LG : Jo Seong-Jin pour oublier un mauvais cru 2016

Le géant sud-coréen LG s’est nommé un nouveau patron afin d’oublier le mauvais bilan annuel du groupe, particulièrement touché par le ralentissement économique mondial. Le nouvel homme fort du puissant chaebol, troisième conglomérat industriel du pays, s’appelle Jo Seong-Jin. Il va quitter son poste de directeur du département domotique et air conditionné pour devenir le nouveau P-DG, avec pour mission principale de redresser la division téléphonie du groupe, à la traîne depuis 2014 à la suite de plusieurs échecs.

Un remplacement qui intervient en période difficile

LG Group a annoncé son choix à l’occasion du remaniement annuel de sa direction, au début du mois de décembre, avec l’objectif avoué de se focaliser davantage sur la simplification du processus de prise de décision, afin de faire face plus précisément au ralentissement économique mondial, qui touche particulièrement les ventes de téléphones.
Car malgré la mise sur le marché de produits innovants (écrans incurvés, châssis modulables, double écran en façade), la marque chute incontestablement dans les classements mondiaux. L’année 2016 n’a pas été bonne : chiffre d’affaires en berne, marge d’exploitation négative, pertes nettes qui augmentent. De plus, LG Electronics connait de vraies difficultés à se positionner sur le marché ultra-concurrentiel des smartphones haut de gamme, à l’instar du V20, dont la vente est limitée à quelques pays seulement, en Asie et en Amérique du Nord.

Une décision logique de rupture s’impose

LG Electronics s’est donc choisi un nouvel homme fort pour redynamiser un groupe en perte de vitesse. L’homme de 60 ans, qui a fait toute sa carrière, longue de 40 ans, au sein du chaebol, présente la particularité de ne pas avoir décroché de diplôme d’enseignement supérieur. C’est la première fois qu’un non diplômé de l’enseignement supérieur devient vice-président de LG Group.

Jo Seong-Jin était jusqu’à présent le directeur de la branche domotique et air conditionné, une division qui a engrangé de bons résultats, tirant le chiffre d’affaire du groupe vers le haut. Des résultats remarqués alors que le groupe affronte une période moins faste, surtout en ce qui concerne le département téléphonie mobile du géant, second sur le marché national derrière Samsung, mais néanmoins un poids lourd du marché mondial. Au-delà de ses bons résultats, Jo Seong-Jin fait également partie du trio à la tête du groupe, jusqu’ici.

Le triumvirat à la tête du groupe est désormais éclaté

A l’instar de Samsung, LG était jusqu’à présent présidé par trois vice-présidents directeurs : Jo Seong-Jin, Cho Juno, et David Jung, le directeur financier du groupe. Il n’y en aura désormais plus qu’un seul. Cho Juno, le responsable de la division LG Mobile, garde son poste, mais perd son titre de vice-président du groupe. D’aucuns interprètent cette décision comme une sanction liée aux résultats mitigés accumulés depuis son arrivée en 2014 à la tête de ce département clé.

Certaines rumeurs laissent entendre que Cho Juno perdrait également son poste de directeur de la mobilité, bien que cette suspension pourrait s’avérer seulement temporaire, le groupe souhaitant une transition en douceur. D’autant que Jo Seong-Jin aura à cœur de continuer de travailler avec des dirigeants de confiance, et que le nouveau P-DG voudra certainement éviter que Cho Juno ne cherche à l’isoler dans son nouveau rôle.

Repenser la stratégie et reconsolider la base

Si d’autres annonces sont à prévoir, LG a déjà promu ou réaffecté une cinquantaine de directeurs dans le cadre de ce remaniement massif. En attendant, Jo Seong-Jin va devoir s’employer pour repositionner LG Mobile sur le marché de la téléphonie, au moins en Corée, et ailleurs dans le monde. Un vaste chantier qui commence par la redéfinition du secteur haut de gamme, après le semi-échec du V20.

Reste à définir quelle sera la stratégie du nouveau P-DG pour relancer une entreprise en plein doute, dans un domaine qui n’est pas à la fête au niveau mondial. Samsung a aussi connu une année très difficile, avec son lot d’anecdotes traumatisantes de smartphones ayant pris feu, dans un pays tout entier plongé dans la crise. La présidente Park Geun-Hye est actuellement au centre d’une procédure de destitution à la suite d’un scandale immobilier et financier sans précédent ayant conduit des millions de Sud-Coréens à manifester. Le sud de la péninsule a assurément connu des matins plus calmes.