Les pharmatech pointent (enfin) le bout de leur nez

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En retard en matière de développement digital, le secteur de la pharmacie connait depuis peu quelques développements intéressants qui devraient modifier en profondeur un modèle qui avait besoin de s’adapter aux nouvelles pratiques d’e-commerce et d’e-santé.

En retard en matière de développement digital, le secteur de la pharmacie connait depuis peu quelques développements intéressants qui devraient modifier en profondeur un modèle qui avait besoin de s’adapter aux nouvelles pratiques d’e-commerce et d’e-santé.

Pharmacie et digital, on en est où ? Alors que de nombreux secteurs ont entamé leur transformation digitale depuis longtemps, celui de la pharmacie a pris un train de retard. Mais les choses bougent, surtout que le secteur de la pharmacie se trouve à un carrefour entre deux mondes particulièrement avancés en matière de digitalisation : la santé et le commerce de retail. 

Pour illustrer cette tendance dynamique, il est intéressant de se pencher sur le village E-santé organisé en mars 2023 par PharmagoraPlus pour évoquer la pharmacie de demain avec tous les acteurs de cet écosystème. Au programme de ce rendez-vous, des débats, des ateliers et surtout, une conférence autour de l’innovation et un concours pour récompenser la meilleure start-up qui œuvre dans le monde des officines. Parmi les candidats au concours, beaucoup de beaux projets ont été recensés, portant sur l’ensemble des problématiques de la pharmacie.

Remplacement, livraison, information, communication…

On peut ainsi citer 24/7 Services, une offre qui se concentre sur le remplacement en pharmacie afin de résoudre les problèmes d’effectif à toute heure. Dans le même esprit, RemplaFrance met en relation les pharmaciens et les remplaçants. CareAnimations, de son côté, a développé une plateforme visant à mieux sensibiliser les clients sur les pratiques en matière de médicaments prescrits. Son outil, appelé Watchyourcare, propose des vidéos ou des pictogrammes animés faciles à comprendre. Niveau communication, il faut aussi citer Boost, qui cherche à aider les pharmaciens à améliorer leur communication digitale. Enfin, on peut également évoquer Trimed’s qui est porté sur l’environnement et cherche à contrôler le marché des médicaments ayant atteint la date de péremption. 

Faks, une levée à 5 millions d’euros pour la gestion des fournisseurs

Pas présente à ce concours mais parmi les projets de pharmatech les plus avancés, la start-up Faks vient de lever 5 millions d’euros début 2023, montant ainsi à un total de 7 millions d’euros de financement depuis sa création en 2020. La dernière somme, très importante, a été levée auprès de Seedcamp, Connect Ventures et Cocoa VC et va lui permettre de recruter une douzaine de personnes, la moitié au développement et l’autre pour la partie commerciale. L’objectif suivi par Faks est de gérer toute la logistique d’après-vente (produits périmés, réclamations ou gestion des promotions) auprès des fournisseurs. Car, selon les fondateurs de FAKS, la gestion des fournisseurs représente 30 % du temps du pharmacien : un ratio trop important et qui empêche de se concentrer sur le cœur du métier, à savoir les laboratoires et les patients. Surtout que les pharmacies traitent en moyenne avec 100 fournisseurs et chacun possède un mode de fonctionnement différent.

En mai 2023, soit trois ans après son lancement, Faks a déjà séduit 13 000 pharmacies sur les 20 000 présentes en France via des partenariats. En parallèle, elle compte 12 clients parmi les laboratoires et envisage de se développer à l’international car ses clients sont des groupes qui traversent les frontières.

Avec ce développement éclair, Faks montre la voie aux pharmatech. Quelques mois plus tôt, c’est Livmed’s qui a bénéficié d’un investissement d’un million d’euros réalisé par le géant Sanofi. Livemed’s, développée à Nice, ambitionne de livrer des médicaments à domicile en 24/24 et 7/7. Aujourd’hui, elle distribue déjà plus de 425 000 références en moins d’une demi-heure dans plus de 200 villes de France. Son réseau a séduit un millier de pharmaciens et 15 000 coursiers sont sollicités pour livrer à vélo ou en véhicule électrique tout en respectant les normes du transport médical (sacs isothermes, notamment). 

Quelle pharmacie pour le futur ?

Alors, que disent ces tendances sur la pharmacie de demain ? Les pharmatech, après les healthtech, veulent faire bouger un système qui est resté le même depuis plusieurs décennies. L’ambition est de dépoussiérer certaines pratiques pour faciliter la vie des pharmaciens, notamment en les libérant de certaines tâches chronophages. Ainsi, ils pourraient davantage se concentrer sur la relation avec la clientèle… Mais si l’on regarde la perspective autrement, on peut aussi envisager que les pharmatech réduisent le personnel et ce, pour deux raisons : du temps de gagné sur la gestion fournisseurs et une baisse du nombre de clients en boutique grâce aux livraisons. 

L’autre conséquence négative pourrait être une perte de stabilité professionnelle pour les pharmaciens salariés grâce aux outils de remplacements qui permettent aux propriétaires des officines de disposer de davantage de flexibilité. 

En attendant le développement de ces hypothèses, on peut déjà être sûr d’une chose : la pharmacie, suivant la tendance des autres secteurs, va connaître une profonde transformation à moyen terme.

Sources : bpifrance.fr – sanity.io