Tibet : le toit du monde se chauffe à l’énergie propre

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Avec l’achèvement de la centrale photovoltaïque de Ngari, les autorités chinoises poursuivent leur politique de généralisation du solaire sur le toit du monde.

Avec l’achèvement de la centrale photovoltaïque de Ngari, les autorités chinoises poursuivent leur politique de généralisation du solaire sur le toit du monde. La province bénéficie d’un ensoleillement record. Aujourd’hui le Tibet fait figure de pionnier pour d’utilisation de l’énergie solaire.

Les échoppes des marchés de Lhassa, capitale du Tibet, proposent depuis quelques années un article qui a de quoi surprendre le visiteur européen. A la devanture des commerces, on voit en effet fleurir quantités de panneaux solaires. Du panneau à 3 dollars susceptible de faire fonctionner un petit moteur, jusqu’au panneau de grande taille destiné à alimenter les appareils ménagers des riches maisons de la bourgeoisie locale. L’énergie solaire a envahi le quotidien des tibétains. Le virage a été pris il y a une vingtaine d’année par le gouvernement chinois qui voulait mettre à profit les 3000 heures d’ensoleillement annuel dont bénéficie la province. C’est avec le Sahara la région du monde la plus ensoleillée. L’achèvement en novembre 2013 de la centrale photovoltaïque de Ngari, s’inscrit dans cette politique qui vise à terme l’autosuffisance énergétique du Tibet.

La plus haute centrale solaire du monde

Située à trois kilomètres, de Shiquanhen, ville principale de la préfecture de Ngari, la nouvelle centrale présente la particularité d’être la plus haute du monde. Elle occupe un terrain de 28 hectares à 4270 mètres d’altitude. Financée en collaboration par le gouvernement central et la société Guodian Longyuan Tibet New Energy, un des plus grands groupes énergétiques chinois, la nouvelle installation va maintenant entrer dans une période de phase test. Une mise en service complète est prévue au premier semestre 2014, à peine deux ans après le lancement des travaux en juillet 2012. Prévue pour fournir de l’électricité pendant 25 ans, la centrale a une capacité de 10 mégawatts.

Après la centrale de Lhassa et celle de Xigazê, c’est donc une troisième grande centrale photovoltaïque qui vient compléter l’édifice mis en place par les autorités chinoises. La centrale de Xigazê, mise en service en juillet 2011 est la plus importante du Tibet, elle peut générer jusqu’à 20 millions de Kwh d’électricité par an. Ces infrastructures permettent aujourd’hui au Tibet d’être la province la plus avancée en matière d’énergie solaire sur le territoire chinois. A côté de ces grandes centrales, on trouve en effet prés de 300 mini installations, représentant prés de 10 000 panneaux solaires, qui alimentent villes et villages de la province.

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150 000 tonnes de charbon économisées

Le pari de l’énergie solaire a des répercutions très concrètes sur la vie des tibétains. Depuis, la mise en place des premières centrales, le Tibet a économisé l’équivalent de 150 000 tonnes de charbons. Le charbon est avec la bouse séchée l’une des principales sources d’énergie utilisée par les habitants. L’implantation de l’énergie solaire a permis aussi d’augmenter la superficie et le rendement des terres fertiles. Une plus grande partie du fumier étant utilisé comme engrais. Il était auparavant récupérer comme combustible.

Par ailleurs, les tibétains font aujourd’hui largement appel à l’énergie solaire pour les besoins de la vie quotidienne. Chauffe-eaux solaires, fours solaires, serres et enclos à bétails chauffés au solaire se sont multipliés en tous points de la province. On compte près d’un demi-million de réchauds solaires au Tibet et on estime à 250 000 le nombre de foyers directement éclairés avec cette énergie.

500 000 tibétains sans électricité

Cependant le développement du solaire se heurte encore à quelques difficultés. La conjoncture politique, toujours instable, refroidit l’ardeur de potentiels investisseurs. Par ailleurs, la situation géographique et culturelle du Tibet ne facilite pas l’installation sur place d’un personnel qualifié. En 2013, près de 500 000 tibétains, soit 20% de la population totale du Tibet, n’avait toujours pas accès à l’électricité. Le gouvernement de Pékin s’est engagé à couvrir les besoins de l’ensemble de la population d’ici une décennie. Le soleil du toit du monde a encore de l’avenir devant lui.