internet est particulièrement présent au Portugal (45 %), en Grèce et en Hongrie et celui dans les fournisseurs des biens et services en Slovénie (35 %) et à Malte (29 %). Enfin, plus d’un quart des utilisateurs ont également été déçus par les biens et les services fournis notamment en Lettonie et en Bulgarie et une partie non négligeable s’est plainte du manque d’information concernant le service ou le bien offert (17 %).

Les plates-formes collaboratives ne séduisent donc pas encore la majorité des Européens, mais la prévalence de leur utilisation parmi les jeunes actifs suggère que l’économie collaborative en ligne jouit d’un fort potentiel de croissance pour les prochaines années. Si l’aspect innovant des échanges en ligne et leurs prix réduits par rapport aux circuits commerciaux traditionnels plaisent aux utilisateurs, les gestionnaires des plates-formes doivent s’efforcer de rassurer les utilisateurs et leur fournir plus d’information pour gagner des parts de marché.

[1] En 2015, 53 % des citoyens de l’Union européenne ont acheté des biens ou des services en ligne. Accès à l’intégralité du rapport, en anglais