Pour la première fois dans son histoire, l’Union européenne s’apprête à perdre un de ses membres : le Royaume-Uni qui, après 43 ans d’adhésion, a voté à 51,9 % en faveur du « Leave ». Même si toutes les conséquences de ce départ ne sont pas encore connues, certaines ont été instantanées et d’autres sont à prévoir.
Des répercussions immédiates sur les marchés financiers
Les résultats du vote britannique ont été immédiats sur les marchés financiers où le Brexit a provoqué une forte chute. La monnaie britannique, la livre sterling, est la première victime de ce séisme boursier plongeant à son niveau le plus bas depuis 1985. L’onde de choc s’est répandue sur l’ensemble des places boursières mondiales dont aucune n’a pu résister face à la déferlante du Brexit britannique. La chute des valeurs financières des indices boursiers a ensuite entrainé dans son sillage celle des banques.
La City, première place financière mondiale, devrait être touchée de plein fouet par le Brexit. En effet, la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni aura pour conséquence immédiate de la priver d’un accès aux marchés européens de la zone euro. Les grandes banques britanniques (Barclays, HSBC) et américaines (JP Morgan, Goldman Sachs) seront alors contraintes de délocaliser une partie de leurs activités et de leurs équipes vers d’autres places financières plus stables telles que Francfort ou Paris.
Une perte de 4 milliards d’euros d’aides pour l’agriculture
Les subventions européennes représentent de 20 % à 40 % du revenu total des agriculteurs anglais, soit 4 milliards d’euros distribués chaque année et la survie de 10.000 exploitations serait menacée. De plus, la main-d’œuvre des exploitations anglaises, provenant majoritairement d’Europe de l’Est, sera plus difficile à recruter avec le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne.
L’impact du Brexit pour les compagnies aériennes britanniques
En quittant l’Union européenne, le Royaume-Uni quitte a priori le marché unique du transport aérien européen. Cela implique pour les compagnies britanniques la fin de la possibilité de s’implanter et de voler librement où elles le souhaitent dans les pays de l’Union européenne. C’est donc sans surprise que les résultats du vote britannique ont fait plonger les cours de Bourse des compagnies britanniques comme Easyjet ou British Airways.
Les conséquences du Brexit pour l’UE
Avec la sortie du Royaume-Uni, l’UE perd l’un de ses contributeurs les plus importants (14 milliards d’euros soit 9,7 % du budget de l’UE). En effet, le Royaume-Uni était le quatrième contributeur derrière l’Allemagne, la France et l’Italie. Cela représente un manque à gagner important pour les autres pays membres qui devront faire un choix entre réduire les dépenses ou augmenter les contributions.
Au niveau administratif, la sortie du Royaume-Uni de l’UE va s’apparenter à un véritable imbroglio. Maintenant il va falloir déterminer les modalités de sortie des Britanniques, renégocier les accords, penser la nouvelle répartition des parts budgétaires… Il est fort probable que cette sortie ne se fasse pas sans heurts. En effet, soucieuse que cette sortie ne se propage pas à d’autres pays eurosceptiques, l’UE ne rendra pas les choses faciles et risque de se montrer intransigeante envers les Britanniques.
Au niveau de la gouvernance européenne, le Brexit devrait avoir des conséquences politiques inattendues. Selon une étude, l’absence des Britanniques au Parlement européen pourrait faire basculer la majorité à gauche et avoir des répercussions sur la politique européenne dans les domaines des énergies renouvelables, du nucléaire ou de la taxation des transactions.
L’impact du Brexit sur l’économie française
Le Royaume-Uni, cinquième client de la France, est un partenaire économique essentiel. Si des accords ultérieurs de libre-échange ne sont pas conclus avec l’Union européenne, le départ du Royaume-Uni ferait de la France un des pays les plus touchés par le Brexit. Les pertes pour les entreprises françaises pourraient s’élever à 3,2 milliards d’euros d’ici 2019.
Les principaux effets du Brexit devraient atteindre les secteurs du tourisme, des loisirs, de la consommation et de l’immobilier, et selon les économistes, la France pourrait perdre entre 0,2 et 0,4 point de croissance.
A court et moyens termes, l’impact du Brexit aura des conséquences économiques négatives pour l’économie britannique comme pour ses partenaires européens, toutefois de nombreux arrangements devraient être trouvés afin de les contenir de part et d’autre. Néanmoins, se pose la question de l’attachement aux valeurs et aux idées de l’Union européenne comme la solidarité européenne indispensable dans les situations difficiles telles que la crise des réfugiés ou les attentats…