Shadow : la pionnière française du cloud gaming fait sa mue

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Bien avant Google Stadia, le Xbox Game Pass ou encore Nvidia, c’est une société française qui faisait office de pionnière dans le monde du cloud-gaming. Entre innovation, renaissance et désormais reconquête, le parcours de Shadow fût semé d’embûches.

Fondée en 2015 sous le nom de Blade, l’entreprise française qui sera renommée Shadow en 2021 fût la première à imaginer le PC du futur. Moyennant une connexion à Internet de qualité et un abonnement mensuel, Blade proposait de louer des PC à distance, grâce auxquels l’utilisateur pouvait jouer à des jeux depuis n’importe quel appareil. Autrement dit, votre vieux PC obsolète devient une porte d’entrée vers le cloud, et peut désormais faire tourner les jeux vidéos les plus récents en utilisant la puissance des datacenters de Blade. 

Une licorne en devenir

Une promesse évidemment alléchante, mais surtout inédite en 2015, qui lui permet à l’époque de réaliser plusieurs belles levées de fonds. 3, 10 puis 57 millions d’euros sont ainsi récupérés entre 2016 et 2017 auprès de grands noms de l’économie française (notamment Rakuten ou Venteprivée.com). En 2019, Blade rentre dans le Next40 et sur le papier, Blade semble promis à un avenir brillant.

Seulement, en pratique, les problèmes s’accumulent. En effet, les trop nombreuses offres proposées par Blade embrouillent les utilisateurs. Surtout, de nombreux problèmes techniques perturbent le fonctionnement des cloud centers et plusieurs mois d’attente sont parfois nécessaires avant de pouvoir s’abonner. La crise du Covid de 2021 porte le coup de grâce à cette société prometteuse mais finalement bancale et Blade est placée en redressement judiciaire.

Un rachat salvateur

Le salut viendra finalement de l’extérieur. Xavier Niel, le patron (entre autres) de Free et le directeur général d’OVHcloud Octave Klaba se positionnent pour récupérer Blade. C’est ce dernier qui récupère l’entreprise et commence à faire le ménage. Blade est rebaptisé Shadow, du nom de son produit, puis supprime son ancien catalogue d’offres pour un unique abonnement à 29,99 euros par mois. Quelques mois plus tard, le Shadow VR est également annoncé. Ce service permettra de profiter de la réalité virtuelle dans le cloud si l’utilisateur dispose d’un casque Meta Quest 1 ou 2. 

Toutefois, l’équipement est jugé vieillissant (seulement 256 Go de stockage, carte graphique GTX 1080 datant de 2018…) et est souvent cité comme cause de mécontentement. Après un pic de 100 000 utilisateurs en novembre 2020, Shadow n’en revendique désormais que 60 000 aujourd’hui. Pour attirer de nouveaux clients, Shadow entame donc une mue discrète mais significative.

Un nouveau Shadow sort de l’ombre

Le 18 mai 2022, Shadow organise ainsi sa première « Spotlight Keynote », une conférence maison en live sur Twitch qui devrait à priori se dérouler chaque année. Les utilisateurs actuels et les curieux attendent tout naturellement des annonces fortes et rassurantes pour l’avenir de Shadow. Lors de cette conférence, le cofondateur Stéphane Héliot ouvre le bal avec une nouvelle interface, dans la lignée de la campagne de rebranding entamé par Shadow depuis le rachat. Mais surtout, il est précisé qu’une nouvelle offre, sobrement intitulée Power, permettra d’améliorer les performances de Shadow à l’aide de nouvelles configurations pour 15 euros supplémentaires (44,98€ au total). De plus, le réseau de datacenters s’agrandit, avec de nouveaux déploiements au Canada et en Autriche, et d’autres seraient encore à venir.

Mais surtout, Shadow envoie un message clair : l’entreprise ne sera plus uniquement dédiée au cloud gaming. Cet automne, la boîte française lancera ainsi Shadow Drive, un concurrent direct au Dropbox, Google drive, iDrive et consorts… Soit 20 Go de stockage accessibles gratuitement, dans le cloud. Cerise sur le gâteau, les données seront stockées sur des serveurs européens. Les clients convaincus souhaitant plus de place pourront mettre la main au portefeuille pour obtenir jusqu’à 2 To de stockage moyennant 8,99€ par mois.

Jusqu’ici spécialisé dans l’émulation PC, le lancement surprise de Shadow Drive peut être très révélateur du futur de l’entreprise. Shadow est-il parti pour devenir le géant du cloud européen ? L’avenir nous le dira! 


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: realite-virtuelle.com