Millennials et épargne : la sécurité avant tout

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Loin des idées reçues, la « génération Y » se révèle extrêmement sage dans son rapport à l’épargne.

Ils sont l’objet d’innombrables sondages. Sur Internet ou sur les étals des libraires, des milliers de pages tentent de décoder leur culture, leur comportement, leurs préoccupations. Les entreprises et les startup les courtisent, tandis que les marques en ont fait une cible marketing incontournable. Car les « Millenials », nés entre 1980 et 2000, sont de grands consommateurs et disposent d’un pouvoir d’achat non négligeable. Mais qu’en est-il de leur épargne ?

Ne pas prendre de risques

Aventureux et innovants, les Millennials ? Si ces qualificatifs peuvent s’appliquer dans de nombreux domaines, cela ne semble pas être le cas en matière d’épargne. C’est, du moins, ce que démontre une récente étude se penchant sur les pratiques financières des 18-35 ans. Une chose est sûre : la notion d’épargne met tout le monde d’accord, puisque 96 % des personnes interrogées disposent d’un livret, qu’elles alimentent régulièrement. Ces placements sont orientés surtout vers la sécurité, puisque les solutions privilégiées restent en très grande majorité le Livret A, le Livret de développement durable et solidaire et le Livret jeune. Le PEL séduit 40 % des sondés, et 31 % d’entre eux détiennent une assurance-vie. Le métal jaune exerce aussi un attrait particulier auprès de cette tranche d’âge : 12 % des Millennials interrogés détiennent de l’or, contre une moyenne de 8 % pour le reste de la population.

L’actionnariat, pour séduire, doit être sûr : les entreprises qui attirent le plus les jeunes investisseurs font majoritairement partie des grands du CAC40. Mais l’un des traits les plus distinctifs de cette génération demeure son appétence pour le financement participatif, pratiqué par le quart des personnes interrogées.

Les leçons de l’enquête

Plusieurs interprétations peuvent être avancées suite à cette étude. En premier lieu, la recherche de sécurité dans les placements trahit un certain manque de confiance dans l’avenir. L’emploi demeure l’une des principales préoccupations des jeunes, notamment des non-diplômés, alors que 60 % d’entre eux ne trouvent aucun travail après avoir quitté l’école. Et ceux qui, au contraire, ont aligné les années d’études doivent souvent rembourser un prêt étudiant, situation difficilement conciliable avec des prises de risque financières.

La perception de l’investissement a quant à elle évoluée vers une quête de sens. Les « digital natives », nés avec l’essor d’Internet, plébiscitent les financements participatifs et solidaires et se trouvent en symbiose avec les canaux de communication utilisés par les plateformes de crowfunding, dont les campagnes se jouent le plus souvent exclusivement sur les réseaux sociaux. Enfin, le fait que relativement peu de jeunes choisissent la Bourse est dû au manque de connaissance des mécanismes financiers en général, et boursiers en particulier. Plus du tiers d’entre eux se déclarent freinés par leur méconnaissance des démarches à suivre pour investir ainsi que par le manque d’informations.

Une clientèle très courtisée

Cette méconnaissance de la finance incite plusieurs acteurs à se lancer à la conquête des 18-35 ans, qui représentent le quart de la population française. Les banques misent sur la conquête des smartphones et des réseaux sociaux, espérant orienter de nouveaux clients vers des placements financiers autres que les traditionnels livrets. Des start-up se développent aussi afin de sensibiliser les jeunes au monde de la finance. C’est le cas de l’application « Bruno », qui ambitionne de devenir le premier conseiller bancaire de cette tranche d’âge. Une fois installée, elle communique avec l’utilisateur via Messenger, l’informant de l’état de ses finances, lui permettant d’épargner lorsque sa situation est au beau-fixe ou l’avertissant au contraire lorsqu’elle se dégrade. De quoi aider cette génération à se constituer un patrimoine, objectif d’une majorité d’entre eux, alors que dans un même temps 69 % déclarent ne pas en posséder.

Si le contexte dans lequel évoluent les Millennials s’avère bien différent de celui qu’ont connu leurs parents, leurs attentes demeurent sensiblement identiques, de même que les moyens d’y parvenir. En matière d’épargne, les générations passent, mais les comportements semblent (presque) immuables.