Portrait de Henri Seydoux, du journalisme aux objets connectés
Biographie

Henri Seydoux, du journalisme aux objets connectés

Entrepreneur et fondateur de Parrot

54 ans

Henri Seydoux, entrepreneur hors-normes et fondateur de la société Parrot qu’il dirige depuis 20 ans

Henri Seydoux est un entrepreneur comblé. Il vient de recevoir le prix Manager d’entreprise 2014, décerné par Télécom ParisTech et récompensant les meilleures contributions en termes d’innovation dans l’univers du Numérique. Et Parrot , la société qu’il a cofondée en 1994, occupe une place de leader mondial dans le domaine des périphériques sans fil pour téléphones mobiles. Pourtant, rien ne prédestinait cet autodidacte talentueux et atypique à jouer un tel rôle dans le secteur de la high tech.

Depuis son bureau du quai de Jemmapes, à Paris, Henri Seydoux aime à songer à ses nouveaux projets, tout en contemplant les quais du canal Saint-Martin. Jamais à court d’idées, l’homme qui a popularisé les drones et les objets connectés auprès du grand public n’a pas toujours connu le succès. Peu intéressé par les études, celui qui avoue lui-même avoir été un « cancre » obtient un Bac C et entame une carrière de journaliste au tournant des années 1970-1980. Collaborant au journal underground Actuel, il fait alors la connaissance de Roland Moreno, génial inventeur de la carte à puce, qui lui suggère de s’intéresser à l’informatique. Henri Seydoux va alors s’enfermer avec pour seules lectures des manuels de programmation et se lance dans une nouvelle carrière en développant des systèmes d’exploitation.

Entrepreneur dans l’âme… et par nécessité

Mais sa personnalité créative et foisonnante s’accommode mal des contraintes inhérentes au statut de salarié. « A un moment donné, je me suis rendu compte que si je ne montais pas mes boites, personne ne m’emploierait, et que ça ne marcherait pas. Monter ma boite était la seule issue possible ! » . Il crée les sociétés BBS, en 1985, et BSCA en 1986, la première spécialisée dans les systèmes d’exploitation et la seconde dans l’imagerie 3D. Mais ces tentatives se soldent chacune par un échec. Abandonnant provisoirement l’informatique, il fait partie des membres fondateurs de l’entreprise de luxe Christian Louboutin, dont il devient administrateur. Avec Christine de Tourvel et Jean-Pierre Talvard, il cofonde en 1994 la société Parrot, entreprise innovante qui doit son nom aux premiers produits commercialisés : des agendas électroniques à reconnaissance vocale.

Parrot, la réussite d’une société française

Les premières années sont laborieuses, mais Henri Seydoux s’engouffre dans un marché dont il flaire le potentiel. En effet, si ses agendas électroniques se vendent mal, il a pris connaissance du projet Bluetooth, mis en place par le fabricant suédois Ericsson, et décide d’utiliser cette technologie pour créer des kits mains libres à l’usage des automobilistes. Le timing se révèle idéal : peu de fabricants s’intéressent alors à ce secteur, et sans cette stratégie, le manque de liquidités aurait condamné Parrot à une fermeture inéluctable.

Objets connectés et jouets innovants

Depuis, la société Parrot emploie 850 personnes et son chiffre d’affaires dépasse les 235 millions d’euros. Connue du grand public pour avoir commercialisé des drones pilotables avec un smartphone ou une tablette, l’entreprise réalise une grande partie de ses profits grâce aux nombreux contrats passés avec l’industrie automobile. Coté en bourse sur le marché Euronext, Parrot réalise la majorité de ses ventes à l’international et fait figure d’exception dans un secteur largement dominé par des entreprises californiennes, chinoises ou japonaises. L’activité liée aux drones symbolise parfaitement la diversité prônée par Henri Seydoux : un aspect grand-public avec l’AR Drone, et un aspect professionnel avec la prise de capitaux dans la société suisse SenseFly, permettant l’utilisation de ces objets volant à des fins cartographiques. Les investissements importants en recherche et développement permettent à Parrot de maintenir une innovation vitale dans le secteur de la haute technologie. « La high-tech est un sport de combat. L’innovation ne peut jamais s’arrêter. »

Un contexte familial prépondérant

Henri Seydoux Fornier de Clausonne avoue que la culture entrepreneuriale lui a été très tôt inculquée par une famille où les exemples de réussite ne manquent pas. Son père Jérôme n’est autre que le co-président du groupe de cinémas Pathé. Son frère Nicolas est président-directeur général de Gaumont, et son autre frère, Michel, est président du LOSC, le club de football de Lille. Quant à sa grand-mère, elle appartient à la famille Schlumberger, dont la société, fondée en 1926, est devenue une multinationale embauchant 105 000 personnes dans le monde. Difficile de s’affirmer dans un tel contexte familial. Mais aussi stimulant : « Appartenir à une famille comme la mienne donne envie de tenter des choses et les facilite. Oui, cela aide et la critique de classe est fondée. Quand j’ai lancé ma boîte, on m’a soutenu. » .

Henri Seydoux, patron glamour ?

La vie privée d’Henri Seydoux est tout aussi singulière. Père de Léa Seydoux, Palme d’or à Cannes pour La Vie d’Adèle, il se marie en septembre 2013 avec l’ancien mannequin Farida Khelfa après plus de quinze années de vie commune. Le mariage a été célébré au Palace, lieu que les amants fréquentaient assidument lors de leur rencontre et où le couple a tissé des liens d’amitié avec des personnalités telles que Philippe Stark ou Carla Bruni-Sarkozy. Des amis qui ne rechignent pas à travailler pour Parrot, puisque Carla Bruni-Sarkozy a participé à une campagne d’affichage vantant les mérites du casque Zik, designé par Stark.

Ne jamais abandonner l’innovation

A 54 ans, Henri Seydoux a toujours autant envie de s’impliquer à « 200 pour cent » dans sa société, dont il détient 35,5% du capital. Après avoir proposé l’année dernière le « Flower Power », un capteur sans fil destiné à surveiller en temps réel la santé des plantes, il annonce au CES de 2014 le lancement des jouets connectés MiniDrone et Jumping Sumo, en espérant renouveler le succès rencontré par l’AR Drone. Quoi qu’il en soit, le parcours d’Henri Seydoux constitue un quasi sans-faute, et l’essor pris par les objets connectés constitue un gage pour la croissance future de son entreprise.