Le 5 août 2016 la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Rio s’est voulue être tout autant festive mais moins bling-bling que celles des années précédentes. Avec le choix de Tokyo comme ville hôte en 2020, l’organisation des JO serait-elle en train de devenir plus responsable ?
Luxe et démesure
Après les somptueuses et onéreuses cérémonies d’ouverture de ces dernières années, le spectacle de Rio se voulait « ni high-tech », « ni luxueux » mais festif et célébrant l’énergie positive des Brésiliens d’après Marco Balich, le directeur artistique de la cérémonie.
Une volonté rupture affichée avec les spectacles précédents. La cérémonie d’ouverture des JO de Londres en 2012 « Isle of Wonders » avait fait son effet avec l’arrivée de la reine accompagnée par Daniel Craig alias James Bond et le passage de la flamme olympique transportée sur la Tamise par David Beckham. Ces quatre heures de « merveilles » ont coûté la bagatelle de 36 millions d’euros. Une somme toutefois modeste en comparaison des 100 millions de dollars déboursés pour le spectacle d’ouverture des Jeux de 2008 à Pékin qui, sur fond de feux d’artifices et de défilés hauts en couleurs, s’est illustré comme la cérémonie la plus chère dans l’histoire des Jeux olympiques.
Bien que la cérémonie d’ouverture des Jeux de Rio ait été dix fois moins coûteuse que celle de Londres, cette modestie budgétaire ne parvient toutefois pas à masquer les dérives observées lors de l’organisation des compétitions olympiques. Les slogans des manifestants « on se fiche des JO, on veut des emplois, la santé et l’éducation » se sont fait entendre à Sao Paulo en parallèle des railleries des spectateurs présents dans le stade Maracana à Rio. Les inégalités ont été criantes lors de la construction des infrastructures nécessaires à la tenue des Jeux, entre profits mirobolants pour quatre sociétés de construction d’un côté, et violences policières – 40 morts été dénombrés à la veille de l’ouverture des Jeux, expulsions forcées et pollution environnementale de l’autre. Le tableau n’est malheureusement pas nouveau comme l’illustrent les abus des Jeux d’hiver de Sotchi de 2014 ou l’exploitation des travailleurs migrants pour les préparatifs de la Coupe du Monde de Football de 2022 au Qatar.
2020, une nouvelle ère pour les Jeux olympiques ?
Le CIO n’est toutefois pas resté de marbre face aux abus grandissants et a décidé d’inclure de nouveaux critères éthiques dans son « Agenda 2020 ». Le choix de Tokyo pour accueillir les prochains Jeux serait-elle l’émanation d’une nouvelle orientation du CIO ?
Le 7 septembre 2013, face à Istanbul et à Madrid, la candidature de Tokyo a remporté l’organisation des Jeux de 2020. La capitale du Japon, qui a déjà organisé les Jeux en 1964, a su séduire la commission d’évaluation du CIO en présentant un projet raisonnable tout en garantissant un environnement stable avec un haut niveau de sécurité pour accueillir cet événement d’envergure internationale.
En effet, pas de budget démentiel pour les organisateurs nippons et pas de chantiers prohibitifs pour construire des infrastructures à usage unique comme ce fût le cas pour Sotchi. La majorité des installations existantes seront utilisées pour les épreuves sportives dont 85 % se dérouleront dans un rayon de 8 km très bien desservi par les réseaux de transport urbains. Seul le stade olympique doit être remplacé par une nouvelle enceinte qui devait originellement être conçue par le cabinet de l’architecte irako-britannique Zaha Hadid, mais le Premier ministre a décidé d’abandonner le projet à l’été 2015 en raison de son coût pharaonique de 1,9 milliard d’euros ce qui en aurait fait le stade le plus cher de l’histoire. Le nouveau stage va finalement être réalisé par l’architecte japonais Kengo Kuma pour 1,12 milliard d’euros.
L’organisation des Jeux de Tokyo s’inscrit donc dans l’architecture urbaine et sportive existante et permet de réduire l’impact environnemental et financier des Jeux. Ces nouveaux critères sont en effet à l’agenda du CIO qui a résolu de prendre en compte les questions de développement durable et de réduction de coûts en intégrant mieux les équipements sportifs à l’infrastructure de la ville pour éviter les dérives des années passées.
Cet « Agenda 2020 » doit être entièrement appliqué pour les Jeux de 2024 et ces nouveaux critères éthiques ont également séduit Paris qui a soumis sa candidature en septembre 2015. Anne Hidalgo a ainsi affiché sa volonté d’organiser des « Jeux sobres et écologiques » sur le modèle de ceux de Tokyo. La maire de Paris a déjà obtenu l’appui du Japon pour la candidature olympique de la capitale française.
Les Jeux de 2020 et de 2024 parviendront, espérons-le, à ouvrir une nouvelle ère plus sobre et éthique dans l’histoire des Jeux olympiques.