L’or et le Bitcoin comme refuges face aux incertitudes géopolitiques
Dans un monde marqué par l’instabilité économique, les tensions géopolitiques et les crises systémiques, les investisseurs cherchent des solutions pour protéger leur patrimoine. Traditionnellement, l’or a toujours été considéré comme une valeur refuge en période de turbulence. Mais depuis plus d’une décennie, un nouvel actif s’invite dans les stratégies de couverture : le Bitcoin. Ces deux actifs, bien que très différents par nature, partagent aujourd’hui un rôle commun dans les discours et les portefeuilles : celui de rempart face à l’incertitude.
L’or est depuis des siècles un symbole de stabilité. En période de guerre, de crise financière ou de forte inflation, il conserve sa valeur mieux que les monnaies fiduciaires. Sa rareté, son universalité et sa fonction de réserve de valeur le rendent particulièrement prisé en temps de panique ou de défiance vis-à-vis des banques centrales. Ainsi, lors de la crise du Covid-19 ou du conflit en Ukraine, le cours de l’or a connu des pics significatifs, reflétant le besoin de sécurité des marchés.
Le Bitcoin, bien qu’infiniment plus jeune, est parfois présenté comme une version numérique de l’or. Créé en 2009, il repose sur un système décentralisé, sans banque centrale ni institution intermédiaire. Son émission est limitée à 21 millions d’unités, ce qui en fait, comme l’or, un actif rare. De plus en plus d’investisseurs y voient une protection contre l’inflation monétaire provoquée par la création excessive de monnaie dans les grandes économies. En 2021 et 2022, de grandes entreprises et même certains États (comme le Salvador) ont adopté le Bitcoin comme réserve ou moyen de paiement alternatif, renforçant sa légitimité.
Les crises géopolitiques récentes, comme la guerre en Ukraine, les tensions sino-américaines ou encore la montée du protectionnisme, ont ravivé l’intérêt pour ces deux actifs. L’or, toujours considéré comme un havre sûr, a vu ses achats augmenter, notamment par les banques centrales de pays émergents souhaitant réduire leur dépendance au dollar. Le Bitcoin, lui, a été utilisé dans certains contextes comme moyen de transférer de la valeur en dehors des circuits bancaires classiques, notamment dans des pays soumis à des sanctions ou à un contrôle strict des capitaux.
Entre l’or stable et un Bitcoin volatile
Cependant, si l’or et le Bitcoin partagent un statut de valeur refuge pour certains investisseurs, leurs profils de risque sont très différents. L’or reste relativement stable et bénéficie d’un marché mondial mature. Le Bitcoin, en revanche, est extrêmement volatile, sensible aux effets de mode, aux décisions réglementaires et aux mouvements spéculatifs. Il n’est pas encore reconnu de manière uniforme par les institutions financières, ce qui le rend moins prévisible. De plus, son caractère numérique le rend vulnérable aux cyberattaques ou à des mesures de répression gouvernementale.
Enfin, certains experts critiquent l’idée que le Bitcoin puisse être un véritable refuge. Sa courte histoire, son absence de valeur intrinsèque et son lien étroit avec les marchés technologiques en font, selon eux, un actif plus spéculatif que protecteur. À l’inverse, d’autres estiment qu’il représente l’avenir d’un système monétaire plus libre et décentralisé, capable de résister aux manipulations des grandes puissances.
Face aux incertitudes géopolitiques croissantes, l’or conserve son statut d’abri historique, tandis que le Bitcoin s’impose comme une alternative audacieuse, encore jeune mais prometteuse. Pour les investisseurs, l’enjeu est de bien comprendre la nature de chaque actif, leur complémentarité potentielle, et les risques qu’ils comportent dans un monde en pleine mutation.
Photos : cryptoast.fr