Etat des lieux de la pharmacie en France en 2021
Le pharmacien est-il voué à prendre une place de plus en plus importante dans notre vie ? Vendeur de compléments alimentaires et d’accessoires de sport, conseiller en soins de beauté ou encore préleveur d’échantillons lors des tests Covid, le pharmacien est en effet très sollicité au quotidien. À l’occasion de la 13e journée mondiale des pharmaciens organisée le 25 septembre 2021, voici un tour d’horizon de la profession de pharmacien en France.
Un peu de statistiques
Qui est à la tête des pharmacies ? Vieux ou jeunes, femmes ou hommes ? Selon les chiffres de 2020 publiés par l’Ordre national des pharmaciens, il existe en France 73.830 pharmaciens qui se répartissent en plusieurs catégories : les titulaires d’officine de pharmacie (35 %) et leurs adjoints (37 %) représentent déjà les deux tiers des professionnels de la pharmacie. Ensuite, les autres travaillent en biologie médicale, dans l’industrie pharmaceutique, dans la distribution industrielle ou encore au sein d’établissements de santé.
Ces pharmaciens ont en moyenne 46,8 ans et travaillent de plus en plus vieux : en effet, en 2010, il n’y avait que 10 % des pharmaciens qui étaient âgés de plus de 60 ans, contre presque le double en 2020 (18,4 %). Un chiffre trompeur : non, la population des pharmaciens ne vieillit pas tellement car la moyenne d’âge est stable et la profession se renouvelle puisqu’un pharmacien sur cinq a aujourd’hui moins de 35 ans.
Une tendance se confirme aussi en ce qui concerne le genre des pharmaciens : 68 % sont des femmes et 32 % seulement sont des hommes. Cette féminisation est en marche depuis plusieurs années puisqu’il y a 4,3 % de femmes en plus depuis dix ans.
Santé financière des pharmacies
Depuis deux ans, il y a environ 200 pharmacies qui ferment en France par an : ces fermetures sont expliquées par des regroupements ou des cessions. L’activité n’est pas impactée par la crise qui surgit depuis deux ans et le chiffre d’affaires moyen d’une pharmacie en France reste stable à 1,3 millions d’euros. Les pharmacies situées dans certaines zones voient même leur CA dépasser les 2,5 millions d’euros en réalisant des bénéfices importants sur les produits de parapharmacie, par exemple. En fonction de son implantation (quartier populaire, centre-ville, village ou quartier plus aisé), la pharmacie pratique des prix qui peuvent aller jusqu’à x 5 sur certains produits, ce qui génère une plus grande marge.
Aujourd’hui, le prix d’achat d’une pharmacie représente en moyenne 76 % du chiffre d’affaires hors taxe de l’officine. En Île de France, le prix est inférieur (68 % du CA HT) tandis qu’il est très élevé en Normandie (84 %) ou en Nouvelle-Aquitaine (81 %), deux régions très prisées pour s’installer.
Les attentes des clients
La désertification médicale qui impacte les habitants des zones les plus rurales n’a pas de conséquences sur les pharmacies. Il y a en moyenne 31 officines pour 100.000 habitants en France en 2021 et la distance moyenne entre un Français et la pharmacie la plus proche est de 3,8 kilomètres, ce qui reste une distance très raisonnable.
Les clients des pharmacies sont très différents en fonction de l’emplacement : il existe en zone rurale une relation de proximité qui disparaît dans les centres des grandes villes. Les attentes ne sont donc pas les mêmes : certains recherchent une relation sincère avec un suivi attentif de leur état de santé tandis que d’autres sont portés sur l’efficacité et le moins de perte de temps possible.
De manière générale, les clients de pharmacie attendent davantage de qualité de conseil et d’empathie de la part des professionnels, souvent jugés trop froids et détachés. L’attractivité des points de vente constitue aussi un enjeu : peut-être est-il temps de repenser l’agencement de certaines officines afin de les adapter aux besoins du moment.
L’enjeu du numérique avec le tournant de l’e-pharma
L’e-pharmacie représente aujourd’hui un point d’achoppement entre pharmaciens : certains sont prêts à basculer vers la digitalisation de leur métier (et le font déjà) tandis que d’autres demeurent attachés au contact physique avec les clients. Des estimations indiquent qu’à peine un Français sur trois (36 %) aurait déjà eu recours à l’e-pharmacie et que les autres (64 %) ne ressentent pas l’envie de s’y tourner, même à l’avenir. Les arguments avancés concernent la spécificité du domaine de la santé (et l’envie de parler à un professionnel) et les délais d’acheminement des médicaments qui sont trop longs en cas d’urgence.
Des réglementations strictes existent dans le cadre de la vente de médicaments en ligne. Seuls des pharmaciens peuvent vendre en ligne et ce sont uniquement les médicaments sans ordonnance qui sont concernés, de même que les produits cosmétiques et les compléments alimentaires. Les usagers de l’e-pharmacie notent deux avantages précieux : la confidentialité et le temps pris pour comparer les produits. Quoi qu’il en soit, les adeptes de l’e-pharmacie indiquent faire davantage confiance aux officines classiques plutôt qu’aux grands groupes se lançant dans la livraison de médicaments.
Photos : ledauphine.com et 3ssante.com