Portrait de Francesca Cartier Brickell, dernier témoin de l’histoire Cartier
Biographie

Francesca Cartier Brickell, dernier témoin de l’histoire Cartier

Héritière de la marque Cartier

Francesca Cartier Brickell, héritière de la marque française de luxe a rassemblé des centaines d’histoire sur la marque fondée par ses aïeux et partage aujourd’hui sa connaissance et sa vision de l’industrie du luxe.

Francesca Cartier Brickell, héritière de la marque française de luxe a rassemblé des centaines d’histoire sur la marque fondée par ses aïeux et partage aujourd’hui sa connaissance et sa vision de l’industrie du luxe.

Quand il s’agit de parler de bijouterie de luxe vintage, la qualité du produit ne fait pas tout. C’est bien le nom de la marque qui crée la mythologie qui fait d’un bijou bien exécuté, un bijou de légende. Et surtout si le nom n’est autre que celui de Cartier, le joaillier qui célèbre le savoir-faire français depuis 168 ans.

Si c’est bien Louis-François Cartier qui a ouvert le premier magasin à Paris, la société française ne prendra son envol international que lorsque ses trois petits fils Louis, Pierre et Jacques commenceront à s’intéresser aux affaires de leur grand-père. Les trois héritiers sont bien les responsables du succès de la marque.

Un succès qui ne se dément pas encore aujourd’hui comme l’a confirmé Graeme Thompson, directeur de la joaillerie pour la division asiatique de la maison d’enchères britannique Bonhams : « Lorsque nous mettons aux enchères une pièce de chez Cartier vous pouvez au moins doubler sa valeur comparée à une pièce de même qualité mais sans marque. »  Et pour Thompson de rajouter : « les pièces de Cartier les plus raffinées sont très rares et ceci montre à quelles point elles sont désirées. »

Et ce n’est pas Francesca Cartier Brickell qui dirait le contraire. L’héritière et membre de la sixième génération de la famille Cartier depuis la création de la maison est en effet une experte de l’histoire Cartier qu’elle a largement contribué à faire découvrir.

A la découverte de l’histoire Cartier

Francesca Cartier Brickell n’avait pourtant jamais travaillé pour Cartier, la jeune femme vient en effet du monde de la finance. Mais il y a quelques années, alors que sa famille célèbre l’anniversaire de son grand-père, Francesca tombe sur un vieux coffre rempli de lettres que s’échangeaient ses ancêtres. Un trésor que son grand-père avait déclaré perdu trente ans plus tôt. Cartier Brickell développe une telle passion pour la recherche de l’histoire Cartier qu’elle quitte son travail pour se consacrer à sa nouvelle quête, commence à l’enseigner et écrit un livre.

Cartier : le bijoutier des rois, le roi des bijoutiers

« Durant les dix dernières années, j’ai recherché et étudié ce passé, voyageant autour du monde à rencontrer les gens qui connaissait l’entreprise lorsque c’était une firme familiale à la recherche de vieilles lettres et images », explique-t-elle, « j’ai trouvé d’incroyables correspondances dans les archives d’une université de Saint Louis, Missouri et ai rencontré les vieux enfileurs de perles qui travaillaient pour Cartier dans le Paris des années 1920 et ai interviewé beaucoup des personnes maintenant très âgées qui travaillaient pour mon grand-père chez Cartier à Londres. A cette époque déjà, Cartier était connu pour être « le bijoutier des rois et le roi des bijoutiers ». Convoité par les célébrités, les stars de cinéma, maharajas et membres de la royauté à travers le monde.

Par son travail Francesca Cartier Brickell a largement contribué à faire ressurgir des détails passionnants constituant l’histoire du bijoutier. Son travail nous rappelle en effet que les trois frères Cartier n’étaient pas seulement les artisans de la royauté. Ils étaient avant tout guidés par la créativité. Rappelons qu’on leur doit la conception de la première montre de poignet après qu’un ami pilote se soit plaint que les montres de poche n’étaient pas pratique en plein vol. Ils furent également les premiers à utiliser la platine dans leurs bijoux, bien plus résistante que l’argent, ce qui leur permit de créer des designs bien plus raffinés.

Moderne et classique, magnifique mais discret

La jeune femme nous rappelle également qu’un rien pouvait devenir source d’inspiration, depuis leurs voyages, la mode, l’art ou même la nature. Les trois frères aimaient par-dessus tout la symétrie et le respect des proportions. « Leurs carnets étaient remplis de dessins de balustrades, cages d’escalier ou meubles », rappelle- elle, « Ils ont engagé des designers de différents milieux : designers de tapisserie, dentelle, designers d’intérieur et des architectes. La seule règle, ne rien copier, seulement créer ». Et lorsque Francesca Cartier Brickell interrogea son grand-père sur la spécificité de la marque Cartier, celui-ci répondit que le style Cartier est moderne en restant classique, magnifique mais discret.

Jusque dans les années 70, la marque Cartier était gérée par les membres de la famille. Mais depuis 2012 la marque appartient au groupe Richemont. Le grand-père de Francesca fut le dernier membre de la famille à diriger une branche d’un magasin Cartier jusqu’à ce qu’il le vende dans les années 1970.

Aujourd’hui Cartier gère plus de 200 magasins dans 125 pays et a diversifié son offre proposant ainsi accessoires en cuir, montres ou encore parfums. Mais les experts de l’industrie du luxe craignent que comme bien d’autres marques de légende, Cartier ne prenne le risque de devenir commun offrant bien trop de produits à prix bas, perdant ainsi le sentiment d’exclusivité qui a fait de la maison Cartier ce qu’elle est aujourd’hui.

Pour l’héritière, les années 70 ont marqué un profond changement du monde, l’industrie du luxe évoluait et les gens n’étaient plus enclins à dépenser des fortunes pour des pièces de bijouteries faites main. Tout le monde voulait un petit peu de luxe à moindre prix, ce qui signifiait produire ces objets par machines. De son propre aveu, le grand-père de Francesca ne pouvait se résoudre à produire des pièces de moindre qualité. C’est ainsi qu’il prit conscience qu’il n’était pas l’homme de la situation pour faire avancer la marque.

Mais l’évolution du marché pourrait bien prouver que le grand-père de Francesca avait raison alors que l’industrie de luxe semble avoir fait un tour sur elle-même et que les pièces de bijouterie faites main redeviennent un must absolu.