Le coronavirus va-t-il réindustrialiser l’occident?

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La crise du Covid-19 a mis en évidence la trop grande dépendance des économies occidentales à l’industrie asiatique, et pourrait entraîner un mouvement de relocalisation des unités de production.

La crise du Covid-19 semble mettre en évidence la trop grande dépendance des économies occidentales à l’industrie asiatique, et pourrait entraîner un mouvement de relocalisation des unités de production.

La désindustrialisation qui a eu lieu depuis une trentaine d’années en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis notamment, a vidé ces pays de leur capacité de production de masse sur une grande quantité de produits. Ces mouvements de délocalisation progressive ont transporté la production physique des biens de consommation en majorité vers l’Asie. 

Ce même continent qui fut, en ce début d’année, la première zone touchée par les effets de la maladie Covid-19, entraînant des pénuries dans nos contrées. Cet aspect de la mondialisation est aujourd’hui sur la sellette, et certains parlent de plus en plus de relocaliser la production à proximité de son consommateur final.

La mondialisation en cause

L’ouverture mondiale des frontières et le démantèlement progressif des protectionnismes nationaux sous la pression de l’Organisation mondiale du commerce, du FMI et de la plupart des pays occidentaux puis asiatiques ont entraîné, depuis les années 90, la naissance d’une compétitivité basée sur le coût de la main d’œuvre. Et par suite, pour la quasi-totalité des biens de grande consommation, un transfert de leur production physique vers les pays où celle-ci est moins coûteuse et moins protégée. Un des résultats de cette stratégie : la distance moyenne entre le lieu de production d’un bien et son consommateur final est de 6700 km. 

L’apparition du coronavirus et la crise qu’elle a suscitée, occasionnant la fermeture des usines chinoises notamment, a vite provoqué de réels problèmes d’approvisionnements au sein des pays désindustrialisés. 

Les conséquences de l’internationalisation des échanges

L’arrêt brutal d’une partie de l’activité économique mondiale et la limitation drastique des déplacements humains a généré en un temps record des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement de nos pays. L’arrêt de la production dans les pays asiatiques donc, mais aussi l’amoncellement de millions de conteneurs dans les ports de transit en sous activité eux-mêmes, alors que 90 % de la production mondiale circule par bateau, va créer des engorgements de plusieurs mois même une fois la crise endiguée. 

Les experts parlent donc logiquement aujourd’hui de relocaliser certaines productions au plus près du consommateur. Les équipements de santé sont immédiatement évoqués, après la pénurie de masques et de respirateurs dont le souvenir devrait rester vif chez nombre de personnels soignants et de malades. Des usines sont d’ores et déjà en train de rouvrir et de réactiver des processus de production abandonnés depuis des années.

L’impact positif mais limité des relocalisations

Il est hélas probablement un peu tôt pour célébrer le retour massif des emplois du secondaire en France ou ailleurs. Tout d’abord, si certaines pénuries ont eu un impact important, elles n’ont pas été nombreuses. Les produits de première nécessité comme la nourriture n’ont connu que des ruptures ponctuelles dues à la peur des consommateurs et non au déraillement de la chaîne d’approvisionnement. 

De plus, la compétitivité existe toujours, et des zones comme le Maghreb ou l’Europe de l’Est bénéficieraient d’un mouvement de relocalisation avant les pays les plus riches. Enfin, il ne suffit pas de claquer des doigts pour faire revenir une industrie dans un pays, il s’agit d’appareils de production extrêmement complexes et massifs, et de savoir-faire souvent inaccessibles. Quelle entreprise italienne ou allemande saurait construire un smartphone aujourd’hui? 

Il n’en demeure pas moins que cette crise a montré que l’extrême polarisation de la production mondiale ne permettait pas une réponse adéquate à des chocs comme celui du coronavirus, et qu’il était important de corriger au moins en partie ce mode de fonctionnement.



Photos : la-croix.com – RFI.fr – rosselcdn.net – lexpress.fr – bilan.ch