Meero, la start-up française qui explose en misant sur la photo
Meero, spécialiste de la sous-traitance de photo et vidéos, a levé plus de 300 millions de dollars en trois ans, la faisant accéder au statut de licorne avec une croissance extrêmement rapide. Portrait d’une réussite.
Meero est donc devenue la sixième licorne française de l’histoire (start-up non cotée en Bourse mais valorisée à plus d’un milliard de dollars) grâce à une croissance d’une grande rapidité (203,7 millions d’euros levés en juin 2019).
La société créée en 2016 par Thomas Rebaud et Guillaume Lestrade, s’est spécialisée dans la sous-traitance de la photographie. Les deux créateurs misent sur les changements culturels liés à l’émergence des smartphones et à la démocratisation de l’image (photos et vidéos). Ils décident ainsi de créer une immense banque de données d’images en collaborant avec des photographes partout dans le Monde. Aujourd’hui, la communauté Meero regroupe plus de 60.000 professionnels de la photo et de la vidéo.
700 employés, 31.000 clients en trois ans
Julien Zakoian, manager général de Meero aux Etats-Unis, détaille cette évolution : « il y a un changement sur la manière dont les gens et les marques produisent du sens : il y a encore dix ans, on produisait un texte et on cherchait à l’illustrer par une image. Maintenant, on produit d’abord une image. » La demande est si forte que Meero emploie déjà 700 personnes de 49 nationalités différentes après trois ans d’existence. « Il faut des visuels frais tout le temps, partout », insiste Julien Zakoian. Conséquence, la start-up française est présente à New-York (150 employés recrutés en moins d’un an), Los Angeles, Tokyo, Bangalore, Singapour et bientôt en Amérique du Sud.
Meero compte plus de 31.000 clients dont certaines grandes marques qui ont des exigences bien particulières, ce qui fait de la start-up bien plus qu’une banque d’images. Les équipes de Meero portent et coordonnent des projets à travers le monde en fonction des désirs des clients. Ainsi, une grande chaîne d’hôtels qui souhaiterait rapidement des centaines de photos peut s’appuyer sur le réseau de professionnels de la start-up pour mener à bien son projet. Il ne s’agit pas de simplement puiser des images dans un catalogue mais bien de réaliser des photos ou vidéos homogènes en suivant un cahier des charges précis établi en amont.
La start-up a développé un algorithme d’intelligence artificielle pour faire de la retouche d’image. L’œil humain a encore un droit de regard car l’IA ne peut tout résoudre dans le cas d’une image mais l’algorithme permet à l’entreprise d’économiser 70 % du temps passé à la retouche.
Meero : l’Uber de la photo
En revanche, de nombreux vidéastes et photographes se sont plaints de la façon de procéder de Meero, assimilée à l’Uber de la photo car elle n’emploie pas des salariés professionnels de l’image mais plutôt des collaborateurs ponctuels à qui elle demande de renoncer à ses droits d’auteur mais aussi à ses droits moraux sur l’image produite. Si une avocate a attaqué en justice cette dernière clause en la jugeant illégale, Meero répond que le travail demandé étant restreint à un cahier des charges strict, il ne peut être reconnu comme « une œuvre de l’esprit ». Par ailleurs les rémunérations proposées sont jugées trop basses par les professionnels de l’image.
Thomas Rebaud ne se défile pas en reconnaissant que Meero peut être assimilée à l’Uber de la photo mais il reconnaît que si sa société doit être rachetée, elle doit dépasser ce statut et développer une communauté forte. La start-up tente d’ailleurs de valorise son action à travers une fondation de soutien à la photographie, des rencontres de photographes, l’organisation de masterclasses ou encore la réalisation de documentaires. Une façon pour Meero de prouver que la start-up croit plus que jamais en l’image en tant que vecteur d’expression numéro un comme le confie Julien Zakoian : « les photographes devraient être les écrivains de demain. »
Sources des photos : Meero.com / lefigaro.fr / widoobiz.com/ linformaticien.com / chefdentreprise.com