Olivier Baussan, l’homme qui a mis la Provence en flacon
Fondateur
De la Provence, Olivier Baussan en a tiré son métier, sa carrière, et sa réussite : car depuis les étals des marchés de Forcalquier jusqu’à l’inauguration d’une énième succursale à l’étranger, le parcours du fondateur de L’Occitane est remarquable à plus d’un titre.
Né le 18 juillet 1952, Olivier Baussan passe son enfance dans l’arrière-pays provençal, celui de Giono, avec ses restanques, ses troupeaux de chèvres, ses champs de lavande et d’oliviers. Il court la nature, s’enivre des parfums de la garrigue et prend connaissance des ressources fabuleuses de la flore. A l’âge de 23 ans, le jeune homme, qui poursuit des études de lettres à Aix-en-Provence, tombe un peu par hasard sur un alambic et commence à distiller lavande, romarin et autres senteurs. Sur les marchés où il tient son stand, les bonnes ventes de ses huiles essentielles lui prouvent le bien-fondé de sa démarche. Ses étals se garnissent aussi de savons dont il se lance dans la fabrication suite à sa rencontre avec un savonnier à la retraite qui lui offre moules et outils. L’Occitane est née.
Une idée, un concept : L’Occitane
S’associant avec son ami chimiste Yves Millou, Olivier Baussan crée la marque en 1976 et ouvre son premier magasin à Manosque l’année suivante. Le pari est gagné : les fragrances provençales se vendent au-delà des espérances et de nouvelles boutiques sont ouvertes. Un quasi conte de fées, si l’on en croit le site internet de la marque, qui répertorie les réussites d’un groupe qui emploie aujourd’hui 6 600 personnes à travers 2 238 points de vente dans le monde. Pourtant, L’Occitane a dû faire face à de grandes difficultés dans les années 1990, et ne serait sûrement pas parvenue à une telle réussite sans la complémentarité entre un investisseur visionnaire et le communiquant hors-pair qu’est Olivier Baussan.
Manque de liquidités et repreneur avisé
A la fin des années 1980, l’entreprise est endettée et manque de liquidités pour se développer. Davantage artiste que gestionnaire, le fondateur de la marque doit se décider à en ouvrir le capital en 1992. La société Natural investit alors 40 millions de francs, détient 90% des parts et évince Olivier Baussan de la gestion de L’Occitane. Mais l’entreprise reste déficitaire les années suivantes. C’est alors qu’un nouvel investisseur se manifeste : Reinold Geiger, businessman autrichien surdoué, amoureux du Sud de la France, et qui réintègre Olivier Baussan dans l’entreprise.
L’ambition est grande : conquérir le marché international en vendant l’image de la Provence. L’idée met du temps à séduire les clients étrangers, mais les boutiques, déficitaires dans un premier temps, vont peu à peu séduire, pour finalement susciter un véritable engouement. La société est introduite à la Bourse de Hong Kong en 2010, et son chiffre d’affaires, pour l’année 2013, dépasse le milliard d’euros.
Made in Provence
Car la marque est devenue en quelque sorte l’ambassadrice de cette Provence recherchée par les clients du monde entier. Tous les produits sont fabriqués en France, et la même recette est appliquée dans chaque magasin : devantures jaunes facilement reconnaissables, tomettes au sol, couleurs ocres, paniers d’osier où repose une gamme de cosmétiques aux senteurs de lavande, de verveine, de romarin…
Afin de reproduire partout cette alchimie, les structures des magasins sont fabriquées en France avant d’être assemblées à l’étranger. L’image véhiculée est celle d’une Provence chaleureuse, « des paysages colorés, des villages ensoleillés », selon Reinold Geiger. C’est à Olivier Baussan que l’entreprise doit cette image savamment étudiée. Conservant 5% des parts de L’Occitane, il est en charge de la direction artistique, de la décoration et du packaging.
Une vision particulière et altruiste
Car la personnalité d’Olivier Baussan a joué un rôle majeur dans la réussite de la société, et l’homme a voulu y intégrer toutes les valeurs lui tenant à cœur. Voyageur impénitent, il parcourt le monde au cours des années 1980, découvre le beurre de karité lors d’un séjour au Burkina Faso et décide de l’incorporer à ses cosmétiques. Tout comme l’immortelle Corse, dont il est parvenu à assurer la sauvegarde. Mais il revient aussi de ses voyages avec l’envie de s’engager contre les inégalités, d’où la création d’une Fondation en 2006 dotée d’un budget de 1 million d’euros en moyenne par an. Aide à l’émancipation des femmes au Burkina Faso, soutien aux personnes déficientes visuelles et mécénat font partie de ses champs d’action. « On pense d’abord à se développer mais ce qui est bien selon moi c’est de le faire en permettant aux autres de se développer également ».
Entrepreneur respectueux
Passionné par les échanges, les voyages, la nature, l’homme fait partie de ces entrepreneurs dont la personnalité est en parfaite adéquation avec la marque qu’ils ont fondée. Écologiste de la première heure, Olivier Baussan a voulu son entreprise exemplaire en matière de développement durable, de commerce équitable et de respect de l’environnement (elle a été la première à proposer des écorecharges). « Préserver le patrimoine pour mieux le transmettre, équilibrer le respect de l’environnement, de l’homme et de l’économie. Voilà les valeurs qui me font fonctionner. ». A l’époque de la création de la marque, « il y avait un mouvement de retour à la terre, L’Occitane s’est forgée là-dedans. ».
Poète, écrivant des haïkus à ses moments perdus, Olivier Baussan n’en demeure pas moins un entrepreneur. Fondateur des savons « Le Petit Marseillais », qu’il cède en 2006 à Johnson & Johnson, ainsi que de deux autres sociétés, Oliviers & Co, en 1996, et Première Pression Provence, en 2008, toutes deux spécialisées dans l’huile d’olive et ses produits dérivés. Avec les mêmes images d’authenticité et d’intemporalité de cette Provence dont il est l’ardent défenseur.