La débit 5G bientôt dans l’Hexagone?

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Pour certains, la 5G sera une révolution, l’ultime frontière technologique, si incroyable qu’elle en devient presque magique. Pour d’autres, plus cartésiens, elle peut être résumée par une simple évidence: «comme la 4G, mais en mieux». Qu’en est-il vraiment?

Concrètement

Dans les faits, la 5G devrait permettre une augmentation exponentielle de la vitesse des communications mobiles, oscillant entre 1 et 10 Giga bits par secondes (Gbps). Pour les néophytes, cela équivaudrait à une vitesse d’échange de données environ 100 fois plus rapide que notre actuelle 4G. Et si cela vous paraît encore un peu abstrait, considérez que cela permettrait (théoriquement) de télécharger une série complète en quelques dizaines de secondes.

Au-delà de la simple vitesse de téléchargement, la 5e génération devrait permettre d’accélérer le développement (et potentiellement la démocratisation) de l’imagerie 3D ou holographique, la traduction instantanée, ainsi que l’avènement du «tout-Internet», soit un monde où tous les ordinateurs ou périphériques pourraient communiquer entre eux. L’évolution est donc indéniable et plutôt impressionnante. Cependant, elle semble loin d’être imminente.

Une vitesse qui tarde à arriver

La 5G n’est pas un sujet récent. En juillet 2014, le Suédois Ericsson avait déjà présenté une pré-version de la technologie. Plus tôt la même année, la Corée du Sud annonçait investir plus d’un milliard d’euros pour une mise en place de la 5G prévue pour 2020. Les choses s’accélèrent en 2017 quand le micro-État de Saint-Marin signe un protocole d’accord avec Telecom Italia en vue d’un déploiement expérimental sur le territoire italien, faisant de notre voisin transalpin la première nation à entreprendre des tests poussés et à grande échelle sur la technologie.

Pourtant, selon une étude de l’institut Xerfi, c’est toute l’Europe qui accuse un retard considérable quant au futur déploiement de la 5G. Selon la CTIA, l’organisation représentant l’industrie des télécommunications aux Etats-Unis, la France est particulièrement mauvaise élève. Considérant les sommes d’argent investies dans la technologie, le faible nombre de tests à grande échelle, la France pointe à la 7e place dans l’actuelle course à la 5G, devancée par la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Alors que peu de secteurs peuvent se vanter d’évoluer aussi vite que l’industrie de la téléphonie mobile, certains experts notent qu’il est ironique que la France semble autant avancer à reculons.

2025… ou plus tard?

Toujours selon Xerfi, un «vrai» déploiement de la 5G ne sera pas avant 2025. Si certains opérateurs mobiles (Orange, SFR, etc.) commencent à parler d’une 5G en 2020, la réalité est plus nuancée. Pour le moment, ils prévoient une 5G «non standalone» (non autonome). En clair, la 5G nécessitera la construction de très nombreuses et toutes aussi coûteuses nouvelles antennes. Les premières années, les opérateurs de l’Hexagone devront donc se reposer sur l’utilisation des équipements 4G déjà en place.

Dans le climat ambiant des promotions agressives, les compagnies comme Free ou Bouygues Telecom rechignent à engager de telles sommes pour le moment. Et si Xerfi envisage un véritable déploiement en 2025, il ne sera probablement pas à l’échelle nationale. Comme ce fut le cas pour la 4G ou encore la fibre optique, ce sont d’abord les grandes villes qui en profiteront. Les zones plus rurales du pays devront surement attendre encore quelques années, et on espère une couverture complète du territoire en… 2030.

La patience est donc de mise en ce qui concerne la future technologie, mais aussi la prudence! En effet, malgré toutes les complications énoncées plus haut, certains constructeurs de téléphone n’attendent pas pour fabriquer et distribuer des appareils «compatibles 5G». Avant de dépenser 600 euros dans le prochain iPhone d’Apple, le nouveau Huawei ou le LG dernier cri, rappelez-vous donc que la promesse du 5G n’est pour l’instant qu’un mirage et que, selon l’endroit où vous vivez, vous ne profiterez probablement pas pleinement de ses capacités au plus tôt avant…2025! D’ici là on parlera déjà de la 6G.