Big Data : la France va-t-elle rater le nouvel Eldorado économique

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En permettant le traitement de gigantesques volumes de données, le Big Data offre d’alléchantes perspectives économiques. A tel point que l’on parle déjà de quatrième révolution industrielle. Le deuxième salon parisien du Big Data témoigne d’un intérêt croissant de la France pour le phénomène. Pour autant l’hexagone affiche déjà un retard certain.

L’intérêt pour le Big Data ne cesse de croître en France. Pour sa deuxième édition, le congrès parisien du Big Data a accueilli 25OO participants contre 700 l’année dernière. Selon Blandine Laffarge organisatrice de la manifestation, si le concept du Big Data était encore sujet à interrogations voir à confusion en 2012, les enjeux sont maintenant largement identifiés par les entreprises.

IBM, Google, Microsoft, Bull, Amazon, Oracle…

Qualifié parfois de quatrième révolution industrielle, le Big Data concentre toutes les énergies de  ce début de XXIème siècle. L’ensemble des acteurs du secteur informatique (IBM, Google, Microsoft,  Bull, HP, Amazon, Oracle…) s’est déjà positionné, ainsi que des entreprises spécialisées (Teradata,  Apache Hadoop…) mais aussi des start-up (Cinequant, Safetyline…).

L’enjeu est de taille. Avec l’expansion de la société numérique, le monde connait un véritable  déluge informationnel. 18 milliards de Téraoctet (To), tel est selon le cabinet IDC (International Data  Corporation), le volume mondial de données échangées en 2011. Il devrait être multiplié par 44 d’ici  2020 (on estime qu’un Téraoctet équivaut à 340 millions de pages A4).

Or toutes ces données peuvent être converties en bénéfices pour les entreprises. Il faut à cette fin, pouvoir les exploiter, les traiter et les analyser. C’est l’objectif du Big Data. Il s’agit de transformer le gisement en or pur. Le cabinet IDC définit le Big Data comme « le phénomène faisant référence à des technologies, outils, processus permettant à une organisation de créer, manipuler et gérer de très larges quantités de données, afin de faciliter la prise de décision rapide ».

Analyse des sentiments avec Autonomy Idol de HP

Les gains sont attendus dans tous les domaines de l’économie : amélioration des marges ; réduction  des coûts mais aussi développement d’activités innovantes. Les estimations avancées par le cabinet  McKinsey ont de quoi donner le vertige : 60% d’augmentation des marges nettes, 15 à 20% de  réduction des coûts, un temps de développement de nouveaux produits réduit de 50%. C’est un  nouvel Eldorado ! En outre, l’application des technologies Big Data générerait, selon l’étude du  cabinet Gartner, un chiffre d’affaires direct de l’ordre de 36 milliards de dollars en 2013 contre 28  milliards en 2012.

Pour tirer profit de ce phénomène, les entreprises vont devoir recourir à un nouveau type d’expert : le data-scientists (expert en science des données). Le data scientist, que la Havard Business Review qualifie déjà de « job le plus sexy du XXIème siècle », est spécialiste de l’analyse de données, de la science informatique, mais aussi de la stratégie business, marketing, des RH et de la production. La demande est aujourd’hui si forte (Gartner estime à 4,4 millions le nombre d’emplois créés dans le monde d’ici 2020) que des grandes écoles comme Télécom Paris Tech proposent déjà des filières spécialisées.

Car le business n’attend pas et les applications fleurissent déjà dans de nombreux secteurs. SFR propose depuis deux ans un service de publicité géolocalisée. L’idée consiste à informer le client sur des offres commerciales, via son mobile, en fonction de ses déplacements. Autre application, la plateforme Autonomy IDOL (Intelligent Data Operating Layer) de HP présente une fonction analyse de sentiments. En couplant la détection de mots-clés avec l’étude du spectre vocal lors d’une conversation téléphonique, on peut, par exemple, détecter l’émergence d’un conflit entre un opérateur et un client.

11 millions d’Euros pour soutenir la filière Big Data en France

Pour expliquer cette tiédeur, plusieurs raisons sont invoquées. Le manque de visibilité sur les retombées, des interrogations sur les usages, une certaine prudence au moment de confier ses données à un prestataire externe. Selon Pierre Delort, président de l’association des DSI (Directeur des Systèmes d’Information), il existe aussi une différence culturelle entre la France et les pays anglo- saxons plus enclins à faire confiance aux analyses statistiques.

Conscient de ce retard, le gouvernement vient d’annoncer, par la voix de Fleur Pellerin ministre déléguée chargée de l’économie numérique, un programme d’investissement de 11 millions d’euros pour promouvoir le développement du Big Data dans l’hexagone. Sept projets couvrant l’ensemble de la filière -de l’exploitation des données aux applications business- vont être soutenus.

Une décision accueillit avec un réel soulagement par les acteurs français du secteur. Par ailleurs, plusieurs analystes estiment qu’après un démarrage lent, le Big Data devrait prendre son envol en France à l’horizon 2014. Reste à savoir si le retard initial sera rattrapé !