Le constat est le même partout en Europe : les discothèques ne font plus recette. Pour la clientèle, comme pour les entrepreneurs, ces établissements de nuit consacrés à la danse et à la consommation de boissons ont énormément perdu en attractivité. Pour les uns, les prix pratiqués et l’ambiance générale de ce type d’établissements sont de véritables freins, tandis que, pour les autres, les contraintes imposées par les normes de sécurité, et les règlementations sur les nuisances sonores compliquent les investissements. Ainsi en France, en quelques années, le nombre de boites de nuit a diminué de moitié et la tendance est également à la baisse ailleurs en Europe.
En mai 2014, à l’occasion du second colloque intitulé « Pour que vive la nuit », la Société des auteurs, compositeur et éditeurs de musique (SACEM), présentait les résultats de son étude sur les discothèques françaises. Si pendant les années 70 et 80, ces établissements régnaient sans partage sur le monde de la nuit, la situation est aujourd’hui bien différente : on recensait 4000 « boites de nuit » dans les années 80 contre 2200 au milieu des années 2010, et certaines sont toujours menacées.
800 discothèques ont fermé leurs portes ces dernières années
Ainsi, ces dernières années, pas moins de 800 discothèques ont fermé leurs portes. Ce phénomène s’explique par une baisse sensible du chiffre d’affaire (-30 % ces dernières années) et une augmentation continue des réglementations obligeant les établissements à effectuer d’importantes dépenses pour se mettre aux normes et ainsi pouvoir continuer à opérer. Ainsi les règles de prévention incendie ont été renforcées pour garantir plus de sécurité pour la clientèle, tout comme les normes acoustiques pour préserver la quiétude du voisinage.
Si ces mesures sont évidemment nécessaires et justifiées, elles engendrent une impossibilité pour les gérants des lieux de continuer leur activité. Et cela a des conséquences sur l’économie locale. On entre alors dans un cercle vicieux puisque la baisse de fréquentation des night-clubs est en partie due à la conjoncture économique.
Organiser des soirées à domicile plutôt qu’aller en discothèque
En effet, le public a déserté ces établissements notamment pour des questions financières. Prix d’entrée et coût des consommations élevés sont de sérieux freins pour une jeunesse touchée par le chômage et qui préfère organiser des soirées à domicile entre amis.
Justement, outre les prix, le second reproche qui est fait aux discothèques est l’ambiance qui y règne en général. Tout d’abord, il peut s’avérer compliquer d’y entrer : tenue non adaptée, mauvais feeling avec le personnel… L’absence de garantie de pouvoir être accepté dans l’établissement souhaité a en effet de quoi en décourager plus d’un. Finalement à l’intérieur, il existe aussi un risque que les clients se plaignent de l’atmosphère. Musique, fêtards, fauteurs de trouble.. beaucoup d’éléments qui refroidissent les danseurs noctambules.
Dans certaines villes, l’insatisfaction liée à l’offre des boites de nuit a fait émerger un nouveau type de soirées, telles que celles organisées par Excuse my Party. A la manière d’une plateforme collaborative, les particuliers et quelques marques proposent ainsi d’organiser des soirées de plus ou moins large envergure, avec l’avantage de pouvoir lire les avis et notes sur les différents hôtes, mais également sur les potentiels invités. Une manière de passer une soirée dépaysante, propice aux rencontres, et en limitant les risques traditionnellement associés aux boîtes de nuit.
Même constat ailleurs en Europe
La France n’est pas la seule touchée par le phénomène, comme le révèle The Economist. En Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne, dans des proportions plus ou moins similaires, le constat est le même : -38 % aux Pays-Bas tandis qu’en Angleterre, le nombre de « boites de nuit » est passé de 3144 en 2005 à 1733 en 2015. Là encore, les plaintes du voisinage sont notamment invoquées.
Pourtant, l’avenir n’est pas complètement sombre pour le secteur et les entrepreneurs redoublent d’efforts pour développer de nouveaux concepts pouvant attirer de nouveau le public. Ainsi, selon Les Echos, trois grandes tendances apparaissent. On constate depuis un certain temps déjà le développement des établissements à thèmes : années 80, disco, gay, etc. Mais il y a aussi la multiplication des événements : afterwork, soirée spéciale, DJ invités. Et enfin, la création de gigantesques complexes, souvent en périphérie des villes. On ne parle alors plus simplement de night-club, mais de véritable centre de loisirs nocturnes où l’on peut arriver en début de soirée et repartir au petit matin.
Aujourd’hui, il ne suffit plus de beaucoup d’enthousiasme et d’amis fêtards pour se lancer dans la création ou la gestion d’une discothèque. Les contraintes sont nombreuses et le marché très concurrentiel, notamment avec les bars musicaux, souvent moins chers, plus accessibles et soumis à moins de règles. Pourtant, malgré les difficultés rencontrées ces dernières années, cela reste un secteur porteur qui génère un chiffre d’affaire annuel de près d’un milliard d’euros, soit plus que les concerts et spectacles musicaux.