Interview de Jean-Marie Santander, patron de Global EcoPower
Les comptes de GEP ont été publiés. Comment pouvez-vous les résumer ?
Jean-Marie Santander : Avec des chiffres simples pour des sociétés qui interviennent dans les énergies renouvelables : le chiffre d’affaires passe de 15,9 à 25,9 millions, l’EBITDA de 1,9 à 2,3 millions et la trésorerie s’accroit de 1,35 millions en phase avec le « résultat net part du groupe » de 1,35 millions.
Depuis plusieurs années vous publiez des résultats positifs. Comment évoluent vos fonds propres ?
Jean-Marie Santander : Les fonds propres ont progressé de 4,685 millions entre les réserves consolidées et le résultat consolidé. Pour un total de 7,143 millions de capitaux propres à fin 2015, la croissance organique représente 66%. C’est un très bon signe envoyé au marché.
Malgré ces résultats, votre action décroit (NDLR : elle est passée de 4,77 € début 2015 à 3 € fin 2015). Comment l’expliquez-vous ?
Jean-Marie Santander : C’est lié à la complexité de notre système boursier. Une nouvelle société cotée en bourse n’intéresse généralement pas grand monde. Pour moi il y a ensuite deux manières de la développer : la première consiste à effectuer des augmentations de capital répétitives pour financer une croissance externe. Dans ce cas, le fondateur perd progressivement le contrôle de la société pour détenir in fine qu’une partie symbolique. Selon mon expérience, c’est un modèle dangereux. La seconde manière consiste à faire croitre les capitaux propres avec le produit de notre travail et en organisant notre croissance pour que le management continue de contrôler le capital. La progression est beaucoup plus lente et moins spectaculaire. C’est ce que nous faisons pour GEP. Mais pour les investisseurs, GEP n’est pas une action de « fonds de portefeuille » et ce n’est pas une « action spectaculaire ». Il y a donc moins d’appétit à l’achat et les investisseurs qui sortent du capital sont plus difficiles à remplacer. Cela explique la baisse de cours dont vous parlez.
Cette détérioration du cours de l’action rend-elle GEP vulnérable ?
Jean-Marie Santander : GEP est une valeur sure qui va finir par s’apprécier au cours du temps. La stratégie est bonne. Le potentiel de construction de centrales photovoltaïques dans le monde est considérable avec la « transition énergétique mondiale ». Nul doute que l’action GEP va pouvoir s’échanger à sa vraie valeur. Deux analystes prévoient une action à 5,8€ (Invest Sécurities de 30 mars 2016) et à 8 € (Alpha Value). Lorsque le chiffre d’affaires atteindra les 100 millions, je pense que les investisseurs seront là.
La stratégie de GEP, justement, pouvez-vous nous la présenter ?
Jean-Marie Santander : Le métier de GEP est de construire des centrales photovoltaïques et éoliennes en vue de les revendre à des tiers investisseurs. Cependant la construction des centrales est un métier fortement capitalistique : pour construire une centrale éolienne de 10 MW, il faut 4 millions d’euros par exemple. Il faut donc trouver de nouvelles solutions. A l’origine, nous construisions des centrales en faisant acheter les droits par des investisseurs, qui nous signaient au même moment un contrat de construction. Cette solution nous rendait vulnérable face à nos investisseurs. Nous avons donc changé de stratégie et avons acheté les droits des centrales, les avons financées, construites et vendues. Cette stratégie a porté ses fruits et le modèle est bien en place.
Et à l’étranger ? On entend beaucoup d’opérations concernant GEP : Sénergies, Jayme da Costa, Porto Rico, Espagne, Serbie, Grèce, Vietnam, …
Jean-Marie Santander : Oui, nous avons décidé de nous déployer à l’étranger : en effet en France le marché est étriqué. Les droits pour acquérir les centrales ont atteint des niveaux vertigineux. Par ailleurs le moratoire sur le photovoltaïque a cassé une filière très prometteuse. Au même moment, nous avons constaté une nette progression des projets photovoltaïques à l’étranger, avec un niveau de croissance très fort en Asie (hors Chine). Mais le petit GEP, opérationnel pour la construction des centrales en France, n’était pas structuré pour aller à l’étranger. Nous avons alors acheté Sénergies sans aucune dilution du capital de GEP. Puis nous avons doté GEP d’une structure d’études et d’approvisionnement très connue dans ce métier : Jayme da Costa. Et ce, toujours sans diluer notre capital. Parallèlement, nous avons recruté 6 commerciaux et avons défini des zones d’intervention, en fonction de l’attrait des marchés : le Vietnam pour l’Asie avec surement des interventions au Cambodge et au Laos (photovoltaïque), la Serbie (éolien), le Maroc (avec l’Afrique du Sud, le Maroc est le premier investisseur éolien et photovoltaïque de l’Afrique), la Grèce (éolien et photovoltaïque), l’Espagne pour le photovoltaïque, le Chili, Porto Rico et le Brésil. Nous avons créé GEP Hellas en Grèce avec des potentialités très fortes. Nous avons également créé GEP-EM au Maroc pour l’Afrique. Désormais, GEP est en ordre de marche pour intervenir sur de beaux chantiers hors de France.
Vous laissez le marché français et ses belles marges de côté ?
Jean-Marie Santander : Nous avons décidé de créer une structure de développement des projets éoliens et photovoltaïques. L’objectif est de disposer d’un « pipe » de 2000 MW d’ici 4 à 5 ans. Le responsable de la structure a été embauché et l’équipe est en cours de recrutement. GEP va disposer ainsi d’un réservoir de projets pour l’avenir. La structure de développement interviendra aussi bien en France qu’à l’étranger.
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