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Hackers et espions s’élancent à Sotchi

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En marge des Jeux Olympiques russes, une autre compétition bat son plein entre services secrets et pirates pour intercepter les données personnelles des participants.

Tels des athlètes de haut niveau, voilà plusieurs mois que hackers et espions des services secrets russes se préparent pour les J.O. ouverts à Sotchi depuis le 7 février dernier. Qui réussira à récolter le plus de données personnelles au sein des appareils de communication des touristes, athlètes et journalistes venus en masse ? Le résultat de cette course invisible risque, lui, de rester secret.

Avec plus de 800 000 spectateurs attendus sur les sites des jeux olympiques, ce sont presque autant d’appareils électroniques qui vont se retrouver à Sotchi et partager les mêmes lieux de connexion. De quoi aiguiser l’appétit des pirates informatiques russes, réputés pour être les plus redoutables du monde.

Les hackers, chouchous des medias, partent favoris

De cette crainte, le net s’en est rapidement fait l’écho. A l’origine, un reportage réalisé par Richard Engel, pour la chaine américaine NBC, dans lequel on pouvait observer ce dernier se faire pirater son ordinateur et son téléphone portable en quelques instants en raison d’une simple connexion au réseau russe.

Comme l’a démontré le blog Errata Security, l’histoire était en réalité largement exagérée. Les sites web visités durant le reportage auraient pu contaminer des appareils connectés quelque soit leur localisation dans le monde. De plus, le journaliste américain n’avait pas hésité à télécharger un programme douteux permettant le piratage de son téléphone en un temps record.

Les risques de piratage n’en demeurent pas moins réels dans un pays où la fraude en ligne peut s’avérer très lucrative pour ceux qui la pratiquent. Spécialement, les risques de retrouver sur son ordinateur un «malware» (logiciels malveillants tels que virus, vers, chevaux de Troie…) s’accroissent avec l’utilisation partagée d’un même réseau public.

Si vous êtes à Sotchi dans les prochains jours, il vous est donc fortement recommandé de souscrire à une connexion 3G. Vous éviterez ainsi de partager l’accès à votre matériel informatique avec une communauté comprenant parfois des individus aux intentions parfois peu bienveillantes.

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Les services secrets russes, des challengers sérieux et bien armés

Au-delà de ces risques de piratage finalement anecdotiques, c’est l’espionnage organisé par l’Etat russe qui pourrait inquiéter les amateurs des sports olympiques.

En effet, comme l’avait révélé The Guardian dès octobre 2013, les services de renseignements russes auraient mis en place une surveillance généralisée des réseaux de télécommunications fixes et mobiles à Sotchi. Toutes les communications pourraient être écoutées et sélectionnées via l’utilisation d’un système de filtrage avec mots clés. Il faut dire que, aux termes du droit applicable, l’Etat russe est légitime à intercepter, surveiller et, le cas échéant, à bloquer toutes les communications téléphoniques ou électroniques.

Ainsi, pour éviter toute déconvenue, le ministère de la Sécurité intérieure américain recommande à ces ressortissants de ne pas se munir de tout terminal contenant des informations personnelles ou trop sensibles. Cette recommandation pourrait toutefois faire sourire certains qui se rappelleront les révélations faites par Edward Snowden sur la surveillance généralisée des réseaux de communication mise en place par le gouvernement américain…

Il n’en demeure pas moins que la résurgence de cette question du respect des données personnelles pourrait relancer le débat sur une utilisation sécurisée d’internet car, dans la course à l’obtention des données personnelles, il semble que les Etats, et ici le gouvernement russe, s’élancent avec une préparation et une impunité dont ne peuvent disposer les pirates.