GPI : Un grand plan pour investir dans l’avenir
Emmanuel Macron l’avait promis au cours de la campagne présidentielle. Edouard Philippe l’avait annoncé lors de son discours de politique générale. Le Grand plan d’investissement (GPI) a finalement été présenté à Matignon le 25 septembre dernier. Au cœur des préoccupations : la transition écologique, l’emploi, le numérique et l’innovation.
Relever des défis majeurs
Le GPI a été présenté à Matignon en présence du Premier ministre et de l’économiste Jean Pisani-Ferry. Ce dernier, principal artisan de ce plan et qui a joué un rôle majeur dans l’élaboration du programme d’En marche !, a expliqué qu’il s’agissait de « répondre à nos retards, sur l’emploi et la productivité », ainsi que de redonner à la sphère publique une culture de l’investissement sur du long terme.
Après avoir négocié avec Bercy durant de longues semaines, quatre axes prioritaires ont été dégagés afin « d’accélérer l’adaptation de la France aux enjeux du XXIe siècle ». 57 milliards d’euros d’investissements seront répartis au cours du quinquennat en faveur de l’écologie, de l’emploi, de la compétitivité et du numérique. Si l’Etat investit déjà dans ces secteurs, la mise en place du Grand plan garantira, selon le gouvernement, une approche globale et un suivi constant de l’efficacité des mesures.
Préparer la transition écologique
20 milliards d’euros seront alloués à la transition écologique. Près de la moitié de cette somme (neuf milliards) sera mobilisée afin de lancer un grand chantier de rénovation thermique des bâtiments. Responsables de 20 % des émissions des gaz à effet de serre, les « passoires thermiques » dénoncées par Nicolas Hulot devraient, grâce au plan, se trouver réduites de moitié. Pour ce faire, des aides à la rénovation seront débloquées pour inciter les ménages les plus modestes à réaliser des travaux d’isolation. Les organismes HLM bénéficieront quant à eux de prêts spéciaux accordés par la Caisse des Dépôts.
Le recours aux énergies renouvelables et leur exploitation devront être facilités par une enveloppe de sept milliards, qui financera principalement l’innovation et les initiatives tant entrepreneuriales qu’individuelles. Enfin, les transports seront aussi concernés par le Grand plan, à hauteur de quatre milliards d’euros. Les réseaux routiers et ferroviaires seront rénovés, et des mesures incitatives auprès des particuliers devraient permettre un renouvellement du parc automobile vieillissant.
« Edifier une société de compétences »
Secteur clé s’il en est, l’emploi sera logiquement concerné par le GPI. Les Français les moins qualifiés seront les premiers bénéficiaires des 15 milliards d’euros alloués pour l’emploi. Sur les cinq années que durera le Plan, deux millions de personnes devraient recevoir une formation longue et qualifiante, l’objectif étant de ramener au moins 300.000 demandeurs d’emploi à la vie active. Le décrochage scolaire sera combattu par une meilleure formation des maîtres et des professeurs et par une refonte du premier cycle universitaire. Formation, orientation, insertion professionnelle et accompagnement devront donc s’en trouver améliorés, limitant l’abandon des études. Alors que 6 % des Français diplômés sont actuellement confrontés au chômage, le chiffre passe à 18 % s’agissant des non-qualifiés.
Accompagner la compétitivité et l’innovation
6e puissance scientifique mondiale, la France est cependant confrontée à une forte concurrence internationale. 13 milliards d’euros vont être consacrés à l’innovation, par le biais du système d’enseignement, de l’entreprise et de la recherche. Des secteurs en pleine mutation, comme l’intelligence artificielle, la Big Data, la cybersécurité ou encore les nanotechnologies feront l’objet de mesures favorisant la prise de risque. Nombre de chercheurs ou d’entreprises innovantes manquent encore de crédits dans ces domaines pourtant stratégiques pour l’avenir. Des concours d’innovation seront organisés, et les lauréats bénéficieront d’un investissement direct de l’Etat. Des secteurs plus traditionnels mais soumis à un besoin d’adaptation, tels que l’agriculture ou la pêche, seront aussi concernés par des mesures de financement.
Nouveaux crédits pour nouvelles technologies
Quatrième secteur ciblé par le GPI, le numérique bénéficiera d’une enveloppe de neuf milliards d’euros. L’effort se portera essentiellement sur la modernisation du secteur public, administrations et hôpitaux. La dématérialisation des actes et les solutions d’e-paiement devraient être généralisées à l’horizon 2022, ce qui permettra une réduction substantielle des dépenses publiques. Les maisons de santé, les équipements hospitaliers et la recherche médicale seront soutenus par des crédits supplémentaires, tandis que le numérique jouera un rôle accru auprès du patient. L’utilisation du dossier médical universel, l’augmentation des services disponibles en ligne ainsi que la télémédecine feront l’objet d’attentions particulières.
Un Grand plan effectif dès 2018
La surprise n’a pas été créée par les mesures, dont bon nombre avaient été annoncées au cours des semaines précédentes, mais par le budget consacré à ce plan. Les 57 milliards d’euros mis en œuvre en font un projet plus ambitieux que le Grand emprunt de Nicolas Sarkozy (35 milliards) ou que le Programme d’investissement d’avenir de François Hollande (12 milliards). Pour autant, seuls 30 milliards du budget total du GPI proviendront de nouveaux crédits, les autres sommes provenant du redéploiement de fonds existants (12 milliards) ou encore de prêts prodigués par la Caisse des Dépôts et par la Banque publique d’investissement. Le plan devrait être lancé dès 2018 et bénéficiera pour cette première année d’un crédit de 7,5 milliards d’euros.