Le japon demande la levée de l’interdiction coréenne de pêcher le poisson de Fukushima
Depuis septembre 2013, la Corée du Sud interdit la pêche et l’importation de produits provenant de la région de Fukushima, au Japon. Les autorités sud-coréennes estiment que le manque d’information sur le taux de radioactivité de l’eau s’écoulant de la centrale les oblige à de telles mesures de restriction.
Depuis le tsunami de mars 2011, la région de Fukushima se reconstruit. Cependant le problème de la radioactivité, suite aux accidents survenus dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, se pose toujours avec autant d’acuité. L’eau contaminée provenant des réservoirs en fuite s’écoule en mer. Un fort taux de radioactivité a été enregistré au large des côtes, rendant la pêche dans la zone potentiellement dangereuse pour la consommation.
Cette situation impacte directement les exportations nipponnes vers le marché sud-coréen. Séoul avait déjà limité au maximum l’importation de poissons et de crustacés provenant de Fukushima. Aujourd’hui la Corée du Sud se prononce pour une interdiction complète.
Pour Tokyo, les contrôles de sécurité alimentaire sont suivis de façon stricte et conformément aux règlementations internationales, notamment s’agissant des produits de la mer. Le gouvernement nippon appelle d’ailleurs la Corée du Sud à fonder l’interdiction d’importation sur des éléments de preuve scientifiques.
Les eaux de la centrale de Fukushima regorgent de 400 000 tonnes de substances radioactives telles que le césium, le strontium, le tritium et autres… Ces matières sont enfouies dans le sous-sol ou stockées dans les réservoirs spéciaux construits après la catastrophe. Chaque jour leur volume augmente de 400 tonnes. En effet, la nécessité de refroidir en permanence les réacteurs de la centrale avec de l’eau de mer, entraine des infiltrations importantes dans les sous-sols.
Entre le Japon et la Corée du Sud, aucun accord sur la pêche japonaise
Le Japon n’est pas encore parvenu à convaincre la Corée du Sud de lever l’interdiction. En Corée, des associations environnementales et des associations de citoyens ont appelé à la cessation des importations des produits nippons. Elle souhaite que le Japon produise des études aux résultats incontestables sur la qualité des produits de la pêche.
Le Japon en appelle donc à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour régler ce différend. L’enjeu est de taille pour Tokyo, l’interdiction d’importation ralentit fortement la pêche dans toute la zone nord-est de la péninsule nippone. Le Japon souhaite plus particulièrement que le comité des mesures sanitaires et phytosanitaires de l’OMC négocie avec Séoul les restrictions appliquées en la matière. L’interdiction englobe désormais les produits de la mer provenant de la province de Fukushima et de sept autres préfectures (Ibaraki, Gunma, Miyagi, Iwate, Tochigi, Chiba et Aomori), ce qui représente la moitié nord de l’île principale de Honshu. Gunma et Tochigi étant à l’intérieur des terres.
Le comité n’a pourtant pas le pouvoir d’ordonner une levée des interdictions posées par la Corée du Sud. Le Japon veut toutefois obtenir une révision de ces règles sans passer par des procédures contraignantes. Pour Tokyo, il est préférable de voir Séoul abroger volontairement l’interdiction que de déposer une plainte et d’attendre plusieurs années avant d’obtenir une décision formelle de l’OMC.
Par ailleurs, des recherches sur l’impact éventuel de ces fuites d’eau contaminée vont être menées en collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et plusieurs pays. Un examen des progrès concernant la décontamination des zones autour du site sinistré est attendu fin 2013.
Différend sur le poisson nippon ou grief depuis l’occupation ?
La Corée du Sud est le seul pays à avoir élargi la portée de son interdiction sur les produits de la pêche japonaise après l’annonce par la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) de fuites d’eau radioactive dans la mer. Hormis dans une petite zone très proche du complexe atomique, le Japon certifie qu’il n’y a pas de hausse significative du niveau de radioactivité des eaux du Pacifique.
La sévérité de la Corée du Sud pourrait davantage être liée aux relations tendues entre Séoul et Tokyo. Un conflit territorial concernant les îles de Dokdo-Takeshima oppose les deux pays. Cet antagonisme intervenant dans le cadre de relations durablement détériorées par l’occupation nippone de la Corée au début du vingtième siècle.
Le Japon veille donc avec attention à ses exportations alimentaires en attendant qu’une solution au différend sur la question du poisson nippon soit apportée dans les meilleurs délais.