Facebook à la conquête de l’espace
Facebook va lancer un satellite dans l’espace avec l’objectif de fournir de l’accès Internet à certains pays d’Afrique qui n’en disposent pas encore. « Pour connecter des personnes vivant dans des régions isolées, nous avons donc besoin de recourir à de nouvelles technologies », expliquait en octobre dernier sur son propre « mur Facebook » Mark Zukerberg. Pour se mettre sur orbite, le géant Américain s’allie avec Eutelsat, une compagnie basée en France, et prévoit, à l’horizon 2016, le lancement de ce satellite qui permettra de connecter les pays en voie de développement. C’est une formidable avancée universelle, mais c’est aussi un marché énorme qui s’ouvre !
« L’accès universel à Internet, une priorité dans le monde »
Les géants du Net ne parlent plus que de ça : relier les 4 milliards de personnes qui, en Afrique ou dans les pays émergents, n’ont toujours pas accès au Web. Mark Zuckerberg et Bill Gates, le fondateur de Microsoft, veulent parvenir à cet objectif d’ici 2020. Soutenu par des personnalités comme Richard Branson, patron de Virgin, ou encore Jimmy Wales, le boss de Wikipédia, le projet s’inscrit dans le cadre du programme des Nations unies visant à éradiquer l’extrême pauvreté à l’horizon 2030.
« Au XXIe siècle, développement mondial et connectivité mondiale sont intimement liés. Si vous voulez aider les gens à se nourrir, se guérir, s’éduquer et trouver un emploi partout dans le monde, il faut connecter le monde », soutient le fondateur de Facebook en septembre dernier à la tribune de l’ONU. Sur son propre site, il ajoute que : « nous avons une opportunité historique de tirer le monde entier vers le haut dans les décennies à venir. »
Une plate-forme controversée : Internet.org
Au-delà de ces pieux engagements humanitaires, les géants du Net cherchent à conquérir un marché énorme de nouveaux utilisateurs. Le projet fait partie d‘une plate-forme de réseau social controversée, Internet.org, qui cherche à ouvrir l’accès à Internet à plus et plus de personnes dans des pays en voie de développement. Jusqu’à aujourd’hui, Internet.org a ouvert ses services à des pays comme l’Inde, l’Indonésie, la Colombie, et le Kenya.
Depuis avril 2015, ce service fournit un accès gratuit, via des réseaux data mobile, à un nombre limité de contenus et sites Web standards, mais de larges protestations en Inde ont permis l’extension à tous les sites qui rencontrent les critères de « développement » définis par Facebook. Louable mission mais des critiques pointaient rapidement le fait que ce service tendait à créer une version « fermée et centrée sur Facebook » d’Internet, plutôt que d’offrir un accès véritablement ouvert pour tous.
Un satellite en orbite haute au-dessus de l’Afrique
Le nouvel objectif d’Internet.org : l’Afrique sub-saharienne ! Cela par l’intermédiaire d’un tout nouveau satellite lancé en orbite géostationnaire devant couvrir une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, de l’Est, et du Sud. Facebook souhaite travailler de concert avec des partenaires locaux dans la région afin d’assurer que toutes les communautés aient accès à ces services Internet via satellite.
Ce nouveau projet représente la première incursion de Facebook dans l’espace ! Le satellite en projet de type AMOS6 n’utilisera pas le système Iridium, système global de communications utilisant une constellation de satellites défilants. Le groupe français Eutelsat, numéro trois du secteur, restant attaché au système de satellites géostationnaires, en orbite haute[1]. Les très grandes distances dans lesquelles ils évoluent leur permettent de diffuser dans de vastes régions, et limitent les risques de collisions entre satellites, ou avec les multiples débris présents à de plus basses altitudes.
Comment cela fonctionnera en terme pratique ?
Facebook et Eutelsat vont joindre leurs efforts pour financer les 95 millions de frais d’utilisation de bande passante, dont la capacité[2] devrait permettre de fournir un accès Internet suffisant à une grande partie du continent africain. Le bail de cinq ans se poursuivrait jusque fin 2021, avec une possibilité de reconduire le contrat de 2 années supplémentaires. Eutelsat assure que le réseau fournira à cette nouvelle communauté d’utilisateurs un accès direct et optimal à un panel très large de réseaux fixes et mobiles, définis par Facebook, mais le principe demeure encore incertain.
Il se chuchote qu’à contrario d’autres services d’Internet.org, l’accès à ce satellite pourrait ne pas être gratuit, sans pour autant que les coûts d’utilisation n’aient été mentionnés à ce stade d’avancement du projet. Entreprise philanthropique ou nouvel élan pour Facebook ? A l’heure où le groupe se prépare à lancer une application ‘Je n’aime pas’ pour contrebalancer le désormais célèbre ‘J’aime’, la question mérite d’être posée. Facebook dans l’espace au secours de l’Afrique, « Vous aimez ou vous n’aimez pas » ?
[1] D’autres acteurs du secteur misent déjà sur le satellite, privilégiant l’orbite basse, à 1 000 kilomètres de la Terre, contrairement aux pratiques des opérateurs de télévision et de haut débit qui placent leurs satellites de télécommunications à 36 000 kilomètres de la Terre. Ces orbites basses permettent de limiter les coûts de lancement, et facilitent une transmission rapide de données
[2] 36 récepteurs régionaux avec un débit de 18 Gbps.