Les labels de finance durable explosent en 2020

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Face à la crise économique, les labels de finance durable sortent leur épingle du jeu et prouvent qu’ils s’adaptent mieux que la finance traditionnelle.

Face à crise, le moment de la relance doit être celui de l’économie durable. Les chantres de l’investissement écoresponsable le martèlent, il faut profiter du nouveau départ que sera la période post-Covid pour changer la façon d’investir : quel intérêt de reproduire les mêmes mécanismes alors qu’il y a une transition énergétique à mettre en marche et un nouveau système à anticiper face à l’urgence environnementale et sociale ?

Pour cela, il est beaucoup question de la création de labels de finance durable. Un label de finance durable est un cadre d’investissement d’éco-activités répondant à certains critères définis mettant le développement durable (écologie, social, environnement, etc.) au cœur de préoccupations. Plus d’un millier de nouveaux labels durables ont vu le jour au cours du premier semestre 2020, grâce à la naissance de 90 nouveaux fonds d’investissement supplémentaires qui ont été recensés sur cette période. Au total, ce sont plus de 300 milliards d’euros d’encours qui ont été générés, soit près du double par rapport à 2019.

Le label « vert » s’adapte mieux à la crise

Cette nouvelle orientation de la finance doit beaucoup à la capacité d’adaptation d’un financement vert face à la crise : au cours des six premiers mois de 2020, les fonds d’investissement durables ne perdent que 6,5% de leur valeur tandis que le Cac 40 en perd 17,5 % sur la même période. Parmi ces labels, citons par exemple le label Greenfin qui flèche les investissements écoresponsables. Novethic, l’un des trois organismes en France à délivrer ce label, prouve à travers ses statistiques et ses études qu’un fonds vert répond davantage à la crise de la Covid grâce à une meilleure capacité d’adaptation.

Les labels de finance durable présentent aussi l’avantage d’aller plus loin que les émissions d’obligations vertes, ces titres émis par une entreprise ou un État dans le but de financer un projet favorisant la transition écologique. Si l’Europe a très vite été concernée par ces obligations vertes (selon Climate Bonds Initiative près de la moitié des 754 millions d’euros d’obligations vertes émises depuis 2007 le sont en euros), les entreprises qui en ont recours poursuivent leurs investissements à forte empreinte carbone. Les obligations n’ont alors pas de réel impact sur les stratégies écoresponsables indispensables pour le futur. Un label va plus loin que l’émission d’obligations vertes car il oblige l’entreprise qui veut entrer dans ce cadre à se soumettre à des restrictions et des investissements précis. 

Une nécessaire cohésion européenne

Dans cette tendance, les deux fonds d’investissement européens qui ont le plus de labels de développement durable sont l’ISR français et le standard belge Towards Sustainability. Suivent ensuite LuxFLAG ESG, les Allemands FNG et Umweltzeichen, et le Nord-européen Nordic Swan. Il existe par ailleurs une émergence de labels nationaux mais les spécialistes qui ont une vision globale de la réponse à apporter au changement climatique jugent qu’il est contre-productif que chaque pays veuille faire cavalier seul car la multiplication des labels nationaux entraînera une perte de lisibilité. Par exemple, les critères d’exclusion environnementale sur les énergies fossiles ne sont pas les mêmes pour tout le monde et ne s’articulent pas de la même façon avec les obligations vertes : le label autrichien ne prend pas en compte les obligations vertes françaises en raison de l’exclusion du nucléaire. A l’inverse, le label français Greenfin, il peut être attribué à une entreprise gazière ayant acquis des obligations vertes.

Sur ce sujet, Thierry Philipponnat, directeur de la recherche et du plaidoyer chez Finance Watch insiste sur la mise en place d’un cadre européen : « Nous devons nous attacher désormais à aller vers sa réelle mise en œuvre et le développement de son impact. » A l’heure où la prise de conscience de l’urgence environnementale semble faire émerger les prémices de la finance verte de demain, il est désormais primordial d’apporter une cohésion européenne à cette tendance. Il en va de la crédibilité des institutions de l’UE de pouvoir porter une transformation de cette envergure à un instant décisif de l’évolution de notre modèle. 

Sources des photos : amf-france.org – slidesharecdn.com