Le Brésil vient de subir sa plus grande déroute de l’histoire du football. Sur fond de crise économique et de morosité ambiante, le Brésil va vite devoir digérer le Mondial afin de se préparer au mieux aux Jeux Olympiques 2016, et surtout, redresser la barre sur le plan économique.
L’après Coupe du Monde
Alors que l’entraîneur de l’équipe de football du Brésil vient d’être officiellement congédié et que les supporters brésiliens peinent à se remettre de la plus grande déroute de l’histoire que leur a infligée leur équipe lors de la demi-finale contre l’Allemagne, les Brésiliens vont devoir faire fi de leurs griefs contre la Seleçao et digérer leur quatrième place de ce Mondial à domicile. En effet, après la fête et la déroute vient le dur retour à la réalité. La facture totale de l’organisation de la Coupe du Monde s’élève à 11 milliards d’euros. Certes, les aéroports ont été améliorés, mais la construction de douze stades suscite des critiques car on estime que huit stades auraient suffi à accueillir les matches. L’heure du bilan a sonné.
L’économie brésilienne en berne
La Coupe du Monde a coûté cher au Brésil, ce qui rajoute désormais à la frustration autour de ce Mondial qui n’aura pas été à la hauteur des attentes des Brésiliens. La construction de stades et d’infrastructures en général a engendré des investissements faramineux qui, en terme de productivité, n’auront pas l’impact positif escompté à long terme sur l’économie. Certes, les retombées du Mondial sur le tourisme ne sont pas négligeables mais elles restent limitées sur le court terme, et la Coupe du Monde ne suffira pas à redessiner l’économie brésilienne, comme l’espéraient certains analystes il y a encore quelques mois.
Pendant les préparatifs de la Coupe du Monde, les Brésiliens s’insurgeaient déjà contre les déficiences du pays en matière de santé, d’éducation et de transport public. Après leur âpre défaite, les critiques se font plus virulentes encore.
Une croissance qui flanche et une inflation galopante
La prévision de croissance pour 2014 a été revue à la baisse par la Banque centrale (1,6 %, contre 2 % prévus antérieurement). Ce taux de croissance est insuffisant à l’échelle d’un pays émergent. L’institut monétaire a réalisé une enquête auprès de cent économistes, lesquels prévoient seulement un taux de croissance de 1,1 % pour 2014. Le PIB a progressé seulement de 0,2 % au premier trimestre 2014, et la production industrielle est au plus bas.
Dernièrement, la hausse des prix à la consommation a atteint un pic de + 6 %. Les ménages, qui sont déjà fortement endettés, doivent consacrer plus d’un quart de leurs revenus au paiement de la dette. Certes, les ventes d’écrans plats ont été dopées par le Mondial, mais elles ne suffiront pas à booster les ventes de détail.
L’inflation devrait connaître un pic de 6,4 % en 2014, et ce, malgré les interventions régulières de la banque centrale. Le taux d’investissement pour 2014 est estimé à 18 % – trop peu, par rapport à celui de la Chine, estimé à 40 %.
Le défi de l’avant JO
Les réformes instaurées par la présidente Dilma Roussef sont largement mises en cause, et les économistes estiment qu’elles ne sont pas favorables aux investisseurs. Pendant la présidence actuelle, le déficit public s’est creusé à 3,8 % du PIB. Dilma Roussef, qui brigue un second mandat de quatre ans, accuse une nette baisse de popularité dans les sondages.
Les Brésiliens vont devoir mener de front un redressement de la barre au niveau économique, et une préparation efficace des Jeux Olympiques 2016. Les dépenses pour les installations olympiques et l’amélioration de la mobilité urbaine risquent de peser sur l’économie si le gouvernement ne gère pas la situation de manière optimale.
Malgré son fort potentiel sur les matières premières notamment, le Brésil, pays émergent, est à la traîne. Des réformes structurelles devront être engagées afin de favoriser un rebond de la croissance. Au Brésil, on murmure qu’un changement de dirigeant en octobre prochain pourrait être positif pour l’économie brésilienne.