Matthias Muller et Volkswagen : une affection particulière
Après le scandale de l’affaire Volkswagen, Matthias Müller va remplacer Martin Winterkorn à la présidence du directoire du groupe. Mais qui est donc cet homme chargé de redresser une entreprise en pleine crise ?
L’homme sans faute
Né en 1953 en Allemagne de l’Est à Karl-Marx-Stadt (aujourd’hui Chemnitz), Matthias Müller a commencé en 1972 au département outils du célèbre constructeur de véhicules. En tant que simple outilleur, il ne gagnait pas plus de 767 euros par mois. Ambitieux et souhaitant élargir ses compétences, il décide de reprendre ses études et entreprend un cursus en informatique à l’université des sciences appliquées de Munich (FH Munich). En 1977, fort de son nouveau diplôme, il revient au sein de son entreprise de prédilection et participe activement au développement de la nouvelle Audi A3, qui connaîtra dans les années 90 un succès phénoménal, avant d’en devenir chef du programme. Brillant, Ferdinand Piëch le nomme en 2010 à la tête de Porsche.
L’onde de choc de l’affaire Volkswagen
Volkswagen a équipé quelque 11 millions de moteurs dans le monde d’un logiciel capable de détecter les tests d’émission de gaz polluants et d’adapter en fonction le régime du moteur afin de fausser les résultats de tests et d’obtenir la certification. C’est une véritable onde de choc qui se déclenche le 20 septembre 2015 dans le monde de l’automobile après la révélation de cette fraude par l’International Council for Clean Transportation, une organisation non gouvernementale spécialisée dans les transports propres. Depuis 2009, plusieurs moteurs afficheraient ainsi un faux niveau d’émission polluante après l’utilisation de ce logiciel interdit. Volkswagen risque très gros : une lourde amende de 18 milliards de dollars, c’est à dire 33 000 euros par véhicule vendu aux Etats-Unis depuis le début de la fraude. Ce sont plus de 480 000 véhicules qui sont concernés. Et encore, il ne s’agit ici que des véhicules vendus aux Etats-Unis. Au total, plus de 10 millions d’autres véhicules du groupe seraient équipés de ce logiciel frauduleux en Europe. L’équivalent de plus d’un an de production de la marque Volkswagen.
Au final, c’est une dépense de 40 milliards d’euros qui attend probablement le groupe allemand. Une gigantesque perte pour le groupe qui était en juillet le premier constructeur automobile mondial devant Toyota.
L’entrée en scène de Matthias Müller
Matthias Müller a-t-il été embauché pour redorer l’image de Volkswagen ? L’homme au parcours parfait et sans embuches, et au regard bleu acier est connu pour sa force de persuasion et son charisme rassembleur. A l’unanimité, il a été nommé directeur général du groupe Volkswagen à la suite de l’affaire Volkswagen en septembre 2015 par vingt membres du conseil de surveillance réunis au siège de Volkswagen à Wolfsburg, dans le nord de l’Allemagne, succédant ainsi à Martin Winterkorn. C’est aussi sans compter le soutien des familles héritières de Volkswagen, qui affectionnent particulièrement bien le personnage.
Matthias Müller a du pain sur la planche. Il a déjà convoqué jeudi 15 octobre un milliers de managers du groupe à Leipzig pour asseoir son autorité et exposer son plan stratégique. Au programme : une importante réduction des dépenses, notamment celles des cadres dirigeants. Fini les salaires exubérants et les déplacements en jets privés pour rentrer à la maison le weekend.
Le calme après la tempête
Alors que certains le voient comme un patron de transition : « C’est un bon choix même s’il se peut qu’il soit considéré comme un patron de transition, jusqu’à ce qu’un candidat interne, comme Herbert Diess, ait gagné suffisamment de galons »[1]. Matthias Müller s’est déjà mis au travail. Il a en effet déjà adopté un certains nombres de mesures pour sortir Volkswagen du gouffre. 11 millions de véhicules diesel vont être rappelés et une solution va être proposée. « Nous pouvons et nous allons surmonter cette crise »[2] sont les mots qu’ont prononcés Matthias Müller pour rassurer.
Bien que de lourdes économies doivent être réalisées pour rassembler 1 milliard d’euros par an, c’est sur un autre terrain que souhaite s’aventurer le nouveau patron de Volkswagen. Il faut dire que l’électrique a le vent en poupe et que Volkswagen entend surfer sur cette vague pour l’élaboration des futures productions allemandes. Tous les espoirs se tournent maintenant vers la Volkswagen Phaeton, le nouveau véhicule tout électrique de la marque, qui sera mise en route en 2020 ou plus tard. Sera-t-il suffisant pour effacer le scandale mondial qui touche aujourd’hui le géant de l’automobile ?
[1]http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2015/09/25/007-matthias-muller-volkswagen-porsche-scandale.shtml
[2] http://www.challenges.fr/automobile/20150925.CHA9799/discredite-par-ses-moteurs-truques-volkswagen-va-changer-sa-direction.html