Pourquoi la Chine part-elle à la conquête de l’espace ?
Depuis l’envoi de la Longue Marche 1, sa première fusée en 1970, la Chine avait pris beaucoup de retard sur le plan de la conquête de l’Espace.
Un retard vite rattrapé, et une ascension accélérée à partir de 1999 et l’envoi d’une première capsule inhabitée. En 2003, la Chine envoie son premier taïkonaute dans l’espace. Elle réalise sa première sortie extravéhiculaire en 2008.
En 2011 est mise en place la première station spatiale chinoise, et à peine cinq ans plus tard, les premiers éléments d’une seconde station spatiale sont mis en orbite.
Avec le développement de nouvelles fusées et même d’un vaisseau cargo automatique, la Chine est rapidement devenue autonome, et elle est désormais avec la Russie, le seul pays à disposer de ses propres moyens d’accès à l’espace pour ses taïkonautes.
A l’assaut de la Lune et de Mars
Une fois ce retard rattrapé, le programme spatial chinois s’est brusquement accéléré, et le pays a montré ses ambitions. En 2013, un premier robot lunaire est envoyé afin de faire des prélèvements. En janvier 2019, la Chine fait pour la première fois de l’Histoire alunir un objet de fabrication humaine sur la face cachée de la Lune, le robot Yutu 2. En décembre 2020, la mission Chang’e 5 permet de ramener pour la première fois en 40 ans des échantillons provenant de la lune.
L’objectif de la Chine : un premier vol habité vers la Lune dans les années 2030, avant d’y mettre en place une présence permanente. Une sorte de station lunaire.
L’Empire du milieu est également parti à la conquête de Mars avec l’envoi d’un Rover qui pourrait bien être le premier à ramener des échantillons de la planète rouge sur Terre.
Un enjeu de souveraineté économique
Quels sont les intérêts de la Chine à devenir un acteur majeur de la conquête spatiale?
L’occupation de l’espace, notamment via des satellites, est devenue un enjeu de souveraineté majeur. Économiquement, mais aussi pour la sécurité de ses infrastructures, la Chine, première puissance économique mondiale, a besoin d’assurer son indépendance dans de nombreux domaines. Même pour des applications civiles, elle ne peut se résoudre à dépendre de puissances extérieures pour l’utilisation de données GPS, météorologiques, ou encore pour son réseau de télécommunication.
Les initiatives spatiales privées commencent également à se développer en Chine, à l’instar des Etats Unis avec Space X et Virgin.
Des satellites ont même été mis en orbite afin de détecter les matières premières présentes sur les astéroïdes. Une utopie en 2022, mais un pari sur l’avenir sur lequel la Chine mise beaucoup.
Un enjeu de pouvoir
La Chine espère également devenir un acteur scientifique mondial. L’objectif: gagner en soft power, et surtout se démarquer de l’image d’usine du monde. La Chine se veut capable d’innovation, de créativité, et elle entend bien le faire savoir au reste du monde.
Dans cette optique, elle est d’ailleurs le seul pays au monde à avoir conçu sa propre station spatiale, seule concurrente à ce jour de la station spatiale internationale dont elle avait été exclue par les Etats Unis. Le module de vie de la seconde station a été mis en orbite l’an dernier, et il est prévu d’y effectuer des missions de 6 mois, comme dans l’ISS. Il est à noter que cette station sera ouverte aux expérimentations venant de tous les pays reconnus par l’ONU.
La Chine voit également dans la conquête spatiale un intérêt en terme de communication. Elle lui permet de renvoyer une image de puissance face à ses adversaires, notamment les Etats Unis, mais aussi dans le cadre de sa politique intérieure. Devenir l’acteur incontournable de l’Espace permet de montrer à sa population que le Parti communiste a fait de la Chine une grande nation.
Enfin, la conquête spatiale représente un intérêt militaire indéniable pour la Chine comme pour n’importe quel grand pays. De l’envoi de missiles depuis l’Espace à la surveillance en passant par la neutralisation de moyens de communication, la guerre peut désormais se faire depuis l’espace. Mais difficile de connaître précisément les avancées et les ambitions chinoises en la matière…
Photos : netcost-security.fr