Business angels: ange ou démon ?
S’il doit son nom à une créature bienfaitrice descendue du ciel, le business angel, n’a pourtant rien d’un être désincarné. Il s’agit le plus souvent d’un particulier qui investit dans une entreprise innovante et met à disposition son expérience et son réseau professionnel.
C’est en 1958 que le mouvement des « Business angels » est sorti de l’ombre aux Etats-Unis. Trente ans plus tard, en 1988, le phénomène connaissait un succès fulgurant et comptait près d’un demi-million d’adhérents pour 60 milliards de dollars mis à disposition du marché.
Les investissements du business angel couvrent des secteurs variés : industrie, santé et télécommunications. On y retrouve d’anciens chefs d’entreprise, d’anciens cadres supérieurs, qui agissent individuellement ou en se fédérant en groupement d’investisseurs. Les portefeuilles annuels d’investissements oscillent entre 5000 et un demi-million d’Euros.
Organisé généralement sous formes de réseau associatif ou de société juridiquement formalisée, les business angels sont constamment mis en relation avec des entreprises à fort potentiel en quête de financements. Cette toile d’araignée couvre généralement un territoire défini et précis qui contribue ainsi à la dynamique économique d’une région.
Les anges en France
Bien que le phénomène des business angels ait traversé l’Atlantique depuis déjà plusieurs années, son succès dans l’hexagone reste timide. On ne compte actuellement en France qu’environ 5’000 business angels. En 2009, ces derniers ont investit près de 125 millions d’Euros dans divers secteurs d’activités dont la mode, la santé et l’agroalimentaire.
C’est la start-up StickyAds, spécialisée dans la publicité vidéo, qui a suscité le plus d’intérêt dans le pays. Cette dernière a réussi à récolter auprès des business angels français 4,75 millions d’euros en l’espace de 2 ans et demi.
Alors ange ou démon ?
Difficile pour qui consulte internet de ne pas avoir un avis favorable sur les business angels. Ces investisseurs y sont partout présentés comme les sauveurs de l’économie. On vante leurs mérites et leur rôle crucial pour les jeunes entrepreneurs. Ce concert de louanges cache cependant une véritable difficulté à accéder à une information contradictoire et à se construire un avis objectif sur la question.
C’est sur un blog juridique que le débat a été lancé : « je me permets de poser une question qui peux sembler naïve, mais je n’arrive pas à trouver sur le net ni dans aucun manuel des informations critiques sur la love money et les business angels… ».
La question innocente de cet intervenant, qui cherchait désespérément à ouvrir la discussion sur le phénomène des business angels, a suffi à faire réagir bon nombre d’internautes : « On retrouve toujours les mêmes intervenants à tel point qu’on se demande si l’on est pas dans le mode de la pensée unique.» ; « je suis face à une prise de pouvoir très agressive, en contradiction avec toutes les règles du droit des sociétés » ; « décidément ce ne sont vraiment pas des anges ».
Alors, ange ou démon ? La question est posée. A l’époque ou tout le monde pointe du doigt l’immoralité de la finance basé sur le profit coute que coute, doit-on croire en cette vision angélique ? Et la réponse est sans doute entre gris clair et gris foncé. Il n’est souvent qu’un pas à franchir pour passer du bien au mal !