InsurTech : assurez-vous contre l’ubérisation !
Après les FinTech ce sont les InsurTech, ces startups du secteur des assurances, qui ont le vent en poupe avec près de 2,5 milliards de dollars d’investissement depuis 2010. Menacés par l’émergence soudaine de ces nouveaux acteurs assurantiels grâce aux nouvelles technologies, les assureurs historiques ripostent.
De nombreux secteurs sont aujourd’hui en train d’être « ubérisés », des transports avec le célèbre Uber à la restauration avec Vizeat, en passant par l’hôtellerie avec AirBnb et Booking. Les assurances n’échappent pas à ce phénomène et connaissent l’arrivée de nouveaux acteurs numériques : les InsurTech.
Bref rappel : l’ubérisation, néologisme créé depuis la révolution du transport des personnes amorcée par Uber, désigne le phénomène de brusque disparation d’une activité historique, effacée par un nouvel entrant du marché propulsé par des nouvelles technologies, notamment les applications smartphones.
Les assurances s’ubérisent
Ce phénomène est également présent dans le monde de l’assurance. Par exemple aux Etats-Unis, la start-up Oscar offre des polices d’assurance personnalisées. Devis en ligne, application dédiée, téléconsultations gratuites, le petit nouveau s’inscrit totalement dans la révolution numérique et a très rapidement remporté des parts de marché outre-Atlantique.
D’autres InsurTechs ont vu le jour comme Inspeer, une plateforme de mutualisation des coûts de franchise, l’application Knip qui permet de comparer les prix des assurances de façon très personnalisée ou encore Zenefits qui propose de gérer les assurances sociales de ses employés. Toutes des entreprises innovantes alliant « Insur » et « Tech ».
Si ces nouvelles sociétés ont secoué le marché de l’assurance, elles n’ont pas pour autant évincé les acteurs historiques, qui ont adopté une stratégie défensive : ils investissent massivement… dans les InsurTech.
Investissement : nouvelle police d’assurance contre l’ubérisation ?
Plus solides financièrement que les hôteliers ou les compagnies de taxis, les assureurs ont la possibilité d’investir des sommes conséquentes dans les sociétés qui les menacent afin de garder la main mise. Paradoxal ? Pas vraiment, car même si le cœur de métier des assureurs historiques se transforme, les anciens gardent le contrôle des nouvelles InsurTech et restent maîtres du jeu.
200 millions d’euros c’est, par exemple, la coquette somme qu’Axa a investi pour se protéger des nouveaux entrants. A la manière de l’américain Mass Mutual ou du chinois Ping An, la compagnie a opté pour la création d’une société de capital-risque afin de prendre des parts dans des InsurTech.
L’assureur Covéa quant à lui a créé sa propre structure d’investissement, Covéa Next. Il est ensuite entré au capital de Wezzoo, une start-up qui collecte des données météorologiques, ainsi qu’au capital de Cbien.com, une application qui offre de recenser les biens des particuliers ainsi que les assurances qui y sont rattachées afin d’optimiser les polices d’assurance souscrites.
Plutôt que de lutter contre les nouveaux entrants, les acteurs historiques du marché ont donc décidé d’accompagner – et de contrôler ! – leur développement en les finançant. Pour eux, la vraie menace se situe plutôt au niveau des géants du Web.
Le spectre des GAFA
Champions de la donnée, les GAFA – Google Amazon Facebook Apple – pourraient en effet accélérer l’ubérisation du secteur des assurances et dévaster les acteurs historiques du marché.
L’obtention de renseignements sur les assurés est un élément clef du métier d’assureur. Elle permet de personnaliser au maximum les offres, de mieux cibler le marché et d’avoir un portefeuille de clients plus rentable. Si les acteurs de l’assurance possèdent d’importantes bases de données, les InsurTech en possèdent peu. Contrairement aux GAFA, dont le modèle économique repose entièrement sur la collecte et la revente des données.
A l’heure actuelle, les GAFA n’ont pas encore investi le marché et ils laissent le champ libre aux acteurs historiques. Cependant grâce aux renseignements qu’ils possèdent sur les utilisateurs, ces géants du web pourraient faire une entrée tonitruante et s’imposer en tête du marché au détriment des assureurs classiques. Face à cette menace, les groupes d’assurance créent des alliances avec les InsurTech, troquant ainsi leur vaste base de données contre l’agilité de ces startups. L’assureur Aviva a par exemple lancé en novembre un défi public visant à multiplier les partenariats avec les InsurTech, et Inspeer va bientôt s’allier à une grande compagnie – dont le nom n’a pas encore été révélé – afin d’accéder aux données des assureurs.
Si des startups innovantes voient le jour dans le secteur des assurances, la puissance financière des anciens acteurs leur permet d’investir dans les nouveaux entrants et de rester maîtres du jeu. Reste à savoir jusqu’à quand, car l’ombre des GAFA plane sur les assureurs.