Ford mise sur le segment de la mobilité urbaine à contre-courant de son modèle historique

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Le constructeur qui a rendu l’automobile accessible aux masses, étend son offre aux navettes par bus et au Vélo-partage pour rester un acteur inévitable du XXIe siècle.

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En septembre dernier, Ford annonçait le rachat de Chariot, une société californienne spécialisée dans les services de navette à la demande par minibus, pour un montant de 65 millions de dollars. Par cette acquisition, ainsi que par le lancement d’un service de Vélo-partage, le constructeur américain étend son activité à la mobilité urbaine. Ford fait ainsi une sorte de contrepied à une chronique bâtie autour de prestigieux modèles et entend ainsi continuer son histoire.

Il y a plus d’un siècle, Henry Ford rendait l’automobile accessible pour tous avec sa Ford T et un processus de fabrication qui a façonné l’industrie automobile moderne. La Ford T et sa cadence de production pouvant atteindre le million d’unité annuel, furent le symbole d’une Amérique mise sur quatre roues. Le concept du véhicule individuel de masse est progressivement remis en question et de nouveaux acteurs viennent secouer une industrie automobile il y a peu dominante.

Considérer l’automobile autrement

Fondée en 2014 par Ali Vahabzadeh, Chariot propose un système de navette de 14 places opérant sur un des 25 trajets que propose l’opérateur dans les environs de San Francisco. L’utilisateur peut accéder au service, réserver une place et trouver un arrêt grâce à une application Smartphone. L’entreprise fonctionne par sociofinancement : dès qu’un nombre d’utilisateur est suffisant pour ouvrir une ligne Chariot leur demande de la financer en achetant les premiers billets.

Sur CNBC, Mark Fields, le P-DG de Ford, justifiait l’acquisition de Chariot par l’évolution d’un état d’esprit de possession vers un autre davantage tourné vers le partage. Si les pays émergents constituent des leviers de croissance pour l’industrie automobile dans les années à venir, l’utilisation des véhicules individuels tend à diminuer dans les aires urbaines. Ford espère toucher une clientèle qui n’achètera peut-être jamais de voiture sans, néanmoins, remettre en question son Business model.

Viser le leadership de la mobilité urbaine

Ford a ensuite annoncé le lancement de GoBike dans la zone de la baie de San Francisco en partenariat avec Motivate qui propose ce type des services de Vélo-partage dans 12 villes des États-Unis, du Canada et d’Australie. Ensemble, ils espèrent mettre en service 7000 vélos autour de la baie d’ici 2018. En 2015, Ford avait présenté 2 prototypes de vélos électriques et pliables dans le cadre de son programme de mobilité urbaine.

En rachetant Chariot, Ford accélère sa recherche et développement sur le thème de la mobilité. Avec GoBike, ils seront intégrés à « Ford Smart Mobility » une filiale du constructeur américain qui développe par ailleurs un véhicule 100 % autonome dès 2021. Selon Ali Vahabzadeh, Ford ne veut pas seulement être un acteur du secteur mais veut simplement en être le leader face à Google, Uber ou Apple mais aussi face à ses concurrents historiques.

General Motors se positionne également

General Motors a devancé Ford avec sa marque Maven. L’autre géant de Détroit mène différentes expérimentations à travers les États-Unis : auto-partage avec le rachat des actifs de Sidecar, navette semi-autonome en collaboration avec Lyft ou véhicules électriques à haute autonomie. General Motors a par ailleurs signé un partenariat avec les Israéliens de Mobileye créateurs d’un système d’anticollisions et d’assistance à la conduite de véhicules (ADAS) indispensables aux voitures autonomes.

Chaque constructeur a présenté ses solutions de mobilité urbaine au Salon de l’Automobile de Paris. Dans l’immédiat elle ne devrait pas remplacer le business model traditionnel de l’industrie automobile dont les ventes explosent dans les pays émergents et qui fournit les véhicules permettant d’assurer des services de mobilités. Ford n’a pas encore coupé le lien avec son passé. Toutefois, la diversification du créateur du modèle T, qui fut jadis l’illustration de la liberté individuelle, est un symbole fort.