Rakuten, géant nippon du web marchand
La société Rakuten est en passe de devenir le nouveau mastodonte du web marchand. Son acquisition, en février dernier, de l’entreprise Viber et de l’application du même nom, vient s’ajouter à la longue liste de rachats entrepris par le groupe japonais dans le but de devenir le numéro 1 mondial du fournisseur de services Internet.
La société Rakuten a commencé comme un site de vente en ligne en 1997 au Japon sous le nom de MDM. Elle lance ce qu’elle appelle un « centre commercial » sur Internet sous le nom de Rakuten Ichiba avec 6 employés et seulement 13 vendeurs, dans une société persuadée que le web marchand n’a aucun avenir et que personne ne montrera d’intérêt aux achats sur Internet. A l’époque, les quelques sites ressemblant un tant soit peu à des sites marchands ne sont en fait rien de plus que des catalogues en ligne et l’originalité de la société Rakuten est à la mesure de son audace.
L’idée de Rakuten est dans un premier temps de créer une plateforme virtuelle visant à connecter les magasins et détaillants avec leurs clients. Un monde ou marchands et clients peuvent interagir de la même manière que dans le monde réel et ou les échanges peuvent être tout aussi excitant, informatif et personnels.
Un concept gagnant
Le concept s’avère finalement être un grand succès et le site atteint, en quelques années, une renommée exceptionnelle. Il entre en bourse en 2000 et se place en 2004 en deuxième position en termes de fréquentations, juste derrière Yahoo.
Depuis lors, le groupe Rakuten n’a eu de cesse d’élargir ses services en rachetant des entreprises existantes et en en créant de nouvelles. Dans le large panel de ses activités commerciales, on trouve de tout : e-commerce bien sûr, mais également ebooks (le groupe a racheté en 2011 le fabriquant de liseuses canadien Kobo), agence de voyage en ligne, services bancaires et de paiement en ligne, marketing en ligne, sports (Rakuten a créé la première franchise de baseball professionnel au Japon : les « Tohoku Rakuten Golden Eagles »), etc. Parmi les géants du Web racheté par la machine Rakuten, on trouve notamment l’un des leaders de l’e-commerce français : PriceMinister, racheté en juin 2010, ainsi que la société américaine Buy.com, acquis en septembre 2011.
En 2008, le chiffre d’affaire dépassait 1,1 milliard de dollars et l’entreprise emploie plus de 3500 collaborateurs.
Extension et scandales
Sa dernière acquisition en date, le rachat de Viber, permet au géant d’élargir sa palette de services à la téléphonie et messagerie en ligne. Viber Media est conceptrice de l’application du même nom, concurrente de Skype, qui permet de téléphoner et d’échanger des messages et images via les smartphones. La société revendique 280 millions de clients dans le monde, une nouvelle audience de taille, à la mesure de Rakuten.
Le site, actuellement une des 10 plus grosses entreprises du Web, se donne pour mission de « donner les moyens aux personnes et aux sociétés grâce à Internet ». Son envergure ne le met pourtant pas à l’abri des scandales auxquels sont souvent confrontées les plus grandes entreprises mondiales. Le leader était ainsi accusé en mars par l’Agence d’investigation environnementale d’être « la principale plateforme au monde d’achat en ligne d’ivoire et de viande de baleine », alors même que Rakuten s’engageait sur son site à respecter des politiques de protection de l’environnement. Un comportement que l’agence jugeait comme « cynique ».
Par chance, le site a su se montrer réactif et a publié, à la suite de l’interdiction de la chasse à la baleine japonaise dans l’Antarctique, une directive demandant à ses commerçants affiliés d’arrêter de vendre de la viande de baleine de toute origine, ainsi que de la viande de dauphins. Une nouvelle déontologie ou une stratégie marketing? A suivre…