La ferme agro-écologie 3.0 trace le sillon de l’agriculture de demain
Curieux de voir à quoi ressemble un drone grandeur nature ou de découvrir les dernières innovations en matière de robots…? Rendez-vous à la ferme! C’est en effet ce qui attendait de nombreux agriculteurs le 2 juin dernier à Aizecourt-le-Haut. Invités par la chambre d’agriculture des Hauts-de-France, ils avaient l’opportunité de visiter l’exploitation de Jean-Marie Doleau. Au programme: conférence sur le Big data au service de l’exploitation agricole, démonstration de vol de drones avion et hélicoptère, pilotage à distance de robot esclave ou encore désherbage mécanique par outils guidés… Une véritable plongée dans le monde de l’agriculture connectée.
Une première française
Issue d’une initiative conjointe de la chambre d’agriculture des Hauts-de-France avec l’association de conseil Agro-Transfert et portée par un agriculteur passionné d’agronomie, le projet de« Ferme agro-écologie 3.0 » a été lancé en juin 2014. L’ambition de cette première française est de servir à la fois de vitrine, de démonstration et de lieu d’expérimentation pour les changements induits dans les pratiques agricoles par l’introduction des nouvelles technologies. Avec pour objectif global une meilleure prise en compte des problématiques environnementales qui ne nuise ni à la productivité de l’exploitation ni à son développement économique.
Agro-écologie ?
La ferme s’appuie pour ce faire sur des outils issus des nouvelles technologies ainsi que sur la mise en place de principes propres à l’agro-écologie. Celle-ci est de plus en plus mise en avant en France notamment au travers de plusieurs mesures gouvernementales telles que le troisième contrat d’objectif signé entre le ministère de l’Agriculture et les chambres d’agriculture en juin 2014 qui vise explicitement à favoriser le développement d’une agriculture qui conjugue à la fois « performance économique et performance environnementale ».
L’agro-écologie ne bénéficie pas pour autant d’une définition qui fasse consensus et recouvre des réalités parfois disparates. Selon l’INRA, le terme d’agro-écologie désigne en effet à la fois une discipline scientifique à la croisée de l’agronomie et de l’écologie, un ensemble de pratiques et de méthodes visant à préserver les ressources naturelles, ainsi qu’un mouvement politico-social à portée internationale dont le mouvement des paysans sans terre en Amérique Latine est l’exemple le plus emblématique.
Ainsi, comme le souligne l’INRA, si l’agro-écologie peut être de façon très générale définie comme « l’étude intégrative de l’écologie de l’ensemble du système alimentaire, intégrant les dimensions écologiques, économiques et sociales », il n’existe pas à proprement parler de mode de production agro-écologique régi par une réglementation qui lui soit propre et contrôlé par un système de certification (au contraire de l’agriculture biologique).
Des drones…
C’est ainsi d’abord par les outils qu’elle utilise que la ferme 3.0 d’Aizecourt-le-Haut peut être qualifiée d’« agro-écologique ». L’utilisation de drones par exemple pour l’acquisition de données telles que la présence de mauvaises herbes fournit à l’agriculteur des informations précises lui permettant de doser au mieux l’utilisation d’intrants et ainsi d’en limiter l’apport au minimum nécessaire. L’exploitation de ces informations par d’autres robots ou drones chargés de l’épandage permet là aussi de minimiser l’utilisation de produits phytosanitaires en permettant une application précise et ciblée.
…et des traditions
Au-delà des outils qu’elle utilise, la ferme d’Aizecourt-le-Haut s’appuie également sur des méthodes de production basées sur des savoir traditionnels et permettant une meilleure gestion des ressources naturelles en en limitant l’épuisement.
C’est en ce sens qu’est expérimentée la culture associée de colza et de légumineuses. La présence de légumineuses permettant d’une part de limiter l’infestation d’adventices et par conséquent l’utilisation d’herbicides, de stocker de l’azote dans le sol et d’en limiter les apports extérieurs d’autre part.
C’est aussi afin de préserver les sols que certaines parcelles de colza sont cultivées sans labour, ceci permettant de ralentir l’érosion des sols et d’en augmenter la fertilité, limitant là encore la nécessité d’apport en engrais extérieurs.
Vers une nouvelle révolution agricole ?
En bref, si la ferme 3.0 d’Aizecourt-le-Haut se veut une vitrine très « techno » des dernières avancées en matière de nouvelles technologies appliquées à l’agriculture, c’est aussi en s’appuyant sur des savoir-faire ancestraux qu’elle atteint ses objectifs de productivité et de développement économique en conjuguant performance économique et performance environnementale. Et qu’elle pourrait être à la pointe d’une nouvelle révolution agricole.