Voilà 50 ans que le groupe français, spécialisé dans la publicité urbaine et numéro 1 mondial de la communication extérieure, engrange les succès. Comment une idée géniale, née de l’esprit de Jean-Claude Decaux en 1964, a fini par percer, puis par être pérennisée par les générations suivantes ?
Numéro un mondial de la communication extérieure, présent dans plus de 60 pays, comptant 11 900 collaborateurs dans le monde et réalisant un chiffre d’affaires de 2,676 milliards d’euros, le groupe JCDecaux illustre la réussite d’un visionnaire de la communication, qui a su innover tout en s’entourant de ses proches. Trois générations de Decaux émargent dans l’entreprise, lui assurant ainsi un avenir au plus près de l’idée développée par son fondateur. Avenir qui s’annonce sans ombre, puisque le groupe continue sa croissance, porté par des signes de reprise en Europe, où il réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Exempt de dettes, l’entreprise inspire la confiance de ses investisseurs et bénéficie d’une excellente image sur les marchés boursiers. Cette réussite est due à la combinaison de la vision d’un homme, et de sa capacité à la développer et la faire perdurer.
Au commencement était l’Abribus
Né à Beauvais en 1937, Jean-Claude Decaux a tout du self-made man. Et a toujours fait preuve d’un talent inné pour son domaine de prédilection, à savoir l’affichage publicitaire. Issu d’une famille modeste de marchands de chaussures, le jeune homme prend très tôt conscience du pouvoir de la publicité. Animé par cette certitude, il colle dans tout Beauvais des affiches vantant les mérites du magasin familiale. Le résultat est une telle réussite que d’autres commerçants font alors appel à lui. Son premier essai a grande échelle, pourtant prometteur, est effectué en 1955, lorsqu’il fonde une société gérant les panneaux publicitaires fleurissant alors au bord des autoroutes. Las, le pouvoir en place voit d’un mauvais œil la présence de tels panneaux le long des routes, et une taxation de plus en plus forte l’oblige à imaginer une autre activité. De là vont naitre les Abribus. Nous sommes en 1964, la société JCDecaux est fondée, et au succès d’abord timide succèdera un engouement fulgurant au cours des années 1970.
La famille comme meilleur allié
Pour faire face aux demandes de plus en plus fortes, Jean-Claude Decaux s’entoure très vite de ses deux frères, Jean-Pierre et Jean-Marie. Le concept de mobilier urbain, alors bien implanté en France, commence à intéresser les pays voisins. Les deux fils de J.C. Decaux rejoignent alors l’entreprise, au début des années 1980, avec pour mission le développement à l’international. Jean-François intègre JC Decaux en 1982 et est envoyé en Allemagne puis à Londres pour y créer des filiales. En 1998, c’est au tour de Jean-Charles d’intégrer l’entreprise familiale. Il s’occupe de l’Espagne, puis du Portugal, du sud l’Europe, de l’Amérique Latine et de l’Asie. Le groupe connait alors une expansion constante, parvient à décrocher une multitude de contrats, et sait s’entourer de collaborateurs compétents. Pour imaginer ses supports publicitaires, de grands noms tels que Philippe Starck ou Norman Foster sont sollicités. Le troisième fils, Jean-Sébastien, rejoint les rangs du groupe après ses frères et reçoit pour mission de développer les filiales belges et luxembourgeoises.
Mobilier urbain et vélos en libre-service
Au fil des années, l’entreprise a su se développer, notamment grâce à l’acquisition, en 1999, du groupe HMC (Havas Media Communication) et de sa filiale Avenir. Jean-Claude Decaux passe la main en 2001, au moment de l’entrée en bourse, et laisse la direction à ses fils Jean-Charles et Jean-François. Parallèlement, les activités se diversifient : le groupe investit dans les Colonnes Morris, ces cylindres publicitaires très présents dans les grandes villes, et, surtout, dans un système de vélos en libre-service, présent dans 70 villes à travers le monde. Alors qu’Alexia, la petite-fille du fondateur, vient d’intégrer l’équipe dirigeante, les perspectives offertes par le marché de l’affichage digital, sur lequel JCDecaux est très présent, rassure les observateurs sur la santé du groupe.
Un groupe qui, malgré des débuts difficiles, a su, grâce à la persévérance et aux méthodes de son fondateur, croitre et perdurer au-delà de toutes les espérances. La devanture du siège social, à Neuilly-Sur-Seine, affiche d’ailleurs fièrement la devise à laquelle Jean-Claude Decaux s’est conformé durant toute sa carrière : « Seul le meilleur est acceptable ». Un adage auquel il a eu raison de se fier, puisque sa fortune personnelle dépasse, selon Forbes, les 4,6 milliards d’euros.