Catherine Guillouard, une experte de l’aérien aux commandes de la RATP
Présidente-Directrice Générale
52 ansSpécialiste du transport aérien, Catherine Guillouard a été nommée, mardi 11 juillet, administratrice de la RATP par décret ministériel et devrait en devenir la P-DG, et ainsi succéder à Elisabeth Borne devenue ministre des Transports du gouvernement d’Édouard Philippe. Proposée par Emmanuel Macron, cette énarque de 52 ans devra entre autres préparer l’entreprise à l’arrivée de la concurrence qui débutera en 2025, avec la fin de son monopole sur les réseaux de bus.
Une procédure complexe de nomination du nouveau P-DG de la RATP
Elisabeth Borne a dirigé pendant deux ans la RATP avant de rejoindre en mai dernier le nouveau gouvernement en prenant la tête du ministère des Transports. En attendant la désignation du nouveau P-DG, Marie-Anne Bacot, membre du conseil d’administration de la RATP, a assuré l’intérim du groupe public. En effet, les textes de la RATP prévoient une procédure complexe pour désigner un nouveau P-DG. Cette nomination passe tout d’abord par la proposition, par le président de la République, d’un nouveau membre du conseil d’administration de la RATP comme représentant de l’Etat.
Par la suite, le conseil d’administration de l’entreprise se réunit en séance exceptionnelle pour proposer formellement un nouvel administrateur comme P-DG de la RATP au gouvernement. Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat sont alors saisis de cette proposition, afin que la commission concernée par les deux assemblées se prononce. Une fois l’avis favorable délivré par les deux commissions, la nomination est confirmée en Conseil des ministres, et le Chef de l’Etat procède à la nomination du nouveau P-DG.
Catherine Guillouard ne faisait pas figure de favorite pour diriger la RATP. En effet, deux autres personnalités étaient pressenties par la presse spécialisée : Sandra Lagumina, ex-directrice générale d’Engie et présidente du conseil d’administration du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, et Bruno Angles, président de Crédit suisse pour la France et la Belgique et administrateur de la RATP. Lors des entretiens avec l’Agence des participations de l’Etat (APE) et le ministère des Transports, Catherine Guillouard, ancienne compétitrice internationale de ski alpin, a finalement su convaincre par son énergie et sa connaissance pointue des dossiers.
Aucune expérience dans les transports terrestres
Sortie de l’ENA en 1993, Catherine Guillouard débute sa carrière à la direction du Trésor avant de passer ensuite dans le monde de l’entreprise. Tout d’abord dix ans chez Air France (1997 à 2007) où elle occupe plusieurs postes à responsabilités : directrice déléguée aux opérations aériennes, déléguée générale ressources humaines et changement et enfin directrice des affaires financières. De 2007 à 2013, elle quitte le transport aérien pour occuper de nouveau les fonctions de directrice financière mais chez l’opérateur de satellites de communications Eutelsat.
En 2013, elle rejoint le distributeur de matériel électrique Rexel, d’abord comme directrice financière, puis comme directeur général délégué de 2014 à février 2017, date à laquelle elle quitte l’entreprise pour « divergence de vues sur la mise en œuvre de la nouvelle orientation stratégique ».
Objectif : préparer l’entreprise à l’arrivée de la concurrence
Les défis qui attendent Catherine Guillouard sont nombreux, pour cela elle pourra s’appuyer sur « Défis 2025 », le plan stratégique mis en place en 2015 par Elisabeth Borne alors qu’elle venait d’être nommée à la tête de la RATP. Ce plan définit dix chantiers prioritaires de la sécurité ferroviaire à la transformation numérique en passant par le développement international.
Catherine Guillouard aura à relever un défi majeur : celui de préparer la RATP à l’arrivée de la concurrence sur les lignes existantes, en 2025 pour les bus, en 2030 pour les tramways et en 2039 pour le métro et le RER.
L’inexpérience de la future P-DG dans le transport public et dans les relations sociales ne manque pas d’inquiéter les syndicats de l’entreprise. En effet, l’arrivée de la concurrence suscite de nombreuses incertitudes chez les employés qui craignent que la RATP fasse partie de la vague de cessions de participations annoncée par l’Etat dans un certain nombre d’entreprises publiques. Toutefois, des voix se sont élevées pour rassurer les sceptiques quant aux capacités de Catherine Guillouard à dialoguer avec les syndicats, rappelant qu’elle avait présidé à Air France le comité d’entreprise des personnels navigants avant de devenir numéro deux des ressources humaines de la compagnie.