L’étrange histoire de Skype

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Skype, leader mondial de la téléphonie sur Internet, est un outil efficace pour communiquer gratuitement ou à bas coût dans le monde. Le logiciel attire de plus en plus d’utilisateurs, connaissant ainsi une notoriété certaine, mais aussi des limites notoires.

Skype, leader mondial de la téléphonie sur Internet, est un outil efficace pour communiquer gratuitement ou à bas coût dans le monde. Le logiciel attire de plus en plus d’utilisateurs, connaissant ainsi une notoriété certaine, mais aussi des limites notoires.

Nous sommes en 2003. A l’heure où Internet se développe exponentiellement, Skype voit le jour grâce à trois développeurs estoniens (Ahti Heinla, Priit Kesesalu et Jaan Tallinn) ainsi que ses fondateurs Janus Friis, un danois, et Niklas Zennström, un suédois. A cette époque, l’application n’est qu’un logiciel bêta parmi tant d’autres, mais c’est en contournant les systèmes téléphoniques traditionnels en faisant passer les appels par le Net (VOIP : voice over Internet Protocol) et en utilisant le modèle peer-to-peer que Skype se distingue du lot. Il permet aux utilisateurs de pouvoir communiquer dans le monde entier avec une connexion internet – même faible – et surtout, gratuitement.

Le fiasco d’eBay

La petite startup européenne monte crescendo les marches vers la notoriété et fini par se faire un nom et une place parmi les géants américains de la Silicon Valley. C’est ainsi qu’en 2006, eBay rachète l’entreprise pour 2,5 milliards de dollars. Le spécialiste de la vente aux enchères sur Internet voit, grâce à Skype, la possibilité pour ses utilisateurs de pouvoir parler en direct tout en achetant en ligne. C’est un fiasco et le géant californien revend 65% des parts de Skype en 2009 à un consortium américain, pour 1,9 milliards de dollars.

A la fin de l’année 2010, Skype décide de présenter sa documentation pour son introduction en bourse à Wall Street mais cette demande va être interrompue en 2011 par le rachat de la société par Microsoft, devenant la Skype Communications SARL. Pour son acquisition, la société de Bill Gates débourse 8,5 milliards de dollars. Le but est de redynamiser Windows Live Messenger, alors en déclin, pour finir, à long terme, par le remplacer par Skype. Dès lors, des publicités sont insérées dans la version Windows de Skype.

Un succès manifeste

En 2013, Skype fête alors ses 10 ans sous l’égide de Microsoft, n’ayant apporté que peu de changement à l’application. La société, dont le siège social se trouve au Luxembourg, voit son succès se développer considérablement. Avec plus de 650 millions d’utilisateurs, Skype regroupe plus d’un tiers des communications internationales en 2015, contre 3% en 2005 (selon Institut TeleGeography), soit 2 milliards de minutes de conversation par jour.

L’application tend à se diversifier en offrant des appels vidéo gratuits et illimités entre utilisateurs, sur tous supports : ordinateurs, smartphones, tablettes, et plus récemment sur la Xbox. Des appels et SMS à moindre coût vers les téléphones fixes et mobiles sont également réalisables, le tarif des appels illimités étant de 5 euros par mois.

La réelle nouveauté de Skype est très récente, puisqu’elle commence tout juste à faire son apparition. Il s’agit de Skype Translator, une application permettant de traduire les discussions orales et écrites dans une autre langue. Encore peu déployée, l’application en est encore au stade bêta. Alors que la traduction orale n’est pas encore très au point, et qu’elle ne possède pour le moment que le choix entre l’anglais ou l’espagnol, la traduction écrite quant à elle semble prometteuse et s’élargit déjà à l’anglais, à l’espagnol, à l’allemand et au mandarin. La version française est annoncée pour bientôt.

Limites et polémiques de l’application

Si Skype continue sa course au succès avec un nombre d’utilisateurs toujours plus impressionnant – jusqu’à comptabiliser 40 millions d’utilisateurs simultanément connectés – le leader en téléphonie Internet tend aussi vers ses limites.

Alors même que sa politique se veut confidentielle, de nombreuses polémiques ont éclaté au sujet de l’espionnage et de filtration d’informations dont Skype serait malgré lui (ou non) complice.

La plus célèbre est l’affaire Prism, pilotée par le programme de surveillance d’Internet de l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) dans laquelle Microsoft baignerait lourdement. Les informations (documents confidentiels fournis par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden) ont été publiées en 2013 par le journal The Guardian, expliquant ainsi que Skype possède des capacités d’interception trois fois plus importantes qu’en 2012, grâce à une nouvelle technique apportée par Microsoft ; accusations réfutées par le géant américain.

Les imputations envers Skype s’étendent également au territoire chinois, l’accusant de faciliter l’espionnage des utilisateurs. Jumelée avec la société de télécommunication chinoise TOM online, la coentreprise TOM-Skype stockerait les échanges écrits des utilisateurs en filtrant certains mots, tels que Tibet ou Droits de l’Homme.

Enfin, une autre controverse éclate en 2015, mouillant Skype dans des affaires de pédopornographie. Selon Europol, la traque des criminels est rendue plus difficile sur la plateforme de la société. Skype n’est pas directement responsable mais son image risque d’être ternie si les prédateurs sexuels continuent d’utiliser la plateforme à des fins pédophiles.

Skype possède-t-il des limites lui étant devenues incontrôlables ? De nombreuses accusations lui font de l’ombre, ce qui n’empêche pas sa popularité de s’accroître envers ses utilisateurs, qui sont, chaque année, de plus en plus mobiles à travers le monde.