enquete

Les industries françaises relèvent le défi de la transition énergétique

0

Les industriels français doivent opérer une transition énergétique afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de s'adapter aux variations du marché de l'énergie.

Les industriels français doivent opérer une transition énergétique afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de s’adapter aux variations du marché de l’énergie. La nécessité d’une transition énergétique des industriels français (et ailleurs dans le monde) est désormais une évidence. 

D’abord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et respecter les objectifs fixés par France 2030 et par les accords de Paris. Selon un rapport de  l’AIE (l’Agence internationale de l’énergie) de 2021, l’industrie et la construction seraient responsables en France de 13 % des émissions de gaz à effet de serre, soit 6 points de moins que la moyenne mondiale. Mais des efforts peuvent encore être faits.

Nos industries ont également intérêt à opérer leur transition énergétique afin de gagner en souplesse et en autonomie et de se prémunir des variations sur le marché de l’énergie. C’est d’ailleurs sans doute la crise du prix de l’énergie que nous traversons actuellement qui précipite la transformation de notre industrie. Ces changements se font parfois dans la douleur, avec des cessations d’activité et des pertes d’emplois dans des secteurs très énergivores tels que la verrerie ou l’agro-alimentaire. Mais quelles sont les marges de manœuvres à la disposition de nos industriels pour restructurer et réduire leurs dépenses énergétiques ?

Réduire la consommation d’énergie, surtout des transports

L’énergie la moins chère et la moins polluante est toujours celle qu’on ne dépense pas. De nombreux industriels français ont pris les devants pour réduire leur consommation et font la chasse au gaspillage jusque dans leurs processus de production. Les économies peuvent se trouver par exemple dans le choix des matériaux ou encore dans une réorganisation des cadences de production. Autres postes peuvent être mieux rationalisés, comme le chauffage des bâtiments, en améliorant l’isolation ou en mettant en place des thermostats. 

Adapter les ressources humaines au prix de l’énergie

Une bonne transition énergétique pour une entreprise industrielle s’élabore sur le long terme.  Les entreprises industrielles peuvent se faire aider de cabinets de conseil dont c’est la spécialité. Elles peuvent également, selon leur taille, embaucher en interne une ou des personnes dont ce sera le métier, et lui donner une place transversale dans l’entreprise. Ce professionnel doit pouvoir influer sur les process de production, les ressources humaines, le business plan…

La formation continue a un rôle à jouer. Il est fondamental de former et sensibiliser les salariés aux économies d’énergie. Les entreprises peuvent également adapter les horaires de travail au prix de l’énergie. Ces dernières semaines, certaines entreprises ont par exemple pris la décision de privilégier le travail de nuit, au moment où le prix de l’électricité est le plus bas. Une décision qui permet d’éviter une trop grande inflation des prix de production malgré un surcoût salarial.

Diversifier ses sources d’énergie

Pour éviter les pénuries et d’être à la solde des augmentations de tarifs, les entreprises peuvent également diversifier leurs sources d’énergie. En remplaçant une partie du gaz ou de l’électricité consommée par une énergie produite en interne, notre industrie peut gagner en autonomie. 

Les transports peuvent également souvent être mieux optimisés. A la fois les transports logistiques, de matières premières, de machines, de produits finis, mais également les transports des travailleurs entre leur lieu de travail et leur domicile et entre les différents sites de production, en mettant par exemple en place des navettes, ou en incitant au covoiturage..  Et l’impact n’est pas des moindres. Selon l’AIE, 43 % des émissions de gaz à effet de serre en France seraient causées par les transports. Une proportion bien plus grande que la moyenne européenne (31 %) ou que la moyenne mondiale (24 %). Cette période peut également être l’occasion pour les industriels de renouveler leurs chaînes de production et de logistique et d’investir dans des technologies moins gourmandes en énergie.

Une solution est par exemple d’installer des panneaux solaires sur les toits des installations, parfois immenses. Il est également possible dans certaines industries de valoriser les déchets produits, ou encore de récupérer la chaleur générée par leur activité. Cette chaleur peut être utilisée  pour produire de l’énergie pour leurs propres installations ou pour la revendre à un tiers pour chauffer une piscine voisine ou un immeuble d’habitation. Par exemple, les scieries produisent des sciures de bois en quantité qui peuvent être utilisées pour le chauffage. Les industries rejetant de fortes quantités de chaleur peuvent la réinjecter dans des systèmes de chauffage locaux.

Vous pouvez vous associer avec d’autres entreprises pour partager vos connaissances, vos bonnes pratiques, mais aussi mieux optimiser vos moyens de production et votre consommation d’énergie en commun. Mais avant tout, restons positifs. La transition énergétique des industries françaises vers une plus grande autonomie et une consommation plus responsable s’impose aujourd’hui comme une nécessité pour garantir le respect des objectifs de l’Accord de Paris et le bien-être des populations. Une bonne transition énergétique nécessite le déploiement d’une stratégie de long terme et de nombreux investissements, mais elle permet également aux entreprises de gagner en souplesse et en autonomie et de réduire leurs dépenses énergétiques. Grâce aux efforts des industriels, la France peut ainsi se préparer à l’industrie de demain.

photos : euractiv.fr – lemonde.fr