L’ONUDI, star chinoise dans la nébuleuse onusienne ?
Directeur général
62 ans28 juin 2013 – le Chinois Li Yong est élu Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Cet événement est annoncé dans l’indifférence médiatique la plus totale ; et, pourtant, il marque une nouvelle étape de l’implication de la Chine dans les affaires du monde. Explications.
C’est sans surprise que M. Li Yong est devenu le septième Directeur général de l’ONUDI. Elu dès le premier tour, il succède pour quatre ans au Sierra Léonais Kandeh K. Yumkella. Peu connu du grand public, cet expert de 62 ans est un personnage de premier plan dans son pays d’origine. Membre du Comité de politique monétaire de la Banque centrale chinoise, il a également été Vice-ministre des Finances de 2003 à 2013.
Son défi : renforcer l’ONUDI
Pour l’ONUDI, ce chantre de la croissance inclusive a de grandes ambitions : il veut en faire un acteur clé de la lutte contre la pauvreté.
Créée en 1966 pour promouvoir le développement industriel durable des pays du Sud, elle n’occupe pas aujourd’hui la place qu’elle mérite dans la nébuleuse onusienne. La raison de cette mise à l’écart ? La désertion des grandes puissances occidentales dans les années 1990.
Pourtant, malgré cette désaffection massive, l’ONUDI est parvenue au fil des années à se forger une réputation d’efficacité. Aux défis du développement, elle a su en effet proposer des solutions concrètes et innovantes et, comme elle coopère avec le secteur privé partout où elle intervient, les résultats sont au rendez-vous !
La Chine, un fidèle soutien de l’ONUDI
Sous l’égide de M. Li Yong, l’ONUDI va certainement changer de stature. Pour mener à bien la transition, son nouveau Directeur général pourra compter sur le soutien sans faille de Pékin.
Depuis son adhésion dans les années 1970, la Chine s’est fortement impliquée dans l’ONUDI. Aujourd’hui, le gouvernement souhaite s’engager davantage et cela devrait se traduire en monnaie sonnante et trébuchante.
Si tel était le cas, l’ONUDI pourrait décupler ses moyens et renforcer sa position sur la scène internationale.
Faut-il avoir peur de la Chine ?
Que la Chine soit incontournable au niveau mondial, ce n’est pas nouveau. Mais qu’elle place un haut responsable à la tête d’une agence onusienne, voilà qui pourrait en étonner plus d’un, car, jusqu’à présent, le pays de Mao avait toujours privilégié les aides bilatérales…
Il ne faut pas être naïf : cette décision est éminemment stratégique et permettra à Pékin d’accroître son influence, voire d’imposer son agenda politique… Mais ne soyons pas non plus totalement cyniques : son apport peut être positif pour l’ONUDI et la lutte contre la pauvreté !
La Chine qui est devenue en trente ans la deuxième économie mondiale s’y connaît en transition industrielle. Surtout, elle dispose d’une véritable expertise en matière de développement. Cette dernière décennie, elle aurait investi près de 75 milliards de dollars dans des projets de coopération en Afrique ; et ses méthodologies auraient fait la preuve de leur efficacité !
Comme en plus Pékin a une vision apolitique de l’aide au développement, un nombre croissant d’Etats pourraient être tentés de se tourner vers l’UNIDO…
Au détriment d’organisations plus exigeantes sur la question des droits de l’homme ?