Olivier Mathiot
coprésident de France Digitale
42 ansNommé en octobre dernier coprésident, aux côtés de Marie Ekeland, de l’association France Digitale, Olivier Mathiot va devoir défendre et promouvoir les intérêts des e-entrepreneurs français. Comment va-t-il s’y prendre pour appuyer les acteurs d’une économie numérique en plein devenir, mais aussi en plein doute ?
Diplômé d’HEC, publicitaire jusqu’en 2000, chroniqueur pour le Journal du Net Olivier Mathiot, ce « Pigeon », pour faire référence au mouvement de fronde dont il était l’un des porte-parole, a été l’un des co-fondateurs du site PriceMinister, en 2001. Une réussite indéniable, puisque le site d’e-commerce totalise 6,81 millions de visiteurs uniques par mois au troisième trimestre 2013.
Mais le chemin de ce quadragénaire ne se résume pas à l’aventure PriceMinister. Signant, en septembre dernier, un ouvrage intitulé « La Gauche a mal à son entreprise» , Olivier Mathiot analyse la situation et en tire un constat amer. Car si l’auteur se déclare de Gauche, il ne mâche pourtant pas ses mots vis-à-vis de la politique actuelle : « Sortir de la Crise par l’économie numérique c’est possible. Encore faut-il faire en sorte que les Pigeons ne soient pas les seuls à y croire ».
Le gouvernement avance, puis recule
En effet, comment un secteur dont le chiffre d’affaire est en très forte croissance, et dont le recrutement a augmenté de 25% en deux ans, peut-il sembler à ce point boudé par le gouvernement ? Fin octobre, dressant un bilan des Assises de l’Entrepreneuriat d’avril dernier, Olivier Mathiot déclarait : « Le gouvernement avance, puis recule, avec une majorité présidentielle très compliquée…». Et de rajouter : « On compte quinze mesures prises, sur les quarante-quatre proposées ».
Car il y a urgence. Faire de la France un terrain fertile pour le développement des startups, et faire reconnaître à sa juste valeur le potentiel et l’intérêt de l’e-secteur ne sera pas une mission facile.
Créer et identifier les champions du digital de demain
Constatant l’incapacité de l’économie française à dynamiser et mettre en valeur ce secteur prépondérant, 35 investisseurs et entrepreneurs décident, en juillet 2012, de fonder l’association France Digitale. Regroupant startups et investisseurs, le but est « que l’entrepreneuriat numérique devienne un des moteurs principaux de l’économie française et que son potentiel soit reconnu. »
Devenue un acteur majeur de la scène entrepreneuriale, l’association compte se faire entendre en développant son écosystème et en pesant de tout son poids sur des institutions parfois bien frileuses. Et récemment, les sujets de discorde n’ont pas manqué : loi de Finances 2013 jugée contre-productive, taxation des plus-values, crainte d’un assèchement des capitaux, climat d’incertitude persistant…
Vers une Silicon Valley à la française ?
Olivier Mathiot y croit. Cependant, le travail de lobbying auprès des politiques devra être intense pour faire reconnaitre l’importance de l’enjeu. Le retard de la France, dans ce domaine, se creuse face aux autres pays.
Mais l’action de France Digitale n’est pas uniquement politique : il s’agit avant tout d’aider les startupers et les investisseurs. Tout récemment, un partenariat a été passé avec Google : le groupe de Mountain View aidera les jeunes startups en prenant en charge pour moitié les frais d’adhésion à l’association.
A travers ses chroniques, ses prises de parole, et sa reconnaissance dans le milieu de l’entrepreneuriat, nul doute qu’Olivier Mathiot va faire entendre sa voix. Ce Business Angel connait son métier – et sera donc bien placé pour compléter l’équipe d’une association devenue incontournable. Mais cela sera-t-il suffisant pour faire bouger les lignes et donner l’impulsion tant nécessaire à l’épanouissement du secteur digital en France ? Faire de l’entrepreneuriat numérique un pilier de l’économie française sera le nouveau défi de ces prochaines années. Le travail est énorme, les enjeux colossaux et l’urgence totale.