Bernard Farges
Président
48 ansLe Conseil Interprofesisonnel du Vin de Bordeaux (CIVB) vit des heures importantes. En effet, il connaît un nouvel homme à sa tête, Bernard Farges, producteur au caractère fort dont le militantisme tentera notamment de maîtriser la conjoncture et de faire face aux menaces de taxation qui pèsent sur les vins français en Chine.
En accédant au poste de président du CIVB, Bernard Farges se voit attribuer un rôle extrêmement important. En effet, le Conseil, qui regroupe les trois familles de la filière des vins (la viniculture, le négoce et le courtage), et dont l’objectif est de promouvoir la production de vin bordelaise, représente un marché désormais très important. ). Le CIVB regroupe 7055 viticulteurs, 300 maisons de négoce, 95 courtiers, et 38 caves coopératives, dans le département de la Gironde, où le vignoble compte 112 000 hectares.
Le CIVB est chargé de 3 missions : il s’agit de développer la notoriété et l’image des vins de Bordeaux, d’assurer au mieux sa commercialisation, et bien sûr d’en préserver la qualité tout en faisant avancer les connaissances techniques.
La règle de l’alternance négoce/production à la tête du CIVB
En tant que représentant de la viticulture, Bernard Farges succède à Georges Haushalter, négociant, à la présidence de l’interprofession girondine, afin de respecter la règle de l’alternance négoce/production à la tête du CIVB. Elu hier pour trois ans à la tête du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, il a recueilli l’intégralité des suffrages moins trois bulletins blancs.
Le bilan du président sortant Georges Haushalter reste bon malgré une situation actuelle mitigée. Techniquement, le prix moyen du vrac est passé de 900 à 1 100 euros le tonneau et les sorties de chais et les exportations ont bien progressé. Haushalter peut également se féliciter d’une communication mieux ciblée vers certains marchés, bien que certains projets ou certaines politiques aient moins bien fonctionnés. Pour ne pas accabler Hausalter, la situation inquiétante est plutôt liée à une mauvaise conjoncture et aux menaces d’anti-dumping de la Chine.
En tant que nouveau président du CIVB, Bernard Farges a ainsi de grands défis à relever. A 48 ans, cet homme de caractère, dit le viticulteur de Mauriac, exploite avec son frère Christian un groupement (Gaec) de 95 hectares, en appellation Bordeaux Supérieur et Entre-deux-Mers. Représentant de la cinquième génération d’une famille de vignerons, Bernard Farges a quintuplé le patrimoine de vingt hectares hérité de ses parents.
Investi, travailleur Bernard Farges est déterminé !
Parallèlement à cette politique de croissance, Bernard Farges s’est lancé très jeune dans une activité militante, qui l’a amené à entrer au bureau du syndicat des Bordeaux-Bordeaux Supérieurs dans les années 2000 avant d’en prendre la présidence en 2006. Il préside également, depuis 2011, la confédération nationale des appellations d’origine contrôlée. La crise et les critiques ne lui ont pas rendu l’affaire aisée mais le nouveau président du CIVB est reconnu pour être quelqu’un d’extrêmement investi. Il est très travailleur et a déjà su devenir une personnalité du vin sur le plan national. Ce qui prouve sa détermination.
La Chine, le plus gros dossier de Farges
Quant à la situation actuelle, le nouvel homme fort du CIVB devra se montrer efficace. Suite aux propos de son prédécesseur concernant le bilan de sa présidence, Farges a rebondi en se montrant satisfait de la hausse des vracs et de l’export mais inquiet à propos de la Chine, probablement le plus gros dossier.
Lors du salon international du vin, Vinexpo, en juin dernier, Bernard Farges avait insisté sur le poids économique de l’appellation bordeaux et bordeaux supérieur et rappelé que « 50% de cette appellation est exportée, majoritairement vers la Chine ».
Selon les dirigeants du CIVB, la situation des Bordeaux va mieux, notamment grâce aux actions et à la politique menée, mais l’avenir ne saurait augurer de bonnes choses. D’une part, sur le plan national, l’apathie économique pèse sur les ventes, la campagne de primeurs s’en trouve d’ailleurs en retrait. De plus le marché chinois florissant ces dernières années, va certainement connaitre une décroissance avec l’étude anti-dumping commandée par le gouvernement chinois sur les vins français.
Les dirigeants et les salariés du CIVB ont déjà entamé des négociations, notamment avec le commissaire européen à la concurrence à Bruxelles, et se sont mobilisés pour la communication avec les professionnels girondins de la filière. Il revient par ailleurs au nouveau président du CIVB d’étudier les goûts des Chinois, qui découvrent encore le vin, et d’évoquer la stratégie de communication à renouveler dans le milieu vinicole.
Quoi qu’il en soit, de grands défis attendent Bernard Farges, qui devra faire preuve de beaucoup de tact et de détermination pour faire face à une situation que l’on peut estimer, sans être alarmiste, délicate. Connu pour savoir prendre des décisions radicales mais utiles, tranchantes mais consensuelles, le nouveau président du CIVB semble avoir le profil idéal pour gérer cette situation et prendre les décisions nécessaires afin que le vin de Bordeaux se porte au mieux.
Photos : CIVB et FRANCK PRIGNET / Le Figaro Magazine