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Damas : Le tourisme sous les bombes

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Le gouvernement syrien, aidé de ses alliés russes et chinois, tente de relancer le tourisme, un secteur sinistré par la guerre.

Si l’on croise encore quelques visiteurs à la mosquée des Omeyyades de Damas, chef d’œuvre du 8ème siècle, il ne peut s’agir que de Syriens ou bien de religieux venus d’un pays voisin. Aujourd’hui la Syrie est un pays déserté par le tourisme.

Chute de 94% des recettes touristiques

Pourtant, il n’y a pas si longtemps le secteur était en pleine croissance. Fin 2010, le gouvernent syrien annonçait une croissance record du nombre de visiteurs : +40%. La Syrie avait alors accueilli 8,5 millions de touristes, un chiffre supérieur à la Tunisie. Depuis le début du conflit, les recettes touristiques ont baissé de 94%. C’est l’une des nombreuses conséquences désastreuses, pour tout le pays, du conflit qui ensanglante la Syrie depuis deux ans.

Dans ce contexte, la décision du gouvernement de remettre à flot le secteur touristique semble totalement irréaliste, pour ne pas dire incongrue. Plus aucune compagnie internationale n’assure de desserte du pays, et les tour-operators ont pour l’instant rayé Damas de leurs destinations. L’effort paraîtrait même voué à l’échec si dans cette ambition la Syrie n’avait trouvé deux soutiens de poids. La volonté de relancer l’industrie touristique en Syrie est en effet appuyée par les alliés traditionnels de Damas, la Chine et la Russie.

De nouvelles stations balnéaires pendant la guerre

C’est sûr les réseaux sociaux que la Syrie a lancé les premiers messages pour attirer de nouveaux visiteurs. Ainsi, le site Visit Syria promeut le patrimoine touristique syrien. Tout comme la page Facebook officielle du ministère, intitulée Discover Syria, ainsi que le compte Twitter du même nom. Les sites mettent en valeur le patrimoine exceptionnel de la Syrie sans faire mention de la guerre.

Parallèlement, début novembre, le ministre syrien du Tourisme, M. Becher Yaziji, a rencontré l’ambassadeur de Russie à Damas, M. Azamatullah Kol Mohamadov, afin de développer la coopération touristique entre les deux pays. Cette rencontre fut suivie d’un entretien avec l’ambassadeur de Chine, Mr Zhang Xun, portant sur le même sujet. A la clé : des programmes de formation pour les Syriens et des promesses d’investissements chinois dans le secteur hôtelier, la construction de nombreuses stations balnéaires sur la côte de Latakia, ainsi qu’un complexe proche des ruines de Palmyre.

75 000 morts en 2013

La Syrie n’est pas le premier pays à essayer de redresser son tourisme après un conflit majeur. Les pays l’ex- Yougoslavie ont su en l’espace de quelques années reconsolider, et même surmultiplier leur croissance touristique. Cependant, ces efforts de relance, intervenaient, c

@jftaquet

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haque fois, dans un pays qui venait de retrouver la paix. Or le conflit qui touche aujourd’hui la Syrie semble loin d’être terminé. L’année 2013 a même été la plus sanglante du conflit avec 73 000 morts. Il s’agit donc d’un pari sur le long terme pris par les deux principaux alliés du régime syrien, doublé d’une marque de soutien ostentatoire au régime de Bachar el-Assad.

Le chemin est donc encore long avant que les vacanciers, Chinois, Russes, ou même occidentaux, repeuplent les hôtels syriens.