Médecine et réalité virtuelle : une histoire d’amour naissante
La réalité virtuelle, c’est la technologie à la mode. Elle permet de recréer des univers à 360 degrés dans lesquels nous pouvons évoluer presque aussi aisément que dans le monde réel. Si la réalité virtuelle est une véritable révolution pour l’industrie du jeu vidéo, elle trouve des applications dans de nombreux autres secteurs. C’est notamment le cas de la médecine qui s’intéresse tout particulièrement à cette technologie pleine de promesses.
La réalité virtuelle aide à guérir les addictions
Des chercheurs de l’université de Houston aux Etats-Unis ont développé un programme de réalité virtuelle permettant d’aider les personnes toxicomanes à surpasser leurs dépendances. « The Cave », c’est son nom, plonge les patients dans une maison en fête, dans laquelle les habitants consomment alcool et drogues. Le dispositif permet aux médecins d’analyser les réactions de personnes toxicomanes face aux tentations de consommation. L’objectif est double. Il s’agit à la fois d’évaluer individuellement l’évolution de leurs patients et de mener des recherches sur le processus de dépendance.
La réalité virtuelle permet d’apaiser la douleur
En évoluant dans un environnement calme et apaisant, les patients peuvent lutter contre la dépression et les douleurs chroniques. C’est le postulat duquel est partie l’entreprise américaine DeepStream VR avec son application « Cool ». Aidés et guidés par une amie loutre, les patients évoluant dans l’univers de « Cool » focalisent leur esprit sur autre chose que leur douleur psychique ou physique. Outre l’effet bénéfique pour les personnes atteintes de dépression, l’application est également utilisée pour traiter des douleurs aigues, notamment chez les grands brûlés. Elle permet de réduire l’administration de médicaments antidouleurs, souvent très addictifs.
Enseigner la médecine dans le monde entier
L’enseignement est également l’une des applications de la réalité virtuelle à laquelle s’intéresse tout particulièrement le monde de la médecine. En 2014, le docteur Shafi Ahmed, fervent défenseur de l’utilisation de la réalité virtuelle dans l’enseignement de la médecine, avait pratiqué l’ablation d’une tumeur à l’estomac chez l’une de ses patientes, le tout en s’équipant de Google Glass. Cela avait permis à plus de 13.000 étudiants en médecine ou professionnels d’assister à l’intervention en ligne et d’interagir avec le chirurgien en direct. Il s’agit certainement de la plus grande séance de travaux pratiques dans l’histoire de l’enseignement de la médecine. Pour le docteur Ahmed qui a depuis réitéré l’expérience en filmant une opération avec une caméra à 360 degrés, l’enjeu est avant tout de briser les frontières géographiques, économiques et sociales de l’enseignement de la médecine, et de permettre à tout étudiant sur la planète de suivre ses leçons.
Opérer à distance grâce à la réalité virtuelle
Si la réalité virtuelle permet aux étudiants en médecine d’assister comme s’ils y étaient à des opérations ayant lieu à l’autre bout de la terre, cette technologie est également l’occasion pour eux de s’entrainer à la pratique en limitant les risques. A l’image des simulateurs de vol pour les pilotes d’avion, la réalité virtuelle permet de simuler des actes médicaux avec une précision toujours plus grande. Si bien que la réalité dépasse parfois la fiction. En 2001, une patiente se trouvant à Strasbourg a été opérée par une équipe chirurgicale située à New York. L’opération effectuée grâce à un robot piloté à distance était une première mondiale. Le développement de la réalité virtuelle pourrait bien encourager et faciliter ce type d’initiatives.
La réalité virtuelle ne doit pas écarter l’humain
La réalité virtuelle est donc une révolution dans le monde de la médecine, aussi bien dans sa pratique que pour son enseignement. La technologie n’en est qu’à ses balbutiements et beaucoup de ses applications restent encore à inventer. L’un des défis majeurs de ces avancées techniques sera de reconsidérer la place qui sera laissée à l’humain, et à prendre garde à ce que celui-ci ne soit pas remplacé par une technologie qui ne doit rester qu’un outil à son service.
Faire disparaître l’humain de la relation thérapeutique dans le traitement des troubles psychiques ou physiques, se passer de relations directes entre étudiants et professeurs serait une grave erreur et une grande perte pour le monde médical.