GravitHy : une alliance d’entreprises pour un alliage d’acier décarboné

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Comment GravitHy entend gagner sur tous les tableaux grâce à sa future usine d’acier décarboné de Fos-sur-Mer.

Un consortium d’industriels nommé GravitHy, fondé en juin 2022, se lance dans la construction d’une usine d’acier très bas carbone à Fos-sur-Mer. Transition énergétique, ré-industrialisation du territoire français, création d’emploi, souveraineté… Un projet qui avance beaucoup d’arguments très séduisants !

Rassembler pour mieux régner

GravitHy, c’est avant tout un rassemblement d’industries. Trois français, tout d’abord : Engie New Ventures, le fonds d’investissement au startups d’Engie, le groupe IDEC (via sa filiale « Invest Innovation »), et l’équipementier Forvia, anciennement Faurecia. Puis, s’ajoutent également Primetals Technologies, un constructeur d’usines londonien et Plug Power, une entreprise américaine spécialisée dans les piles à combustibles d’hydrogène. Tout ce beau monde se rassemble enfin autour d’EIT InnoEnergy, l’incubateur affilié à l’Union Européenne pour l’énergie durable et l’innovation, et l’un des plus grands investisseurs du monde dans ce secteur. 

Ce consortium de fonds d’investissement et d’entreprises nous donne ainsi GravitHy, né au siège du groupe IDEC, à Paris, le 30 juin 2022. Et dont, après une levée de fonds d’environ 2,2 milliards d’euros, le premier véritable chantier sera la construction d’une usine d’acier décarboné à Fos-sur-Mer.

Alléger la chaîne de production

Une bonne nouvelle pour le secteur de l’acier, régulièrement pointé du doigt pour son impact carbone. Il faut dire que la sidérurgie représente 5% des émissions de gaz à effet de serre françaises (jusqu’à 9% à l’échelle mondiale), notamment provoquées par l’utilisation du charbon dans les hauts fourneaux comme réducteur du minerai de fer. Le charbon (C) s’accrochant à l’oxygène (O2), libère en effet du CO2.

Et c’est justement de ce charbon dont GravitHy souhaite se débarrasser dans sa production d’acier ! À l’instar des entreprises de sidérurgie et minières suédoises SSAB et LKAB, GravitHy va plutôt utiliser de l’hydrogène pour opérer la réduction et ainsi obtenir du DRI, ou « direct reduced iron ». Ce fer de réduction directe en français peut ensuite servir sur place, comme matière première à la fabrication d’un acier vert quasiment neutre en carbone. Sinon, le DRI peut également être commercialisé sous forme de « briquettes » (Hot Briquetted Iron ou HBI) pour que d’autres sidérurgistes l’utilisent dans leurs propres usines.

Bénéfices multiples

Mais si le consortium GravitHy enthousiasme, y compris jusqu’au Ministère de la Transition Énergétique d’Agnès Pannier-Runacher, ce n’est pas uniquement en raison de la technologie DRI. La future usine de Fos-sur-Mer, dont la construction devrait débuter en 2024 pour un début de production de DRI en 2027, a pour objectif de créer plus de 3 000 emplois directs ou indirects dans la région. 

De plus, la réussite espérée de GravitHy pourrait devenir un beau symbole de coopération entre l’expertise énergétique d’Engie, les connaissances de Plug Power sur les projets d’hydrogène, la recherche des terrains du Groupe IDEC, acteur majeur des marchés de l’immobilier… Sans oublier Forvia, bien placé pour représenter l’aval du marché de l’acier et ses débouchés, notamment dans l’automobile ! Une collaboration internationale et intersectorielle qui ferait du bien au vu de l’actuelle situation géopolitique européenne.

Photos : gravithy.eu