L’IA nous aide-t-elle pendant la crise mondiale du Covid-19 ?

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L’intelligence artificielle (IA) et le Covid-19 possèdent des destins liés. L’IA est en effet mise à rude épreuve depuis que le virus mondial perturbe notre planète mais son développement devrait être l’une des clés de la sortie de crise grâce à ce qu’elle peut apporter en matière scientifique.

D’abord, l’intelligence artificielle (IA) a été secouée et, comme les humains, prise au dépourvue par la brutalité des changements générés par l’arrêt soudain du développement économique. Elle pouvait prévoir des variations de comportements, des fluctuations économiques mais jamais une aussi brutale récession. Touchée de plein fouet, elle a un peu perdu la tête et les algorithmes de Machine Learning ont déraillé au cours de la crise en se trompant dans les produits à proposer aux consommateurs. 

N’en déplaise à Jeff Bezos, l’algorithme d’Amazon ne comprend plus rien à nos nouveaux comportements de consommateur ! Par exemple, il y a ce cas d’un revendeur en ligne qui constate que son IA revend des stocks qui ne correspondent plus à ce qui se vend : le bouleversement de la demande en est la cause. 

Autre cas, celui d’une entreprise spécialisée dans la détection de la fraude à la carte de crédit qui est contrainte de modifier manuellement son algorithme car certains sites dont elle a la surveillance font face à une explosion soudaine (les outils de jardinage, par exemple). Face à ces changements incohérents pour l’IA, les entreprises doivent accorder plus de temps et de ressources pour des modifications manuelles, ce qui nuit aux modèles économiques en place.

L’IA pas assez efficace pour lutter contre le Covid ?

Ces bouleversements mettent donc en lumière les limites de cette IA qui peut pourtant être la solution pour une sortie de crise en se mettant au service des domaines scientifiques et médicaux. Les chercheurs qui sont à pied d’œuvre pour lutter contre la propagation du Covid-19 peuvent déjà regretter le retard pris en matière d’intégration de l’IA dans les études médicales. 

Très présente dans les domaines commerciaux et marketings, l’IA, bien que développée en sciences médicales, arrive avec un brin de retard qui tente d’être comblé aux quatre coins de la planète. Ainsi de mars à avril 2020, el nombre d’ouvrages spécialisés qui étudient la corrélation entre Coronavirus et IA est passé de quarante à quatre-vingt-dix. Preuve qu’il y a urgence à réunir ces deux-là.

Concrètement, l’IA apporte déjà un certain soutien au personnel hospitalier mais pas encore sur la recherche pure des traces du virus. Ainsi, l’Assistance public hôpitaux de Paris (AP-HP) dispose d’un entrepôt de données concernant 100.000 suspects potentiels dont 25.000 positifs. Grâce à des outils qui permettent d’extraire les éléments importants et pertinents des comptes rendus médicaux, il y a un gain de temps pour traiter les informations, ce qui permet une gestion globale plus efficace du tableau de bord pour répartir les lits ou administrer les traitements aux patients.

L’image comme support de base 

Il y a néanmoins urgence à aller plus loin dans la recherche et la détection du virus. L’image s’affirme comme le support majeur sur lequel l’IA peut fournir le plus de détails. Grâce à un diagnostic à partir des poumons, les experts pourraient prédire des pronostics pour le tri des patients, réaliser des chiffres de prévision ou encore une biochimie du virus. Autant de détails susceptibles d’être fournis par l’IA. 

Ainsi chez Alphabet, la maison-mère de Google, la filiale DeepMind est parvenue à publier cinq structures 3D de protéines-clés du Covid-19 qui permettent de mieux saisir l’action du virus et ainsi de l’enrayer avant qu’il ne se propage. Des chercheurs chinois ont aussi eu recours à l’IA pour publier une étude de trois biomarqueurs sanguins qui peuvent prédire la mort du sujet dix jours à l’avance, pour un taux de vérité de 90 %.

En France, l’institut Pasteur fait partie des plus actifs dans la recherche en misant sur le développement du Deep-Learning dans l’imagerie médicale pour détecter des traces de Covid-19 sur les radiologies et ainsi préconiser des intubations de patients avant qu’il ne soit trop tard. La medtech française Eden-Ash cherche quant à elle à développer une caméra thermique corporelle afin d’automatiser le diagnostic des personnes porteuses. Le scanner thoracique intelligent serait une clé pour détecter les zones d’inflammation d’un poumon grâce à un système qui détecte des zones de chaleur sur une période d’analyse de vingt-quatre heures.

Une nécessaire coopération internationale pour améliorer l’IA 

Les spécialistes, d’où qu’ils viennent, sont unanimes sur la question du partage des savoirs et de l’uniformisation des informations apportées par l’IA. En effet, comme il existe une variété de contextes régionaux différents, il faut donc maximiser l’influence de l’IA en rassemblant les données qu’elle peut apporter et en intégrant davantage les spécialistes scientifiques à ces études. Car l’erreur fréquente est d’accumuler des données sans réel projet scientifique derrière. 

Le rassemblement des données relève malheureusement d’un enjeu politique et économique, sans compter le problème des libertés individuelles car il s’agit de données personnelles. La Chine, par exemple, publie ses algorithmes mais refuse de transmettre ses data-sets aux spécialistes étrangers. Or, une coopération internationale ne peut être que la clé pour sortir au plus vite de la crise sanitaire mondiale qui se joue actuellement. Malheureusement, les considérations mercantiles qui régissent les rapports internationaux provoquent un individualisme inefficace car chacun voudrait tirer profit de la solution qui réglerait la crise.

En attendant son impact scientifique et l’aide sanitaire qu’elle apportera sur le long terme, l’IA reste toujours aussi prisée par les entreprises commerciales, développée avec acharnement afin d’être la clé des sorties de crises économiques. Les comités directeurs cherchent en effet à miser sur l’IA dans les domaines RH, marketings, financiers et logistiques pour être le moins impactés possibles par l’arrêt prolongé des activités. 

Bien que challengée vigoureusement par le Covid-19, l’IA conserve toujours la confiance des investisseurs et demeure la clé de l’avenir. 

Photos : coe.int / bbci.co.uk / spectrum.ieee.org