L’Union de l’énergie, le prochain défi de l’Europe
L’Europe est le premier importateur mondial d’énergie. 53% de l’énergie consommée sur le vieux continent provient d’au-delà des frontières. La facture annuelle payée par l’Europe dans ce secteur s’élève à 400 milliards d’euros. Ainsi, le coûte du gaz et de l’électricité sont ici beaucoup plus chers qu’aux Etats-Unis par exemple. Face à ce constat, la Commission européenne a fait de la problématique énergétique l’une de ses priorités avec pour objectif de mettre en place « l’Union de l’énergie » d’ici cinq ans.
À l’origine de l’Union Européenne était, en 1951, la CECA -Communauté européenne du charbon et de l’acier- qui organisait la mise en commun de la production et la consommation du charbon et de l’acier entre les six pays signataires. 64 ans après, la CECA n’existe plus, le traité de Paris est arrivé à expiration en 2002, mais la problématique énergétique revient au cœur des préoccupations européennes.
Près de 30% du gaz consommé en Europe vient de Russie
L’Europe est l’une des premières puissances mondiales en matière économique et diplomatique. Mais le vieux continent a tout de même quelques points faibles et la question de son approvisionnement en énergie est une sérieuse épine dans le pied européen qui l’affaibli de manière significative. Ainsi, la crise Ukrainienne de 2014 en est la parfaite illustration : près de 30% du gaz consommée en Europe étant livrée par la Russie, l’Union européenne n’a pas été en mesure de peser sur le conflit autant qu’elle l’aurait souhaité car cela aurait été prendre le risque d’une coupure des approvisionnements en gaz, ce qui aurait eu des conséquences catastrophiques.
Le gaz et l’électricité coutent beaucoup plus en Europe qu’aux Etats-Unis. L’électricité est 30% plus chère chez nous alors que le gaz est carrément deux fois moins cher de l’autre côté de l’Atlantique. Evidemment, cela a un impact notable sur la compétitivité des entreprises européennes dont les factures énergétiques, et donc les dépenses, sont bien supérieurs à leurs concurrents américains.
Le 25 février 2015, l’Union de l’énergie est lancée
Il était donc grand temps pour l’Europe de réagir. Cela a été chose faite le 25 février dernier à Bruxelles avec le lancement officiel de l’Union de l’énergie, projet dont il est question depuis de nombreuses années dans les couloirs de la Commission européenne, et qui est l’un des éléments majeur de son programme. L’Union de l’énergie s’articule autour de 5 points : la sécurité énergétique, l’intégration des marchés, l’efficacité énergétique, la « décarbonisation » de l’économie, et enfin la recherche, l’innovation et la compétitivité.
Le défi est énorme pour l’Europe mais il est indispensable. Il s’agit en effet de devenir le moins tributaire possible du contexte géopolitique de telle ou telle région du monde. Il s’agit aussi d’augmenter la compétitivité des entreprises européennes face à une concurrence mondiale de plus en plus acharnée. Enfin, c’est aussi une nécessité écologique : l’UE a de grandes ambitions en matière d’énergies renouvelables et de réduction des émissions de CO2 et pour atteindre les objectifs fixés et ainsi être le moteur mondial de la préservation de la nature, l’Europe se doit de mener une politique énergétique novatrice qui sera de toutes façons génératrice d’emploi et de croissance.
1 000 milliards d’euros d’ici 2020
Donc selon la Commission européenne les entreprises et le climat seront donc les premiers bénéficiaires[2] de cette nouvelle politique dans laquelle doit être engagés 1000 milliards d’euros d’ici 2020. Mais les citoyens en tireront eux aussi profit. Pour les particuliers, cela se traduirait par des factures énergétiques moins élevées et un risque réduit de coupure d’électricité.
La nécessité de cette Union de l’énergie fait consensus au sein de l’UE. Le problème russe a notamment démontré qu’il était nécessaire de diversifier les approvisionnements en gaz et qu’il fallait se tourner entre autre vers l’Azerbaïdjan, l’Asie centrale et aussi le Moyen-Orient. Et tout le monde s’accorde à dire qu’il est indispensable de renforcer les réseaux électriques et gaziers notamment pour augmenter et assouplir les échanges transfrontaliers. Cela pourrait par exemple permettre à l’Espagne d’exporter davantage son énergie solaire et éolienne.
Des politiques énergétiques divergentes
Néanmoins, les réalités nationales pourraient doucher un peu l’enthousiasme du projet. En effet, en Europe, d’un pays à l’autre, les réalités restent parfois très différentes et les politiques énergétiques peuvent alors être divergentes. Ainsi, si plusieurs pays dont la France sont contre l’exploitation du gaz de schiste, la Pologne y est très favorable. Varsovie est d’ailleurs aussi farouchement opposé aux objectifs européens en matière d’émission de CO2 pour la bonne raison que 92% de l’électricité polonaise est produite par le charbon.
Le projet d’Union de l’énergie apparait particulièrement séduisant sur le papier. Il est surtout indispensable si l’Europe veut garder sa position diplomatique et économique sur l’échiquier mondial. Mais le chemin s’annonce long et difficile pour atteindre les objectifs qui seraient pourtant bénéfiques à la fois pour l’économie, les individus et l’environnement. Néanmoins, l’aboutissement de cet union n’est pas impossible et il appartient maintenant à la Commission européenne de promouvoir un cadre pour adopter des politiques nationales énergétiques coordonnées.