LA FUSION ENTRE « RYANAIR » ET « AER LINGUS » RETOQUÉE !

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Un nouveau coup de massue dans le monde des fusions acquisitions. En effet la compagnie aérienne low-cost Ryanair vient de voir son offre d'achat sur la compagnie aérienne Irlandaise AER Lingus déboutée par la commission européenne à la concurrence en date du 27 février 2013.

Le poids politique des actionnaires de la compagnie AER LINGUS

À ce jour, les principaux actionnaires de la compagnie AER LINGUS sont RYANAIR avec 29,82% de parts, l’État Irlandais, actionnaire à hauteur de 25,11% et Dennis O’brien, un entrepreneur Irlandais propriétaire de la compagnie de téléphonie mobile Digicel.

Le groupe AER LINGUS est organisé autour de 3 pôles d’activité : le transport de passagers (96% du CA avec 9,5 millions de passagers transportés à fin 2011), le transport de fret (3,3%) ; et autres (0,7%). À fin 2011, le groupe AER LINGUS disposait d’une flotte de 43 avions.

Les raisons évoquées par la commission Européenne au refus de fusion

Les raisons du refus de fusion évoquées par les hautes instances européennes sont multiples. Une principale étant l’hypothèse d’une hausse incontournable des prix des billets pour les passagers européens et irlandais en réduisant, d’après Joaquín Almunia, le commissaire européen à la concurrence, l’importance de la concurrence. D’ailleurs elles dénoncent, également, la stratégie inadaptée décrite dans l’offre de rachat de RYANAIR évoquant des problématiques concurrentielles qui pourraient toucher 46 liaisons.

La réponse de RYANAIR : la contre-attaque !

Et pourtant, il ne s’agit pas de la première offre que RYANAIR fait à AER LINGUS, mais la troisième depuis 2007. Toutes ont été refusées depuis par la commission Européenne. Il est évident que seules les raisons techniques ou considérations concurrentielles et commerciales de ce dossier ne peuvent suffire à répondre entièrement au rejet de cette proposition de rachat par RYANAIR. Il s’agit bien d’une stratégie politico-financière à laquelle nous assistons.

Ce qui ne paraît pas avoir échappé à RYANAIR qui a d’ailleurs signalé son intention de faire appel de cette décision, selon un communiqué de la compagnie:

« Nous croyons que nous avons de bonnes raisons de faire appel et d’obtenir l’annulation de cette interdiction politique ». En ajoutant : »nous regrettons que ce rejet soit manifestement motivé par des intérêts politiques à courte vue plutôt que par des préoccupations liées à la concurrence ».

La position délicate d’AER LINGUS

Quant aux positions d’AER LINGUS ? Il devient vital pour ce groupe de trouver un nouvel élan commercial et financier. Un élan immobilisé, à ce jour, par l’actionnariat de l’État Irlandais et de la prise de participation de son principal concurrent RYANAIR. Il est évident que les actions cotées en bourse de la compagnie irlandaise manquent de liquidité et sa stratégie commerciale a besoin cruellement d’impulsion surtout dans un marché qui se veut aujourd’hui ultra concurrentiel.

Un dossier politique en trame de fond

Il est intéressant de constater que, le mois de mars dernier, RYANAIR a communiqué sur l’hypothèse d’une commande géante de 200 appareils pour environ 18 milliards de dollars auprès de Boeing. N’y-a-t-il pas là une raison d’entrevoir une réponse à grande échelle au refus de fusion avec AER LINGUS par la commission Européenne ? Ou bien, est-ce-que la commission européenne ne serait-elle pas plus enclin à valider ce projet d’acquisition si RYANAIR choisissait Airbus à Boeing?

Cela reste bien sûr qu’une spéculation, mais quand il s’agit de marché aussi important, nous pourrions presque y croire! L’avenir de cette négociation nous promet son lot de rebondissements ! Entre intérêts financiers et stratégies commerciales, pressions politiques et Lobbying, nous allons assister à une vraie bataille de « haute voltige »!