L’appel d’offres renouvelant le contrat des vélos parisiens en libre-service a été remporté contre toute attente par la société Smoove le 12 avril 2017 dernier. La jeune entreprise montpelliéraine succède ainsi au géant JCDecaux, inventeur du concept, qui avait mis en service les premiers Vélib’ parisiens en juillet 2007.
Smoove : une jeune pousse en pleine expansion
Loin d’avoir la notoriété de son prédécesseur, Smoove est pourtant implanté dans 26 villes à travers le monde dont Moscou, Nice, Chicago, Marrakech, Bangkok ou Vancouver. La société est née en 2008, en période de plein essor du vélo en libre-service (VLS), lorsque trois frères, férus de vélo, répondent à l’appel d’offres pour les vélos en libre-service lancé par la ville de Montpellier.
Depuis la société connaît une progression constante, accélérée en 2015 par l’entrée dans son capital du groupe Mobivia, spécialiste de l’automobile et des mobilités innovantes. En 2016, la jeune société de 38 salariés a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 10 millions d’euros et projette de multiplier ce chiffre par 5 en 2018 notamment grâce à l’appel d’offres de la ville de Paris qui fournit à Smoove une vitrine inespérée dans son développement à travers le monde.
Des améliorations techniques pour les Vélib’ parisiens
Les 18.000 nouveaux modèles de Vélib’ parisiens de l’entreprise Smoove feront leur apparition en janvier 2018 pour une période de 15 ans. Ces vélos sont décrits comme plus maniables et plus légers (20 kg contre 25 kg). Un tiers de ces nouveaux vélos seront électriques et tous seront équipés d’un écran tactile fixé sur le cadre qui permettra de déverrouiller le vélo et d’afficher diverses informations : vitesse, nombre de kilomètres parcourus, coût de la location… Le problème récurrent de la saturation des stations a été réglé grâce à un câble intégré dans le guidon permettant de garer le vélo en l’accrochant à ceux déjà présents.
Enfin, la sécurisation des Vélib’ contre le vol a certainement été l’argument qui a fait pencher la balance en faveur de Smoove lors du renouvellement de l’appel d’offres. En effet, le système d’attache des vélos JCDecaux s’est révélé à l’usage vulnérable aux vols (70 % du parc chaque année) avec un coût d’environ 28 millions d’euros par an pour la Mairie de Paris. Le P-DG fondateur de Smoove, Laurent Mercat, affirme qu’ « avec notre système, aucun vélo rendu dans sa station ne peut être volé » grâce à une «fourche-cadenas», un système d’attache des vélos innovant et plus sécurisé.
D’aucuns craignent que ces améliorations techniques auront des répercussions significatives sur le tarif des abonnements annuels qui augmenteraient, selon Le Parisien, de 35 %.
JCDecaux dépose un recours en référé au tribunal administratif
La perte du marché des Vélib’ parisiens a été une surprise pour JCDecaux qui a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Paris pour faire annuler la procédure de passation du marché. L’entreprise dénonce une prise de décision sur la seule base financière alors qu’elle présentait de meilleures prestations sur les autres critères et soupçonne son rival de conflit d’intérêts en raison de l’intervention du frère de Laurent Mercat dans l’élaboration du cahier des charges.
JCDecaux accuse également Smoove de concurrence déloyale en s’affranchissant des règles du code du travail puisqu’elle ne prévoyait pas la reprise des 320 salariés Ciclocity, sa filiale en charge des Vélib’, en dépit du transfert de l’activité.
La 4 avril dernier, une centaine de salariés, soutenus par des élus et du candidat à la présidentielle Philippe Poutou (NPA), ont manifesté leur mécontentement devant l’hôtel de ville de Paris et ont exprimé leur souhait d’être repris dans la future organisation.
Le tribunal administratif a rendu sa décision le 4 mai dernier en rejetant le recours de JCDecaux estimant que l’appel d’offres attribué à Smoove était légal. La petite entreprise a toutefois indiqué dans un communiqué de presse que l’embauche pour le futur système serait prioritairement réservée aux anciens salariés.
Le groupe JCDecaux ne s’avoue toutefois pas battu et va se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État.